Poutine pourrait être sur la photo pour crimes de guerre en Ukraine : la Cour pénale internationale ouvre une enquête


Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a ouvert une enquête pénale sur les crimes de guerre commis en Ukraine. Il l’a annoncé lundi soir. Dans une telle enquête, toute personne impliquée dans la guerre en Ukraine pourrait être identifiée comme suspect, y compris le président russe Vladimir Poutine.

Rob Vreeken1 mars 202207:46

Khan avait déjà averti les parties belligérantes en termes clairs vendredi. Il a déclaré qu’il surveillait « de près et avec une inquiétude croissante » les développements en Ukraine en vue d’éventuels crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide. « Quiconque commet de tels crimes, y compris en les ordonnant ou en les provoquant, ou en y contribuant d’une autre manière, peut faire l’objet de poursuites. »

La Cour pénale internationale (CPI) de La Haye mène une soi-disant « enquête préliminaire » sur l’Ukraine depuis 2015. Le procureur vérifie s’il existe des motifs pour une véritable affaire pénale. En raison de l’escalade actuelle de la violence en Ukraine, il était évident que l’enquête allait s’accélérer. Khan doit encore obtenir l’autorisation formelle du tribunal pour ouvrir une enquête criminelle, mais cela ne sera probablement pas un problème.

Ni l’Ukraine ni la Russie ne font partie des 123 États membres de la CPI. Néanmoins, le tribunal peut agir sur la guerre en Ukraine. En 2015, l’Ukraine a reconnu la compétence de la Cour pour tous les crimes internationaux commis sur son territoire à partir du 20 février 2014. C’était la période des manifestations de Maïdan, des combats à Donetsk, de l’intervention militaire russe et de l’occupation par la Russie de la Crimée.

Depuis lors, l’enquête préliminaire est en cours. Le prédécesseur de Khan, Fatou Bensouda, a annoncé le 11 décembre 2020 qu’il y avait effectivement lieu de prendre des mesures de suivi. Elle avait conclu « qu’il y a de bonnes raisons de croire » que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité avaient été commis en Ukraine.

Rapides

C’était bien avant la récente escalade de la violence et l’invasion de l’armée russe. Bensouda a ensuite hésité avec ces prochaines étapes, qui lui sont venues pour des critiques. Son successeur (depuis juillet 2021) Khan a désormais toutes les raisons de s’attaquer. Bien sûr, l’invasion russe accélère tout, et la guerre ne fait que donner plus de raisons de croire que des crimes ont été et sont commis.

Le mandat de 2015 donne au procureur général carte blanche pour inclure tout ce qui se passe actuellement en Ukraine dans son enquête. La compétence du tribunal s’étend à toutes les personnes concernées, quelle que soit leur nationalité. Il en va de même pour les soldats et les politiciens russes, ainsi que pour Poutine. Ils peuvent tous être facturés (également du côté ukrainien, soit dit en passant).

Khan n’a pas besoin de l’approbation du Conseil de sécurité pour une enquête criminelle. Une décision (théoriquement possible) du Conseil de sécurité de suspendre son enquête se heurtera sans aucun doute au veto des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France.

Incidemment, personne ne peut être poursuivi pour le délit d' »agression », bien que cela ait été ajouté au statut du tribunal en 2018. En vertu d’une règle spéciale, cela ne peut être utilisé que contre les États membres de la cour, à moins que le Conseil de sécurité n’en décide autrement (mais la Russie ne le permettra pas).

Une affaire devant le tribunal pénal est plus pertinente et plus prometteuse que l’affaire que l’Ukraine envisage de porter devant cette autre juridiction mondiale à La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ). Les procédures là-bas peuvent prendre beaucoup de temps, si le tribunal en entame une. De plus, la CIJ ne peut pas poursuivre des individus, elle ne traite que des différends entre États.

ImageAFP



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