Les jeux sont faits, rien ne va plus ! Dans quelques heures nous saurons qui a remporté le Festival de Cannes 2023, avec une cérémonie qui aura lieu le samedi 27 mai à 20h30 au Grand théâtre Louis Lumière du Palais des Festivals et aura Chiara Mastroianni comme marraine (retransmis en direct sur le site de l’événement). Les pronostics s’affolent, et jamais un mot ne correspondait à l’ambiance : si deviner le Palmarès est toujours une entreprise bien compliquée, pour cette 76e édition c’est encore plus vrai, voir l’imprévisibilité du président, Ruben Östlund.
Festival de Cannes 2023 : anatomie d’un jury
Entre autres le réalisateur suédois, Palme d’or en 2017 avec La place et en 2022 avec Triangle de tristessefait partie du club fermé de ceux qui l’ont remporté deux fois (Francis Ford Coppola, Ken Loach, Bille August, Alf Sjöberg, Emir Kusturica, les frères Dardenne, Michael Haneke, Shoei Imamura) et il y a ceux qui insinuent – c’est pourtant un péché de mal penser, vous savez – que si cette année le premier prix est allé à Le vieux chêneLoach battra le record.
Et dans tous les cas il ne sera pas facile de l’emporter sur les jurés de personnalités comme la réalisatrice marocaine Maryam Touzani, l’acteur français Denis Ménochet, le scénariste et réalisateur anglo-zambien Rungano Nyoni, Actrice et réalisatrice américaine Brie Larson, acteur américain Paul Danol’écrivain et réalisateur afghan Atiq Rahimi, l’écrivain et réalisateur argentin Damián Szifrón et la réalisatrice française Julia Ducournau.
Julia Ducurnau contre. Nanni Moretti ?
Ducurnau, à son tour, pourrait ne pas voir d’un bon œil – même si elle jura le contraire – une victoire de Nanni Moretti. En 2021, lorsqu’il a vaincu Trois étages avec Titansle réalisateur romain a commenté: «Vieillir arrive soudainement. Surtout si votre film participe à un festival. Et il ne gagne pas. Et à la place, il remporte un autre film, dans lequel le protagoniste tombe enceinte d’une Cadillac. Vous vieillissez d’un coup. Assurer”.
Les femmes et la Palme d’Or
Le facteur “politiquement correct” complique la cagnotte : voulez-vous ne pas récompenser une femme, étant donné qu’il y a sept réalisateurs sur 21 en compétition, (portant ainsi la proportion – au cours des dix dernières années attestée à 16 pour cent – à 33 pour cent)?
Et, pour être dans l’air du temps, vous ne voulez pas inclure de documentaire dans le Palmarès ? Au Festival de Venise, il a triomphé Toute la beauté et la douleur de Laura Poitras, au Festival de Berlin Sur l’Adamant par Nicolas Philibert. Dans ce cas, il y a deux titres en pole position : Les Filles d’Olfa par Kaouther Ben Hania (donc la “part des femmes” serait également en place) e Jeune par le chinois Wang Bing (oui, il y a la “part asiatique” à considérer, comme l’ont montré les récents Oscars).
Aki Kaurismäki a mis tout le monde d’accord
Qu’est-ce donc que ce titre, Jeuneest le seul truc « jeune » de cette 76e édition de Cannes : l’âge moyen (moyen) des réalisateurs est de 65 ans, des réalisatrices de 52 ans. Et cinq d’entre eux ont déjà reçu au moins une Palme d’Or : Loach, Moretti, Wim Wenders, Hirokazu Kore-eda, Nuri Bilge Ceylan. Un seul premier a passé la sélection du concours : Banel et Adama du Franco-Sénégalais Ramata-Toulaye Sy, 39 ans.
Et c’est l’oeuvre d’un auteur déjà établi le seul film qui a réuni tout le monde, critiques, spectateurs, initiés : Kuolleet lehdet (Les feuilles tombées) De Aki Kaurismäkiqui célèbre la rencontre de deux solitaires et marginaux.
Mia Wasikowska dans l’équipe
Et ils sont dans la liste des favoris Kuru otlar üstüne (Herbes séchées, c’est définitivement un festival d’automne…) par un autre maître, le turc Nuri Bilge CeylanEt Monstres par le maître Kore-eda. Cependant, si l’idée du “famolo étrange” prévaut (d’ailleurs ouvertement exprimée par Östlund lors de la conférence de presse initiale, ici, il pourrait également se placer sur le podium Club Zéro de l’Autrichienne Jessica Hausner, avec Mia Wasikowska dans le rôle d’une inquiétante enseignante de “l’alimentation consciente”.
En changeant l’ordre des facteurs, cependant, le résultat ne change pas : ces mêmes noms pourraient remplir les « cases » du Grand Prix Spécial du Jury, du Prix du Jury, du Prix de la mise en scène.
Sandra Hüller meilleure actrice et l’avis des critiques
En revanche, selon les avis des critiques internationaux, ce serait mériter le prix maximum La zone d’intérêt par Jonathan Glazerun film important sur la Shoah (sans glisser dans la “pornographie de la douleur”) : il est basé sur le roman homonyme de Martin Amis, qui a raté de peu le jour du tapis rouge.
Protagoniste, en tant qu’épouse de Christian Friedel/Rudolf Höss, Sandra Hüller, également parfaite dans le deuxième film en compétition, Anatomies d’une goulotte de Justine Triet : cette fois, ils lui refusent également la Palme d’Or de l’interprétation féminine (comme en 2016 pour Rencontrez Toni Erdmann) est un complot.
On plaisante : il faut malheureusement tenir compte du “bilan”, e Anatomies d’une goulotte c’est tout aussi parfait pour la reconnaissance du scénario.
Koji Yakusho meilleur acteur ?
Il a gagné le cœur de tout le monde Koji Yakusho (une performance avec très peu de mots)nettoyeur dans les toilettes publiques à Tokyo en jours parfaits De Wim Wenders. Eloge d’une vie tranquille, faite de choses très simples et répétitives, à mille lieues de la frénésie et du bruit de ces jours cannois… L’avant-dernière journée s’est écoulée en compétition : que l’effet de saturation après 10 jours de Festival a joué en votre faveur ? Au jury la peine ardue.
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