Premier ministre arménien : le nettoyage ethnique du Haut-Karabakh a déjà commencé


Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a déclaré que le « nettoyage ethnique » que craignent de nombreuses personnes au Haut-Karabakh est déjà en cours. Plus de 28 000 « personnes déplacées de force » ont déjà fui l’enclave contestée vers l’Arménie depuis que l’Azerbaïdjan semble en avoir pris le contrôle. Cela représente près d’un quart de la population totale estimée.

Selon Pashinyan, le flux de réfugiés est le résultat du nettoyage ethnique de la région. Lors d’une conversation avec des responsables américains, il appelle à une intervention. « Cette situation et les tensions dans notre région continuent de s’aggraver et il est désormais très important de prendre des mesures concrètes pour éviter une nouvelle escalade et des problèmes plus graves. »

Le Haut-Karabakh faisait déjà officiellement partie de l’Azerbaïdjan, mais est principalement habité par des Arméniens de souche. Le gouvernement de la région voulait faire sécession de l’Azerbaïdjan, mais les séparatistes n’ont pas pu agir lorsque l’Azerbaïdjan a attaqué l’enclave la semaine dernière. Les séparatistes ont promis de rendre les armes. Depuis lors, de nombreux Arméniens craignent un nettoyage ethnique.

Selon l’Azerbaïdjan, les Arméniens de souche n’ont rien à craindre. Le président les a appelés à rester et a déclaré qu’il respecterait leurs droits. Il veut « intégrer » la région à l’Azerbaïdjan.

Explosion

Après le début du flux de réfugiés, une autre explosion majeure s’est produite lundi dans une installation de stockage de carburant le long d’une route principale du Haut-Karabakh. Selon les séparatistes, au moins 68 personnes ont été tuées. Il y aurait 290 blessés et 105 disparus.

L’Azerbaïdjan autorise les séparatistes du Haut-Karabakh à quitter la région par la frontière, mais souhaite que les suspects de « crimes de guerre » soient arrêtés. Une source au sein du gouvernement azerbaïdjanais a déclaré cela à l’agence de presse AFP. Ceci est vérifié par les gardes-frontières.

Des dizaines de personnes ont été tuées lundi dans une explosion dans une station-service du Haut-Karabakh. Selon les autorités arméniennes, des centaines de personnes ont été blessées. © Vidéostill

« L’Azerbaïdjan envisage de gracier les combattants arméniens qui ont déposé les armes au Karabakh. Mais ceux qui ont commis des crimes de guerre pendant les guerres du Karabakh doivent nous être livrés », a déclaré à l’AFP la source gouvernementale azerbaïdjanaise. Des affrontements armés ont eu lieu à plusieurs reprises au cours des 35 dernières années, dont deux guerres au début des années 1990 et en 2020.

Les hommes qui, compte tenu de leur âge, auraient pu se battre doivent donc regarder une caméra au dernier checkpoint avant de quitter la zone.

Discussion

Les consultations de haut niveau entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont été « plutôt constructives » mardi, a déclaré l’Azerbaïdjan. Le conseiller étranger du président azerbaïdjanais voit des opportunités pour sortir du conflit, a-t-il déclaré après une conversation avec son homologue arménien à Bruxelles. Le Premier ministre arménien et le président azerbaïdjanais envisagent de se rencontrer la semaine prochaine, a déclaré le dirigeant européen Charles Michel, qui exerce depuis un certain temps la médiation dans le Caucase.

Les conseillers en politique étrangère des deux pays ont discuté de « mesures concrètes possibles pour faire avancer le processus de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan », a déclaré Michel. Cela comprenait « la démarcation de leurs frontières, la sécurité, l’accessibilité et les besoins humanitaires ».

Des Arméniens de souche du Haut-Karabakh arrivent au centre d'enregistrement de la Croix-Rouge à Goris, en Arménie.
Des Arméniens de souche du Haut-Karabakh arrivent au centre d’enregistrement de la Croix-Rouge à Goris, en Arménie. © ANP/EPA

Inquiet

Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, a souligné mardi par l’intermédiaire de son porte-parole que les droits des milliers d’Arméniens fuyant le Haut-Karabakh doivent être protégés : « Le secrétaire général est très préoccupé par le mouvement de population que nous observons vers l’Arménie, suite aux récents développements dans la région. région. Avant tout, il est essentiel que les droits des populations déplacées soient protégés et qu’elles reçoivent l’assistance humanitaire nécessaire.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a également appelé mardi lors d’un entretien téléphonique avec le président azerbaïdjanais à protéger les citoyens du Haut-Karabakh et à leur fournir une « aide inconditionnelle ». Il a également demandé à nouveau « la fin des hostilités », selon le porte-parole Matthew Miller.

Des Arméniens de souche du Haut-Karabakh attendent dans un centre d'enregistrement de la Croix-Rouge à Goris, en Arménie.
Des Arméniens de souche du Haut-Karabakh attendent dans un centre d’enregistrement de la Croix-Rouge à Goris, en Arménie. © ANP/EPA

Le conflit du Haut-Karabagh dure depuis 1988 : une histoire en trois cartes.
Le conflit du Haut-Karabagh dure depuis 1988 : une histoire en trois cartes. © ANP Graphiques



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