C’est avec une inquiétude croissante que la Commission européenne se penche sur les difficultés de l’Italie à mettre en pratique le plan national pour la relance et la résilience (Pnrr). En publiant des recommandations annuelles par pays, l’exécutif européen a souligné hier les risques de retard dans le respect du calendrier prévu des objectifs et des cibles, et a exhorté l’Italie à présenter rapidement toute modification du Pnrr. Plus généralement, Bruxelles a demandé de limiter l’évolution des dépenses publiques.
Les inefficacités structurelles du public
Dans ses recommandations, la Commission a tout d’abord souligné les « inefficacités structurelles du secteur public » qui « découragent l’investissement et ralentissent la croissance de la productivité », notant la nécessité « de renforcer la capacité administrative du pays ». Le thème est d’actualité compte tenu des difficultés de mise en œuvre du Pnrr. Depuis des semaines, le gouvernement demande le versement d’une troisième tranche, d’un montant de 19 milliards d’euros, tandis que Bruxelles émet des doutes sur le respect des objectifs.
Concernant le Pnrr, le commissaire aux affaires économiques Paolo Gentiloni a tenu à préciser : « Il faut regarder la réalité, qui nous dit que l’Italie, selon les plans convenus jusqu’ici, devrait demander un quatrième décaissement en juin et un cinquième en décembre. Il est clair que pour maintenir ce rythme, la discussion des demandes de changement plus que légitimes doit avoir lieu le plus tôt possible. Il est difficile de le faire après juin si nous voulons maintenir le rythme des décaissements établi jusqu’à présent ».
Bien gérer son budget
Revenant aux recommandations par pays, l’exécutif européen rappelle la nécessité de gérer le budget avec prudence. Bruxelles a publié des lignes directrices à utiliser lors de la préparation du budget 2024 (voir Il Sole 24 Ore du 8 mars 2023). Ces règles doivent servir de passerelle entre l’ancien et le nouveau pacte de stabilité. La Commission a donc demandé hier de limiter l’augmentation nominale des dépenses primaires nettes au niveau national en 2024 à un maximum de 1,3 % (ramenant le déficit en dessous de 3 % du PIB).
Sur ce front, Bruxelles a confirmé qu’elle n’avait pas l’intention d’ouvrir des procédures de déficit excessif cette année, mais qu’elle le fera l’année prochaine sur la base des données de 2023. De ce point de vue, la Commission rappelle que l’Italie, comme d’autres pays , doit éliminer les mesures de soutien introduites après le déclenchement de la guerre en Ukraine. L’argent doit servir à réduire le déficit. Le pays reste marqué par un déséquilibre macroéconomique excessif (« même si les vulnérabilités semblent régresser »).