Plombier en faute

Les toilettes faisaient un bruit retentissant après la chasse d’eau. Une de ces détonations dont on est immédiatement sûr qu’elle ne disparaîtra pas d’elle-même, même si au début on fait tout son possible pour ne plus l’entendre. C’est donc l’heure du plombier. Quiconque sent une réticence dans cette phrase sent bien la situation. On ne peut pas se passer de ce groupe professionnel, mais des associations gênantes continuent de surgir : délais d’attente, frais d’intervention, factures invérifiables, jargon incompréhensible.

Nous avons fait appel à un plombier régulier avec lequel nous avions peu d’expérience en matière de travaux d’urgence. Cela semblait être un tel travail. On ne pouvait plus tester les visiteurs sans méfiance notamment avec une sorte de coup de tonnerre venant de la citerne à la sortie des toilettes. Certains craignaient pour leur vie.

Un jeune plombier a rapporté que son collègue plus âgé attendait dehors dans la voiture de société. Apparemment, ils comptaient sur un travail de routine rapide. Cela ne s’est pas bien passé. Bientôt, avec inquiétude, il réclama des serviettes pour empêcher les eaux de déborder. Après une vingtaine de minutes de coups et de bricolages frénétiques, il s’est levé et m’a assuré que le travail avait été fait de manière satisfaisante. Le paiement a été nettement plus rapide. A peine installé, il présente la facture sur son portable : 215 euros. C’est comme vider une citerne.

Lorsque j’ai inspecté les toilettes immédiatement après son départ, j’ai remarqué une flaque d’eau qui montait rapidement autour du pot. J’ai appelé l’entreprise, les mécaniciens sont revenus, le jeune mécanicien désormais accompagné d’un collègue plus âgé, qui m’a dit après un coup d’œil dans l’embouchure béante de la citerne : « Comment peux-tu avoir ce caoutchouc… » Je me suis éloigné, ça devenait trop gênant. . En quinze minutes, ils eurent fini leur travail. Le mécanicien plus âgé a également souligné que le nouveau couvercle de la citerne présentait des dommages. « Nous n’aurions pas dû le livrer comme ça, vous en recevrez un nouveau. »

Tout le monde soulagé, les mécaniciens partants, nous. Jusqu’à ce qu’un proche, en visite, dise : « J’entends encore les toilettes couler ». Embarrassés, nous nous sommes tenus autour du pot. L’eau coulait comme si la mort était à ses trousses : vite, sans aucune interruption.

J’ai encore une fois appelé l’entreprise. Plutôt en colère maintenant. L’exploitant s’est également avéré être le propriétaire de l’entreprise. Sa voix semblait sceptique lorsque je lui ai demandé – c’était vendredi après-midi – si ses hommes pouvaient revenir avant le week-end. Il pensait que j’exagérais, cela ne lui paraissait pas urgent, du moins pas assez urgent pour rappeler ses gens en fin d’après-midi de vendredi. Tant que je continuerais à ouvrir et fermer le robinet sur le côté, tout irait bien, m’a-t-il assuré. J’ai dit que je n’avais aucune idée des robinets, c’est à ça que servent les plombiers. Si je l’avais demandé très gentiment, il y aurait réfléchi, a-t-il ajouté, mais il ne se laisserait pas forcer. Nous avons discuté ainsi pendant un moment avant de nous dire au revoir sans dire au revoir.

Le lundi suivant – nous avions eu du mal à nous en sortir avec « le robinet sur le côté » – j’ai rappelé. Est-ce qu’ils sont quand même venus ? À ma grande surprise, il était doux comme l’enfer. Son peuple lui avait dit que les choses avaient effectivement mal tourné. Ils sont venus nous aider le jour même.

La morale : osez être méchant avec votre plombier antipathique.



ttn-fr-33