Pitchfork récompense les femmes et punit l’indie dans son spécial des années 90


Pitchfork continue avec son spécial du meilleur des années 90. Après avoir généré une énorme controverse avec son choix de la meilleure chanson de cette décennie -un remix de Mariah Carey- et avec la liste en général, le portail publie le spécial meilleurs albums.

Dans cette autre liste, ils se souviennent un peu plus des débuts indépendants du portail et le meilleur album des années 90 pour cet éditorial est “Loveless” de My Bloody Valentine, le summum de la noise pop. Le portail élève le seul album studio de Lauryn Hill au numéro 2, laissant le chef-d’œuvre de Radiohead « OK Computer » au numéro 3. En parlant du top 10, curieusement, ils ont placé un album Hole au-dessus de « Nevermind » de Nirvana et « Exile in Guyville » de Liz Phair au-dessus. les deux, au numéro 4.

Björk et Janet Jackson, qui figurent également dans le top 10 avec « Homogenic » et la longue répétition « The Velvet Rope » avec d’autres albums dans le top 150.

Pitchfork avait déjà publié une liste des meilleurs albums des années 90 il y a 2 décennies et il est très intéressant d’observer les différences. “The Soft Bulletin” de Flaming Lips est passé du n°3 au n°99. “I See a Darkness” de Bonnie “Prince” Billy est passé du top 9 à disparaître de toute la liste, tout comme The Dismemberment Plan, à l’origine # 16.

Sans renoncer aux classiques underground des années 90 comme Neutral Milk Hotel ou Sonic Youth (qui figurent en dehors du top 30, oui), la liste a cédé du terrain à la commercialisation. Ainsi, on retrouve désormais des best-sellers comme ‘Tragic Kingdom’ de No Doubt, ‘Ray of Light’ de Madonna, les débuts de Cranberries, les débuts internationaux d’Alanis Morissette ou encore la BO de The Bodyguard (!!!) sur la liste. ‘Achtung Baby’ de U2 et ‘Violator’ de Depeche Mode apparaissent, mais pas n’importe quoi : ‘Play’ de Moby n’est pas là.

Il y a une volonté très claire de récompenser et de reconnaître les artistes féminines, et ainsi, on retrouve The Breeders mais pas les Pixies, que l’on suppose réservés à la spéciale des années 80 (bien que ‘Bossanova’ ait atteint le numéro 28 dans la liste originale, et ‘Trompe le Monde’ est également apparu). Oasis, Suede, Manic Street Preachers, The Verve et même Blur (‘Parklife’ était sur la liste originale) n’apparaissent pas… mais Elastica si, représentant la Brit Pop aux côtés de Pulp.

Une liste, donc, des plus étranges, qui laisse planer une interrogation : Pitchfork a-t-il définitivement changé de cap après sa vente à un géant de la communication comme Conde Nast ? Se perd-il dans la recherche du politiquement correct ou cherche-t-il simplement à argumenter de manière absurde, à la limite du ridicule ? Ou l’indie, en particulier l’indie masculin, était-elle incroyablement surestimée ?

1.-Ma Bloody Valentine / Sans amour
2.-Lauryn Hill / La mauvaise éducation de Lauryn Hill
3.-Radiohead / Ordinateur OK
4.-Liz Phair / Exil à Guyville
5.-Wu-Tang Clan / Entrez dans le Wu-Tang (36 chambres)
6.-Björk / Homogène
7.-Janet Jackson / La corde de velours
8.-Trou / Vivre à travers ça
9.-A Tribe Called Quest: La théorie du bas de gamme
10.-Nirvana / Ça ne fait rien



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