En attendant d’entrer dans le groupe qui devrait la mener à la formation du gouvernement, la leader du Fdi Giorgia Meloni dès aujourd’hui, avec les démarches qu’elle effectuera sur le PNRR, braquera les projecteurs sur trois matches décisifs : 1) celui avec le l’UE, qui attend des signaux et qui évaluerait d’un œil plus bienveillant la loi de finances (et les espaces déficitaires associés) si elle devait trouver un engagement sincère pour mener à bien les objectifs fixés pour fin 2022 ; 2) celui avec Matteo Salvini, qui tentera de demander des changements sur la concurrence, notamment sur les concessions balnéaires, pour entamer immédiatement le duel avec Bruxelles, tester le rapport de force au sein de la coalition et sortir du coin où le vote a l’a chassé; 3) celle avec Mario Draghi avec qui la cohabitation (en italien : passation de pouvoir) est inévitable pour un mois abondant, notamment sur la mise en œuvre du PNR, ainsi que sur la loi de finances (toujours avec un œil sur Bruxelles).
Vers le feu vert de la Commission européenne dans la deuxième tranche Pnrr
Le bilan positif avec lequel la Commission européenne donnera son aval formel cette semaine à la deuxième tranche de 24,1 milliards sur les objectifs du 30 juin facilitera peut-être les relations entre le gouvernement naissant et l’Union, mais le premier véritable examen européen portera sur la suite de la mise en œuvre politique du PNR pour atteindre les 55 objectifs du 31 décembre qui valent 21,8 milliards supplémentaires. Suite : car Draghi a déjà fait le plus gros du travail et fin octobre il laissera 29 buts atteints et les 26 autres bien sur la route du succès. Commencer à se démarquer ou à tirer sur des cibles uniques juste pour donner un signe de discontinuité ne serait pas un bon début pour le gouvernement naissant, aux prises avec des délais serrés, une machine de secours attendant les signaux, des procédures de mise en œuvre très strictes et aucune place pour discussion avec l’UE sur ces 55 objectifs.
La ligne Meloni sur le Pnrr
Jusqu’à présent, la cheffe de file de la FDI s’est exprimée auprès d’un large éventail d’électeurs sur la relation qu’elle souhaite avec l’Europe, critique mais sans ruptures : pour le PNRR cela se traduit par une volonté de changement, sans toutefois rompre le fil qui nous maintient liés au 191.6 milliards de prêts. Hormis la réprimande prise par Silvio Berlusconi qui – dans ses 48 heures les plus pro-européennes de la campagne électorale – a déclaré “le PNRR ne change pas”, Meloni n’a fait qu’insinuer les changements à apporter : plus d’investissements énergétiques, indication générique mais sage , sans dire que même une virgule du Plan ne peut être modifiée (ou intégrée) si Bruxelles n’est pas d’accord.
La leader du Fdi est en avance sur son électorat et travaille déjà à un double niveau. La première est de ramener immédiatement et sans sourciller les objectifs fixés pour fin décembre dans la continuité de l’action de Draghi (et bien sûr avec son aide), rejetant l’assaut possible de Salvini et l’opposition des catégories concernées. Il y aura de la place pour quelques ajustements sur les établissements balnéaires et peut-être sur les règles des services publics locaux, qui pourtant, avec le frein sur l’interne, touchent surtout le lobby des maires rouges.
Les marges de manœuvre du leader du Fdi
En réalité, si les premiers pas ne se trompent pas, le grand espace politique Meloni pourra l’ouvrir pour convenir de certaines dérogations sur le calendrier de mise en œuvre des grands projets (en raison de surcoûts) et surtout sur le chapitre supplémentaire déjà lancé par Bruxelles, Repower Eu. Là, Meloni pourra suivre ce qui se fait à Bruxelles et en même temps battre légitimement du poing sur la table pour demander plus de ressources pour les investissements énergétiques. De cette façon, il peut dire qu’il a changé la récupération sans se déchirer avec l’UE.