Peur d’être heureux ? Le Dr Marinella Cozzolino, psychothérapeute, explique les causes de la cherophobie et comment la surmonter pour bien vivre


« Chéroïphobie », c’est-à-dire peur d’être heureuxest presque devenu un slogan grâce à Martina Attilil’un des concurrents de XFactor12 qui s’est présenté aux auditions avec une chanson du même nom. Une pièce passionnante, dans laquelle la jeune artiste explique parfaitement de quoi il s’agit : ce n’est pas de la négativitémais anxiété ce ça coupe même le souffle. Découvrons d’où vient la cherophobie et comment elle affecte la vie de ceux qui en souffrent.

Une façon d’affronter la vie

« Il n’apparaît pas dans le Manuel diagnostique de psychiatrie, ce n’est donc pas un syndrome psychiatrique mais une attitude, une façon d’être au monde, d’affronter la vie. Lorsque vous souffrez de maux de ventre, vous devez en comprendre les causes. La douleur est-elle attribuable à quelque chose que nous avons mangé ou peut-être à avoir reçu un coup sur le ventre ? Le remède sera très différent. Même pour la cherophobie, la première étape consiste à comprendre sa cause. Dans de nombreux cas le symptôme est le remèdec’est-à-dire qu’il se manifeste comme un mécanisme de défense, presque une sorte de compensation, la solution que je mets en œuvre pour faire face à un problème plus important. Et donc j’abandonne le bonheur pour éloigner la douleur », explique la Docteur Marinella Cozzolinopsychothérapeute, sexologue clinicienne et créatrice de Dimmy.itle psychologue en ligne 7 jours sur 7.

Comment ça se manifeste

« Comme toute autre phobie, elle se manifeste par une aversion, un refus très fort, un évitement, une terreur pour une situation précise. Il y a derrière un trouble anxieux qui rend le bonheur terrifiant. C’est un’anxiété d’anticipation qui découle à son tour de besoin de contrôle. D’après l’expérience de la plupart des gens, le bonheur est une sensation de bien-être qui vous détache du monde. C’est l’apothéose du lâcher-prise, de se tenir à trois mètres au-dessus du ciel. Donc, quiconque a besoin de contrôle ne peut pas accepter une telle situation», souligne l’expert.

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Chérophobie – le fruit de l’éducation

«Très souvent, le besoin de contrôle est le résultat d’un protocole pédagogique. Combien de fois nous a-t-on dit, enfants, au plus fort de nos divertissements, de pas crier? En réalité, ceux des enfants qui se réjouissent ce ne sont pas des cris mais des expressions de bonheur. Dans certaines cultures asiatiques, il y a donc la coutume de mettre le la main sur la bouche en riant. Comment dire ça le bonheur ne se montre pas, peut-être parce qu’il y a peut-être quelqu’un à proximité qui souffre, ou simplement parce que c’est impoli de le faire. Ainsi, pour l’étiquette, pour une forme d’éducation, de divertissement, le moment de bien-être est déjà bloqué en tant qu’enfant» poursuit le Dr Cozzolino.

Comment y remédier

« N’étant pas une pathologie mais un trait de caractère vous devez comprendre ce qui affecte la fonctionnalité de la personne. Dans certains cas ça peut rendre la vie plus complexe même à ceux qui n’ont pas ce problème. Une attitude d’abandon est lourd pour le couple et pour la famille. « On sort dîner ? », « Non, il y a du trafic, on dépense de l’argent, on ne trouve pas de parking ». L’attitude défensive et la rejet de la nouvelle expérience et potentiellement agréable devient aussi handicapant pour le partenaire et pour les enfants. Dès lors, s’il s’agit d’un problème limitant pour sa vie et celle des autres, mieux vaut recourir à un traitement. La psychothérapie se concentrera sur l’anxiété, sur la résolution de l’avantage que cet évitement comporte et sur le besoin de contrôle», suggère l’expert.

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