Beaucoup de compétences mais trop de pénuries de personnel : les préfectures italiennes sont en difficulté. D’autant plus si l’on considère qu’aux fonctions nombreuses et variées déjà attribuées, il faut désormais ajouter tous les contrôles anti-mafieux compliqués sur les 222 milliards d’euros de contrats du PNRR, sur lesquels le gouvernement parie le redressement du pays.
Il manque 45% de sous-préfets et de sous-préfets supplémentaires, auxquels il faut ajouter un manque de 30% de cadres contractuels et de 20% de personnel non cadre, soit toute cette partie du personnel administratif qui s’occupe physiquement des corvées à permettre le fonctionnement normal des préfectures. Pourtant, fin mai dernier, un avenant au décret Pnrr 2 – partagé par toutes les forces politiques – prévoyait le recrutement d’un maximum de 800 intérimaires (environ 500) à répartir dans les préfectures pour une durée de dix-huit mois pour un coût de 18,4 millions pour 2022 et 36,9 pour 2023. Une mesure qui, dans les intentions, était de faciliter les contrôles Pnrr pour éviter « d’éventuelles infiltrations mafieuses », lit-on dans le rapport explicatif. Mais à la dernière minute, il a été rejeté. Le manque de couverture économique du ministère de l’Intérieur a fait sauter la banque, sans que le Gouvernement ait donné suite aux annonces, y compris récentes, de la volonté de renforcer les contrôles anti-mafia, en trouvant les ressources nécessaires dans le budget de l’Etat.
Le personnel
Désormais, les préfectures devront travailler avec le personnel disponible, si bien que ce sont souvent des sous-préfets qui doivent occuper des postes, pour lesquels ils n’ont pas toujours une formation spécifique. Non seulement cela : parfois, ils sont également appelés à exercer des fonctions d’enquête qui devraient être exercées par le personnel porté disparu. Considérez que par rapport à l’effectif de 20 746 entre cadres et non cadres, il y a 15 585 unités en service. Autrement dit, il manque 5 161 administrateurs.
Les vice-préfets et vice-préfets ajoutés, en revanche, ne sont que 517 mais ils devraient être 931. A Milan, par exemple, il manque 50%, à Rome 26% et à Naples 36%. Dans le Nord, il y a des cas clairs, comme ceux de Varese (-70%) et de Parme (-63%), tandis que dans le Centre, il y a Fermo (-66%) et Florence (-57%). Mais dans le Sud, qui compte une forte densité d’entreprises mafieuses, des ouvertures dans des préfectures stratégiques : Palerme (-44%), Agrigente (-50%), Syracuse (-67%), Cosenza (-50%), Reggio Calabre (-46%), Caserte (-46%), Bari (-50%) et Lecce (-45%). Et dire que 86 milliards des 222 milliards alloués par le PNR sont destinés au Sud.
Nouvelles compétences requises
Selon le ministère de l’Intérieur, sans compter les contrôles Pnrr à venir, les préfectures connaissent des charges de travail considérables. Qu’il suffise de considérer que des 510 interdictions anti-mafia en 2006, il est passé à 2 263 en 2021, avec une augmentation en pourcentage de 344 %. Le nombre total de certifications délivrées rien qu’en 2021, en revanche, était de 506 203. C’est parce qu’ils ont une expertise très large. Elles vont de la coordination des tables techniques sur l’ordre public et la sécurité à celle avec les collectivités territoriales, par exemple dans le secteur de la santé, comme dans le cas du Covid. Vient ensuite toute la partie relative au contentieux routier, à l’immigration, à la gestion des poursuites relatives aux infractions dépénalisées, à la tutelle anti-mafia normale des Administrations et à la surveillance des postes de passation des marchés pour les communications et les interdictions anti-mafia contre les entreprises infiltrées, ces cette dernière rendue encore plus compliquée par l’instauration d’un contre-interrogatoire avec les bénéficiaires des mesures. A tout cela il faut désormais ajouter les chèques Pnrr contenus dans la récente circulaire signée par Bruno Frattasi, préfet et chef de cabinet de la ministre Luciana Lamorgese.