Quand le Vlaams Belang est joyeux, on sait quelle heure il est : le licenciement de Tom Meeuws porte une deuxième brèche dans l’image de gauche du Vooruit

Les propos inappropriés présumés de l’ancien échevin anversois Tom Meeuws provoquent une nouvelle querelle raciste au sein du Vooruit. Les socialistes ont-ils un problème à l’approche des élections ?

Jeroen Van Horenbeek

Le départ soudain de Meeuws dimanche apparaît soudain sous un tout autre jour. Selon diverses sources au sein de la municipalité d’Anvers, l’ancien échevin des Affaires sociales s’est rendu coupable à plusieurs reprises de propos inappropriés et racistes. Son licenciement aurait été principalement motivé par cette situation intenable.

Une fuite d’e-mail de la conseillère Nabilla Ait Daoud (N-VA) – dans laquelle elle accuse Meeuws de l’avoir qualifiée de « mocro-conseillers » lors d’une réunion et de la comparer à Hitler – a ouvert le bal mardi. Depuis, des témoignages anonymes dommageables surgissent ici et là. Des histoires sur la façon dont Meeuws aimait décrire ses collègues du parti Jinnih Beels et Karim Bachar lors des réunions internes comme « notre brun » et « notre Marocain ». Sur la façon dont il a décrit ses collègues nationalistes flamands comme des « nazis » et l’échevine Els Van Doesburg (N-VA) comme une « garce blonde ». À propos de la façon dont il qualifiait parfois les Noirs de « n***** ».

Une source anversoise : « Pendant des années, Meeuws a systématiquement utilisé un langage qui allait au-delà des limites de la décence. Il pensait peut-être que c’était drôle, mais cela n’a pas été perçu par beaucoup de gens. Il utilisait souvent un ton condescendant, notamment envers les femmes. Un prénom de femme, chez lui il fallait toujours le réduire. Comme s’il ne fallait pas la prendre trop au sérieux. Il était aussi du genre à venir vous masser les épaules sans rien demander lorsque vous étiez assis sur une chaise. Soit dit en passant, aussi parmi les hommes.

Seefhoek

Dans une déclaration écrite mercredi, Meeuws a nié que les histoires sur son comportement aient quelque chose à voir avec son licenciement. « Contrairement à de nombreux rapports, je ne m’arrête pas parce que d’autres font un problème de mon travail, de mon engagement ou de ma manière de travailler. J’arrête parce que je suis fatigué de l’atmosphère brutale du pouvoir. Cette atmosphère est désormais elle-même en train de tisser une histoire de cause à effet que je nie fermement et qui n’a aucun rapport avec mon licenciement.»

L’ancien PDG de De Lijn avoue avoir eu récemment une discussion difficile avec Ait Daoud au sujet d’un dossier sur les réfugiés palestiniens. «J’ai eu des propos durs avec les conseillers compétents concernant les mauvaises actions de la ville d’Anvers. J’ai comparé cette conduite erronée à notre attitude des années 1930, sans avoir prononcé les mots Hitler ou Nazi.» Et aussi : « Je vis à Seefhoek avec grand plaisir depuis plus de trente ans. Dans le feu d’une discussion J’ai peut-être été un peu dur ou plaisanté dans mes propos, mais je peux dire avec assurance : personne n’aime la ville et tous ses habitants plus que moi.

Meeuws ne veut pas aller plus loin que des demi-excuses pour le moment. Dans une courte interview avec Gazette d’Anvers il ajoute qu’à son avis il s’agit « d’une diffamation de la part de son propre club ».

Rousseau

Cette nouvelle émeute est particulièrement gênante pour le Vooruit. Inévitablement, la blessure causée par la « gifle » de l’ancien président du parti Conner Rousseau est désormais en train de se rouvrir. Il a démissionné à la fin de l’année dernière après des déclarations racistes et violentes lors d’une soirée arrosée dans sa ville natale de Saint-Nicolas. Aux policiers, Rousseau a évoqué un groupe de Roms « hommes bruns » où les officiers pouvaient le mieux « frapper avec leur matrak ». Un punk avec un mohawk – un « vilain gros gars » – méritait également l’interdiction, selon un Rousseau ivre. Après quoi, il a finalement recommandé aux policiers les services sexuels d’une petite amie.

Parmi les électeurs de gauche, le Vooruit risque d’être perçu comme un parti progressiste où les propos inappropriés sont fermés aux yeux. Ceci est fermement démenti au sein du département d’Anvers. Par exemple, Meeuws a été réprimandé jeudi dernier par Beels et Bachar, entre autres, pour ses propos sur Ait Daoud, dit-on. On souligne également à Bruxelles, au siège du parti, qu’il n’y a pas de problème culturel au sein du Vooruit. Une source : « Il s’agit d’un cas individuel regrettable. Ce n’est pas une culture tolérée en interne. Absolument pas. »

Après son départ, la direction du parti est restée longtemps derrière Rousseau. Egalement parce qu’il venait de terminer une période particulièrement difficile avec plusieurs plaintes rapidement rejetées pour inconduites sexuelles. Lors d’un bureau du parti fin novembre, Rousseau a été explicitement invité à conserver son poste de président. Avec Meeuws, c’est clairement différent. Les anciens navires sont démolis, peut-être dans l’espoir que cette nouvelle et douloureuse affaire se termine bientôt. Une source : « Il s’agit d’un échevin qui a démissionné. Nous n’avons pas besoin de rendre cette chose plus grande qu’elle ne l’est. La présidente Melissa Depraetere ne fait aucun commentaire.

Comme Rousseau, Depraetere veut présenter les socialistes comme la seule alternative crédible au Vlaams Belang lors des élections du 9 juin. Mais avec deux atteintes majeures à son image progressiste, cette campagne risque d’être difficile pour le Vooruit. De manière significative, sur les réseaux sociaux, un certain nombre de partisans de la ligne dure du VB se sont moqués mercredi matin d’un éventuel cordon sanitaire autour des socialistes.

Les dégâts semblent également considérables à Anvers. En tant que bélier idéologique, Meeuws était apprécié des partisans rouges classiques de la ville. Beels est beaucoup moins un homme politique de principes et beaucoup plus pragmatique. Les Verts sentent déjà leur opportunité dans la plus grande ville de Flandre. « Que reste-t-il de l’axe jaune-rouge à Anvers ? C’est aussi bon que rien», répond Bogdan Vanden Berghe, le nouveau leader vert de ‘t Stad. « Il y a clairement un besoin d’une véritable voix progressiste au sein du gouvernement municipal. »



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