Condamnation à perpétuité de Salah Abdeslam et Mohamed Abrini lors du procès antiterroriste de Paris. Plusieurs aides logistiques bruxellois s’en sortent avec des peines de prison plus légères. Mais le procès monstre de Paris n’est que le premier d’affilée, avec les mêmes suspects.

Douglas de Coninck29 juin 202221:34

Après 149 jours de session, le rideau est tombé mercredi soir sur le procès d’assises entourant les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Quatorze des vingt suspects au total ont été confrontés pendant dix mois aux témoignages de plus de 2 000 parties civiles. Le procès le plus long de l’histoire de France avait quelque chose d’un rituel cathartique, dans lequel un certain nombre de proches ont insisté pour partager des sandwichs avec certains des suspects. Mais il n’a apporté que peu ou pas d’éléments nouveaux.

Les attentats autour du Stade de France, des gradins de la place de la Nation et de la salle de concert du Bataclan ont fait 130 morts. Près de 400 personnes ont été blessées.

« Soldat de l’EI »

Le ministère public (OM) a requis la réclusion à perpétuité contre cinq suspects arrêtés à Bruxelles : Salah Abdeslam (32 ans), Mohamed Abrini (37 ans), le Suédois Osama Krayem (29 ans), le Tunisien Sofien Ayari (28 ans) et Mohamed Bakkali (35 ans). Les cinq magistrats du tribunal ont largement suivi cette demande, ordonnant à Abdeslam et Abrini d’être incarcérés à perpétuité et à trente ans pour les trois autres. La vie pour Abdeslam et Abrini signifie qu’ils n’ont aucune perspective de faveurs ou de réductions de peine pour les trente prochaines années.

Salah Abdeslam a aidé à organiser les attaques en conduisant des combattants de l’EI de toute l’Europe vers la Belgique pendant la crise des réfugiés syriens à l’été 2015, et en les plaçant dans des refuges, ici et là en Belgique. Il était censé se faire exploser avec sept autres kamikazes cette nuit fatale à Paris, mais a jeté sa ceinture anti-bombes et s’est caché à Bruxelles. Il a affirmé lors du procès que son « cœur » l’empêchait de tuer des gens. « Le tribunal a déterminé que la ceinture de bombes ne fonctionnait pas », a déclaré le président Jean-Louis Périès. « Cela soulève de sérieuses questions sur l’explication de Salah Abdeslam. »

Abdeslam s’est présenté au début du procès comme un « soldat de l’EI », mais vers la fin a changé de ton et s’est excusé auprès des proches présents.

Les avocats de Salah Abdeslam, Martin Vettes et Olivia Ronen, arrivent au tribunal. Leur client a été condamné à perpétuité.Point d’accès d’image

petites crevettes

Mohamed Bakkali de Verviers a loué des refuges sous un faux nom et a continué à affirmer lors de l’enquête préliminaire qu’il ne savait pas que ses amis de Molenbeek faisaient partie d’une cellule terroriste de l’EI. Cet argument n’avait pas réussi à impressionner lors d’un précédent procès, où il avait été condamné à 25 ans de prison pour sa complicité dans l’attentat contre un train Thalys à l’été 2015. Il a fait appel, mais lors du procès à Paris, il en a invoqué dix pendant des mois. son droit de garder le silence. Il a été condamné à trente ans de prison.

Les avocats de Yassine Atar (35 ans) ont tout donné pour l’acquittement. Peu ou rien ne semblait le relier à la cellule terroriste, à l’exception d’une série de messages texte multi-interprétables, de messages vocaux et de liens familiaux peu enviables. Il est le frère cadet du chef présumé Oussama Atar et le neveu des derniers principaux auteurs du 22 mars 2016 : Ibrahim et Khalid El Bakraoui. Le tribunal a conclu que son implication dans les attentats était prouvée et l’a condamné à huit ans de prison.

Renforcement des mesures de sécurité appliquées autour du palais de justice de Paris.  ImageGetty Images

Renforcement des mesures de sécurité appliquées autour du palais de justice de Paris.ImageGetty Images

Ali el Haddad Asufi (37 ans), assistant logistique des terroristes, avait été condamné à seize ans de prison. Il avait dix ans. Mohammed Amri (33 ans) et Hamza Attou (28 ans) sont allés chercher Salah Abdeslam le soir des attentats à Paris et cela leur coûte désormais huit et six cellule année. Ali Oulkadi (37 ans) a ensuite fait passer Abdeslam de Laeken à Schaerbeek. Cela lui vaut maintenant une peine de prison, mais il en a déjà purgé la majeure partie.

Farid Kharkhach, qui a gagné un peu d’argent supplémentaire en tant qu’intermédiaire avec une imprimerie illégale de fausses cartes d’identité et a ainsi permis de louer des refuges et des voitures, s’en est sorti avec deux ans. Il est le seul qui, selon le tribunal, n’a pas été démontré comme faisant partie d’une organisation terroriste. Abdellah Chouaa (40 ans), un autre assistant logistique, écope de quatre ans de prison.

Processus de Bruxelles

Deux terroristes de l’EI destinés à rejoindre la cellule terroriste de Paris comme chair à canon supplémentaire ont été arrêtés en Autriche. L’Algérien Adel Haddadi (34 ans) doit écoper de dix-huit ans de prison, tout comme son compagnon pakistanais Muhammad Usman (29 ans). Le combattant Molenbeek de l’EI Ahmed Dahmani (33 ans) qui avait déjà été condamné à huit ans de prison en Turquie voit trente ans supplémentaires.

Des suspects décédés en Syrie il y a cinq ans ont également été condamnés à la perpétuité : Oussama Atar, Fabien et Jean-Michel Clain, Omar Darif et Obeida Dibo.

L’un des avocats des suspects a déjà annoncé hier soir à une chaîne de télévision française qu' »un appel sera certainement interjeté », afin qu’un deuxième procès par sondage soit lancé en France. Salah, Abrini, Krayem, Ayari et Asufi attendent un deuxième procès à Bruxelles à partir du 10 octobre. Ils sont jugés avec Hervé Bayingana Muhirwa, Bilal El Makhoukhi et les frères Smail et Brahim Farisi pour leur rôle présumé dans les attentats du 22 mars 2016.



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