Une interview du journaliste autrichien Armin Wolf avec le président russe Vladimir Poutine en 2018 a refait surface sur les réseaux sociaux. Les experts la qualifient de « peut-être la meilleure interview jamais réalisée avec Poutine ». Contrairement à ce que l’on attendait de l’entretien que le faiseur d’opinion américain Tucker Carlson a eu avec Poutine et qui sera diffusé ce soir, Wolf met vraiment la pression sur le président. À tel point que Poutine s’irrite visiblement et manque à un moment d’exploser.
KVDS
La première question tombe immédiatement à pic. Wolf note que le premier voyage à l’étranger de Poutine au cours de son nouveau mandat de président russe – il vient d’être réélu en 2018 – aura lieu en Autriche et il veut savoir si cela est une récompense pour l’attitude (alors) pro-russe du pays. Poutine rit maladroitement, se mord la lèvre et nie largement. Mais le ton de l’entretien est clairement donné.
Poutine ne cache plus son irritation face au MH17, l’avion de passagers abattu en 2014 au-dessus d’une partie de l’Ukraine occupée par les rebelles pro-russes, tuant 298 passagers, principalement des Néerlandais.
Drame
Lorsqu’il tente d’esquiver une question sur la responsabilité russe dans la tragédie (un missile russe a été utilisé) et que le journaliste autrichien l’interrompt, il perd patience. « Si seulement vous aviez la patience de me laisser finir, vous entendrez mon point de vue, d’accord ? » dit-il, avant de poursuivre en affirmant que l’enquête internationale n’était pas objective.
Lorsque Wolf tente à nouveau de l’interrompre, Poutine répond : « Pas si vite. Encore une seconde. Laissez-moi finir. Sinon, ce n’est pas une interview. Ensuite, c’est un monologue de votre part. Puis-je finir ma phrase ? Et puis en allemand (Poutine a passé des années en Allemagne et parle la langue) : « Seriez-vous si gentil ? »
L’entretien devient carrément amer lorsque Wolf aborde le sujet de la Crimée en Ukraine, déjà occupée par la Russie. Poutine a d’abord nié l’implication des soldats russes dans l’annexion de 2014, mais est ensuite revenu sur sa position. « Je n’ai rien nié », affirme désormais Poutine dans l’interview. « L’armée russe y était toujours présente. Vous savez, j’aimerais que vous compreniez vraiment ce qui s’est passé. Pour ne pas répéter machinalement la même question, encore et encore.»
Et lorsque Wolf tente à nouveau de l’interrompre, ce à quoi Poutine n’est pas habitué de la part des médias d’État russes : « Attendez une minute. Laissez-moi finir. Voulez-vous simplement poser des questions tout le temps ou voulez-vous aussi entendre mes réponses ?
Lorsque Wolf lui demande ce qu’il faudra pour que la Russie restitue la Crimée, la réponse est que ces conditions « n’existent pas et ne peuvent pas exister ». Après quoi Poutine, visiblement irrité, ajoute : « Au fait, vous m’avez encore interrompu. Si vous me laissiez finir, vous comprendriez de quoi il s’agit.
Tension
La tension atteint son paroxysme lorsque Poutine affirme à un moment donné qu’il n’est pas question d’annexion de la Crimée car plus de 90 pour cent de la population aurait voté lors d’un référendum en faveur de l’adhésion à la Russie. Wolf le contredit et affirme que le référendum n’était ni constitutionnel ni libre. Lorsque Poutine tente en vain d’intervenir à plusieurs reprises pour nier cela par tous les moyens possibles, ses yeux s’illuminent vraiment et il semble même qu’il va exploser.
PORTRAIT. Qui est Tucker Carlson, le tyran d’une Amérique en colère et intervieweur de Poutine ? (+)
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