Pour Mimmo Lucano, c’est le jour du jugement en appel. L’ancien maire de l’hospitalité est resté à Riace, mais une foule de militants des droits de l’homme, rassemblés dans les escaliers du tribunal de Reggio de Calabre, attend avec impatience le verdict. Les juges de la Cour d’Appel de Reggio de Calabre, présidés par Elisabetta Palumbo, ont annoncé à midi le prononcé de la sentence dans le procès « Xenia » né d’une enquête de la Police Financière sur le modèle « Riace ». Le parquet général de Lucano a requis une peine de 10 ans et 5 mois de prison pour des délits présumés dans la gestion de projets d’accueil de migrants. Environ trois ans de moins que la peine de première instance.

Condamnation en première instance

Le tribunal de Locri l’avait en fait condamné en première instance à 13 ans et deux mois, pour avoir exploité, comme l’ont écrit les juges dans le justificatif de la peine, le système d’accueil au profit de son image politique. Lui-même, qui lors du procès, aux élections de 2018 et aux élections européennes de 2019, a refusé toute candidature. Et c’étaient des collèges « sûrs ». Il avait accepté, après beaucoup d’insistance, de se présenter aux élections régionales de 2021 dans la formation dirigée par l’ancien maire de Naples Luigi de Magistris, obtenant près de 10 000 préférences. Mais la liste n’a pas atteint le seuil.

Les arguments de la défense dans la procédure d’appel

Le 20 septembre dernier, les avocats Giuliano Pisapia et Andrea Daqua, qui défendent gratuitement Mimmo Lucano depuis des années, (ont tenté) de démonter le jugement de première instance avec leurs arguments, point par point, en soulignant sa faiblesse et ses incohérences. « Une peine exorbitante », celle de Lucano, selon l’ancien maire de Milan Pisapia : « Il n’y a aucune intention et il n’y a aucune conscience et désir d’un avantage économique ». Pourtant, ils lui ont attribué les délits d’escroquerie, de détournement de fonds et d’association de malfaiteurs… « De la lecture des documents de procédure – a encore déclaré Pisapia – il apparaît qu’il n’avait pas un sou sur son compte courant, qu’il a tout mis à la disposition de d’autres, même les récompenses qu’il a reçues, qui vit dans la pauvreté. Falcone a dit de suivre l’argent. S’il vous plaît, suivez l’argent de Lucano, vous ne le trouverez pas.

Les réactions

La sentence satisfait le leader de la Ligue Matteo Salvini qui, en tant que ministre de l’Intérieur, avait ordonné la fermeture du Sprar de Riace. Mais la vague de solidarité qui soutient le maire de Riace est imparable. Et c’est un tas de messages, de slogans, d’appels téléphoniques. De nombreuses personnes se sont rassemblées devant le siège de la Cour d’appel.

En savoir plus

Un livre sur les rapports d’audience

Même Luigi Ferrajoli, professeur émérite de philosophie du droit et politique, sur Lucan et son procès, n’a pas hésité à exprimer des jugements sévères sur la sentence de première instance : il a parlé à plusieurs reprises de la décision des juges de Locri, citant Cesare Beccaria, comme d’un cas sensationnel de procès offensant, « dans lequel le juge devient l’ennemi du criminel. Une phrase aberrante. » L’avocat Daqua a souligné à plusieurs reprises les passages dénigrants contenus dans les 900 pages de la sentence et le recours déformé aux écoutes téléphoniques. La sociologue milanaise Giovanna Procacci, qui a rassemblé tous les rapports des audiences dans le livre « Procès de solidarité. La Justice et l’affaire Riace » (Castelvecchi), affirme que « devant l’impossibilité de prouver l’avantage économique, on a prétendu que Lucano avait agi pour obtenir des avantages politiques, pour créer un système de clientélisme qui lui garantirait une longue carrière politique ». Mais quelle carrière politique ? Mais on attend désormais les motifs de la décision en appel.



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