PIB, inflation, aides : la crise ukrainienne réécrit les calculs de la Def


L’attaque russe contre l’Ukraine risque également de modifier radicalement les perspectives des finances publiques italiennes. Ils visaient jusqu’à présent un horizon de reprise solide malgré les aléas inflationnistes ; et sur la poussée d’un héritage 2021 qui a permis la semaine dernière au gouvernement de financer un décret de 8 milliards pour les factures et les incitations automobiles, confiant dans la possibilité de dépenser plus que prévu sans modifier les objectifs de déficit, grâce aux espaces fiscaux supplémentaires attendus lors de la certification de la déf. entrante. La part de croissance supplémentaire acquise grâce à 2021, plus brillante que prévu, reste évidemment enfermée dans un passé qui ne peut pas changer. Mais il se greffe sur un scénario qui oblige à refaire les comptes depuis le début avec les nouvelles inconnues sur l’énergie et l’inflation, et avec leurs répercussions sur le rythme de l’activité économique.

Nul n’est aujourd’hui en mesure de mesurer l’ampleur du glissement de terrain, qui dépendra de la durée de la crise, des possibilités résiduelles de réouverture de la voie diplomatique brutalement fermée dans la nuit de mercredi à jeudi, de l’architecture des sanctions qui seront développés après les premiers mouvements de ces jours et la réaction de Moscou à ces décisions.

Les premiers calculs d’Oxford Economics

Très rapidement hier, Oxford Economics, l’une des sources internationales les plus fiables en matière de prévisions macroéconomiques, a publié les premiers calculs sur la baisse des perspectives de croissance mondiale causée par l’invasion de l’Ukraine. Le coup principal serait pour la Russie, avec un ralentissement du PIB de 0,7% cette année, 1,2% la prochaine et 1,1% en 2024. Mais aussi dans la zone euro la baisse de la hausse de la par rapport aux prévisions il y a 48 heures ce serait 0,3 % cette année, et 1 % supplémentaire abondant entre 2023 et 2024.

La rapidité avec laquelle le tableau a changé ces derniers jours, et surtout le brouillard épais qui entoure les prochaines étapes de la crise, obligent à prendre ces chiffres avec un large état des lieux. Mais déjà ces estimations instantanées montrent deux caractéristiques du prix économique de cette guerre : qu’il s’annonce non seulement élevé, mais aussi destiné à peser longtemps.

La crise ukrainienne va retarder la sortie de l’urgence

En un mot, un tel tableau reporte à plus tard la sortie de la politique économique de l’état d’urgence qui l’accompagne depuis deux ans. Cela affectera inévitablement l’évolution des règles budgétaires de l’UE, ainsi que la politique monétaire. Hier, l’hypothèse émise par le gouverneur de la banque centrale autrichienne Robert Holzmann d’un ralentissement du plan de sortie de la BCE du programme extraordinaire d’achat d’obligations d’État a suffi à écraser un spread qui s’était envolé de près de 180 à 164 points et à ramener le rendement de BTp 10 ans à 1,81 %.



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