Peut-être que la peur est de finir comme ce pouvoir patriarcal et chauvin


Barbara Stefanelli (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

« LL’Empire romain a commencé en 27 avant JC, est tombé en 476 après JC et est devenu viral sur TikTok en 2023. » Ainsi commença l’un des articles de New York Times le plus lu, partagé, commenté ces derniers temps aux États-Unis d’Amérique – puis dans le pays dont Rome reste la capitale.

Oui, car en Italie on a encore du mal à y croire. Que les hommes d’outre-Atlantique, lorsqu’on leur demande à quelle fréquence ils « pensent aux anciens Romains », ont répondu et continuent de répondre : « constamment »., « tous les jours », « souvent », quand les choses vont vraiment mal « une fois par semaine ». Et pour combien de temps ? « Presque depuis que je suis adolescent. » Sinon « depuis que j’ai appris à lire ».

Tout a commencé avec le partage de quelques posts sur X (anciennement Twitter)., vu des millions de fois, signé par des épouses/petites amies/amies qui ont révélé le degré « d’obsession » des amis et connaissances pour Jules César et les autres. De là, le passage à d’autres réseaux sociaux jusqu’à atterrir sur le journal Big Apple.

Une fois surmontée l’incrédulité, notamment italienne, voici l’explication la plus accréditée du phénomène viral. La Rome antique dominait une société patriarcale et chauvine. Elle était puissante et redoutée. Et il s’est retrouvé en morceaux. Derrière la pensée constante ou intermittente des Américains contemporains se cacherait donc la crainte d’être confronté au même déclin.

La contagion numérique était inévitable : la tendance a rebondi dans la « petite Italie », cette petite Italie – comme l’explique un TikToker – d’où sont parties les légions pour conquérir un territoire « plus grand que les États-Unis eux-mêmes ». Nous avons commencé à en parler aussi, dans les médias anciens et nouveaux, dans la rue, au dîner.

Soudain, l’Empire romain – qui nous avait tourmentés à l’école (et nous étions heureux de l’avoir laissé derrière nous) pour l’enchaînement des rois et des empereurs, des dirigeants et des orateurs, des dates et des lieux des batailles, gagnées et perdues, jusqu’à la douloureuse descente de les Barbares – est devenu « un lieu de l’âme ». Nous nous sommes demandés : devrions-nous nous inquiéter? De cette terreur au masculin pluriel ?

« SPQR. Histoire de la Rome antique » de Mary Beard (Mondadori).

En attendant, on pourrait se dire – et diffuser – que Rome était beaucoup moins sexiste qu’Athènesil suffirait de penser aux lois (les Romains ont hérité, étudié, écrit, certains sont devenus avocats) et à certaines figures féminines actives dans la vie publique, de notre côté de la Méditerranée par rapport à l’autre.

Finalement, la solution est peut-être de recommencer à les étudier, les Romains. Deux suggestions de lecture. Le premier. Marie Barbeclassiciste, historien et vulgarisateur britannique, auteur de textes et de documentaires mémorables pour la BBC, a écrit – entre autres – SPQR. Histoire de la Rome antique tandis que sur YouTube, vous pouvez trouver Dissiper les mythes sur Rome ce qui pourrait aider les lecteurs anglo-saxons à faire la part des choses. Le deuxième.

«Quand nous gouvernions le monde» d’ALdo Cazzullo (HarperCollins)

Aldo Cazzullochroniqueur de Corriere della Sera et écrivain, devin des tendances, qui vient de paraître (pour HarperCollins) Quand nous étions les maîtres du monde. Le livre commence ainsi : « Rome n’est jamais tombée ». Serait-ce aussi grâce aux femmes ?

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