Vmien. Le titre lui-même est profondément poignant, tout comme l’histoire qui Yari Selvetella raconte dans ce splendide roman-mémoire fait de la vie réelleraisonné de manière obsessionnelle et qui parle avant tout d’amour.

Yari Selvetella est né à Rome en 1976. Journaliste, auteur et correspondant de Rai. Il a écrit de nombreux livres et a été finaliste du prix Strega (photo © Rino Bianchi / Rosebud2)

Claudio, le protagoniste, comprend qu’aimer ne suffit pas, il faut apprendre à le faire. Mais la vie, malheureusement, ce qu’il enseigne dans sa jeunesse le kidnappe parfois et le reprend à un âge mûr. Un contresens ? Pas du tout. Il faut de l’habileté et de l’enthousiasme pour aimer. Il faut de la vie, en avoir beaucoup devant soi.

Et Claudio, encore jeune, a pétri beaucoup d’amour et de douleur. Et il a remarqué que souvent il n’y a pas de levain qui prend. Dans son histoire il y a une grande mort, celle de la femme qu’il aime : G.. Une femme qui a eu deux enfants et qui en a eu un avec lui aussi. Et puis il y a une renaissance, avec un nouvel amour et l’arrivée d’une autre fille.

C’est l’histoire d’un grand homme qui ne s’en rend pas compte. Qui se croit comme les autres alors qu’il décide de garder, en plus des siens, aussi les enfants de G. Une histoire qui raconte la joie et l’effort de construire des relations qui défient les préjugés: la famille racontée par Mes viesen fait, il n’est pas lié par des liens de sang, mais par le choix d’amour que chacun fait chaque jour.

Yari Selvetella , journaliste Rai, auteur de romans comme, comment Les règles des amoureux Et Les salles d’adieu avec ce dernier livre, il nous montre ce que signifie explorer la mémoire et le sens de vivre quand la vie frappe fort, sans pitié.

« Mes vies » de Yari Selvetella, pagg Mondadori. 252, 18,50 €.

Il a écrit un livre qui parle de son expérience mais cela peut être un vade-mecum pour tout le monde. Un homme spécial émerge, avec la vocation amoureuse du pater familias. Est-elle comme ça ?
Je ne me sentais pas attiré par l’idée de devenir père. Ce n’est qu’avec le temps que j’ai découvert la nature exponentielle de l’amour que l’on porte aux enfants : au fil des ans, au lieu de s’estomper, il s’approfondit et s’élargit. Je comprends que c’est le seul sentiment qui bouge de cette façon. C’est une force difficile à manier. Certains, tout de suite, ne s’estiment pas à la hauteur et abdiquent. D’autres se sentent obligés de donner tout ce qu’ils ont. Cela ne signifie pas qu’ils sont à l’abri d’erreurs, parfois même graves. Le protagoniste de ce roman a beaucoup de doutes. En cela, il me ressemble certainement …

On parle d’amour brûlant, qui rend fou dans cette merveilleuse poussée inconsciente que les Français appellent la force majeure. Combien ça coûte d’aimer comme ça ?
Tant que vous le pouvez, vous pouvez boire, danser et aimer jusque tard dans la nuit, sans penser au lendemain matin. Au-delà de ce seuil se trouve la maturité, qui est le moment de l’éveil. Mais heureusement, non seulement les goûts, les regrets et les remords, les occasions manquées nous attendent. Peut-être pouvons-nous échanger la moindre force ou un certain manque d’enthousiasme contre la plus grande liberté qui découle de choix conscients.

Elle consacre un chapitre aux relations non réciproques et commence par dire que l’amour exige de l’efficacité.
Nous tous, en tant que parents, conjoints, enfants, partenaires de vie, finissons souvent par nous sentir comme de simples interprètes de performances. J’ai l’impression qu’on en demande tous beaucoup mais après on aime raconter l’histoire d’un amour inconditionnel.

Simone Weil avait l’habitude de dire : « Tant que vous vous souviendrez d’un mort vivant, vous n’aurez jamais la paix ». Toi qui as vécu le deuil d’un amour, où es-tu aujourd’hui ?
Le deuil pendant des millénaires a été canalisé dans des rituels très spécifiques, puis il est devenu tabou. Ces derniers temps, il me semble que nous en parlons avec une plus grande liberté, quoique de manière rapide et superficielle. On accepte de faire le show et de liquider le choc d’une perte mais on est moins confronté à la longue dialectique interne déclenchée par le deuil qui au contraire continue de fonctionner même après des années.

Son personnage a souvent l’impression de rencontrer son double dans la rue. De quelle pathologie s’agit-il ?
Pensez-vous que pour ce protagoniste, après tout, plus qu’un mal, c’est un remède. Nous ressemblons aux autres plus que nous ne voulons le croire. Notre unicité est brisée depuis longtemps : détendons-nous, essayons de retirer nos fantômes, redécouvrons que nous appartenons à l’humanité.

Mes vies ce sont toutes des vies bien-aimées, la sienne. Elle a quatre enfants âgés de 29 à 6 ans. Est-ce qu’il renaît à chaque fois ?
J’ai « hérité » des enfants, je les ai trouvés déjà grands, d’autres je les ai vus naître. Et la même chose est arrivée à mon partenaire. Savez-vous que personne dans notre famille n’est né des mêmes parents ? Bien sûr, nous sommes différents des autres en cela, mais aujourd’hui, heureusement, le catalogue est si large que seules les personnes très peu sûres d’elles peuvent poursuivre une certaine normalité comme mythe ou comme idéologie.

Son personnage est un homme extraordinairement attentionné qui prépare les déjeuners, les goûters, les dîners, accompagne les enfants, va les chercher. Ouvre-t-elle aussi les yeux une minute avant que l’alarme ne se déclenche ?
Il me semble que nous sommes déjà nombreux, à nous occuper. Et à juste titre. Oui, de toute façon, j’ouvre les yeux avant de me réveiller et je ne sais jamais quoi faire de cette minute.

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