Le ministre israélien de la Sécurité a interdit d’agiter publiquement le drapeau palestinien. Selon lui, cela équivaut à un « soutien au terrorisme ». C’est pourquoi un symbole ancien est ressorti de l’écurie : la pastèque.

Le drapeau palestinien lui-même n’est pas interdit en Israël (uniquement dans les espaces publics), mais peut être retiré s’il existe un danger pour l’ordre public. Au lieu de cela, des drapeaux fabriqués à partir d’un morceau de pastèque sont désormais agités. Lorsqu’on ouvre un melon, les couleurs de la Palestine émergent : le rouge de la chair, le noir des graines et le blanc et le vert de l’écorce. On retrouve désormais le symbole partout : sur les photos, les T-shirts, les emojis et dans l’art (même si ce n’est pas quelque chose de ces dernières semaines).

Origine?

Les origines de cette résistance ne sont pas claires, mais l’histoire raconte que l’utilisation de la pastèque remonte à la guerre des Six Jours en 1967. Israël a alors conquis la Cisjordanie et Jérusalem-Est à la Jordanie, et la bande de Gaza à l’Égypte. . Les soldats israéliens auraient arrêté ou agressé toute personne brandissant le drapeau palestinien. Les militants auraient alors eu recours à des photos de la pastèque.

Des gens brandissent le drapeau palestinien et un dessin d’une pastèque lors d’une manifestation à Berlin fin octobre. © Getty Images

Une autre histoire concerne la fermeture en 1980 d’une exposition à Ramallah consacrée au drapeau palestinien et aux couleurs palestiniennes. Lorsque l’artiste désespéré a demandé aux soldats ce qui se passerait s’il peignait une pastèque, on lui a répondu : « Alors nous la confisquerons aussi. »

Une majorité au Parlement israélien a désormais soutenu une loi interdisant de flotter le drapeau palestinien dans les institutions qui reçoivent de l’argent de l’État israélien, comme les universités. Cela a conduit à un boom des pastèques. Par exemple, un groupe d’activistes arabes israéliens a fait circuler des taxis dans Tel Aviv pendant deux semaines avec des « drapeaux pastèques ». Quand l’argent s’est épuisé, elle a fait confectionner des T-shirts avec une pastèque dessus.

Une femme avec une pastèque dessinée sur le visage lors d’une manifestation la semaine dernière à Jakarta, en Indonésie.
Une femme avec une pastèque dessinée sur le visage lors d’une manifestation la semaine dernière à Jakarta, en Indonésie. ©AFP

Orange et olive de Jaffa

Un autre symbole palestinien important est l’orange de Jaffa : « Douce, juteuse, avec une peau épaisse et facile à peler, idéale pour l’exportation ». Jusqu’en 1948, année au cours de laquelle de nombreux Palestiniens furent expulsés de Palestine, les agriculteurs et les commerçants vivaient bien des oranges provenant des environs de la ville de Jaffa. Désormais, le fruit fait principalement référence à l’identité nationale des Palestiniens.

La même chose s’applique plus ou moins à l’olive. Il est considéré comme un symbole de résistance. « Un olivier peut vivre cent ans », cite la chaîne d’information Al-Jazeera, un agriculteur du nord d’Israël. « S’il y en a un à côté de chez moi, j’ai automatiquement un lien avec lui. » Selon les Nations Unies, plusieurs milliers d’oliviers ont été détruits par les colons juifs au cours des cinq premiers mois de cette année.

L’opération d’attaque « ciblée » d’Israël en cours à l’hôpital Al-Shifa : voici ce que nous savons maintenant

« Nous exterminerons quiconque encourage le Hamas. » Comment un ministre israélien voit soudain tous ses rêves devenir réalité (+)

Palestiniens la semaine dernière alors qu'ils récoltaient un olivier quelque part à l'extérieur de Ramallah, en Cisjordanie.
Palestiniens la semaine dernière alors qu’ils récoltaient un olivier quelque part à l’extérieur de Ramallah, en Cisjordanie. ©AFP



ttn-fr-3