Peu d’attention accordée à la haine en ligne dans les plans du gouvernement pour lutter contre l’antisémitisme

Lorsqu’elle a lu vendredi le mémorandum du cabinet sur la lutte contre l’antisémitisme, Naomi Mestrum, directrice du Centre d’information et de documentation d’Israël (CIDI), a pensé « du vieux vin dans des bouteilles neuves ».

Les trente pages du mémorandum contiennent de nombreuses mesures gouvernementales concernant la communauté juive et l’antisémitisme. Beaucoup d’entre eux étaient connus et parfois même introduits. Par exemple, le communiqué rédigé par le ministère de la Justice et de la Sécurité évoque le « soutien aux centres mémoriels ». C’est le ministère de la Santé, du Bien-être et des Sports qui s’en charge, et un porte-parole affirme qu’il n’y a « aucune nouvelle politique ». Le cabinet suit une motion de l’opposition dans laquelle il est promis d’examiner comment des centres tels que Camp Westerbork et Camp Amersfoort peuvent être « financés de manière à l’épreuve du temps ».

Après une année pleine de tensions aux Pays-Bas en raison de l’attaque du Hamas contre Israël et de la guerre à grande échelle menée par Israël contre Gaza en réponse, le cabinet Schoof a publié sa « stratégie » promise dans l’accord de coalition. Son annonce tombe au cours du mois où des violences ont eu lieu à Amsterdam contre des supporters du club de football israélien Maccabi Tel Aviv. L’article y fait explicitement référence, avec la conclusion : « Une grande partie de la communauté juive [voelt] ne vous sentez pas libre et en sécurité dans ce pays en ce moment. C’est honteux.

La mesure gouvernementale la plus concrète concerne donc la sécurité. Le gouvernement versera 1,3 million d’euros par an pour la sécurité des écoles juives. La communauté juive paie désormais elle-même la sécurité de ces écoles. Cette mesure découle d’une motion de Rob Jetten, chef de faction du parti d’opposition D66.

Droit de manifester

C’est pourquoi le directeur du CIDI, Mestrum, a d’abord été un peu déçu. Mais la stratégie est accompagnée d’une « note de décision » qui contient un certain nombre de mesures « qui ont du sens ». Mestrum mentionne l’augmentation proposée de la peine pour glorification du terrorisme. Et des mesures pour freiner les manifestations – le gouvernement citant l’exemple des « conséquences sécuritaires des sit-in dans les gares NS ». Des militants pro-palestiniens y manifestent régulièrement devant les portes d’entrée, c’est pourquoi le gérant ProRail déclare ne pas pouvoir intervenir, alors que tous les passagers doivent passer devant les manifestants. « Le gouvernement souhaite voir comment une distinction plus claire peut être faite entre les manifestations pacifiques et les actions perturbatrices », selon la lettre d’accompagnement adressée au Parlement. Mestrum souligne que, selon elle, cela devrait se faire « sans restreindre le droit de manifester ».

Elle se réjouit également de la proposition de sanctions accrues pour les crimes antisémites. Dans cette disposition, le mémorandum du cabinet fait référence à un projet de loi d’initiative de GroenLinks-PvdA et de l’Union chrétienne – là encore deux partis d’opposition. Si ce projet de loi est adopté, la peine maximale d’emprisonnement pour le délit en question sera également augmentée d’un tiers en cas d’antisémitisme.

Deux tailles

Jaïr Stranders, directeur artistique de l’événement national du 4 mai Théâtre Na de Dam et membre de la communauté juive libérale d’Amsterdam, affirme que le cabinet applique deux poids, deux mesures lorsqu’il s’agit de lutter contre l’antisémitisme. « Certaines des mesures prises par ce gouvernement sont racistes, et il sortira alors, pour ainsi dire, l’antisémitisme ‘du racisme’ pour combattre spécifiquement cette forme. » Stranders ne peut pas imaginer « qu’un raciste » – et il fait référence au leader du PVV Wilders – « soit votre protecteur contre l’antisémitisme ». Si la lutte contre l’antisémitisme occupe une place particulière, Stranders prédit : « De nombreuses mesures proposées aujourd’hui frapperont les Juifs en plein visage comme un boomerang. »

Mestrum comprend les critiques de Stranders, mais elle pense qu’une lutte plus stricte contre l’antisémitisme aura également un effet sur les déclarations racistes envers d’autres groupes. « Bien sûr, l’un n’est pas plus important que l’autre. J’espère que cette stratégie sera également utilisée ultérieurement pour d’autres minorités.» Le Coordonnateur national contre les discriminations et le racisme, désigné pour dénoncer tout racisme, n’a pas pu être joint vendredi pour une réponse.

Pansements symboliques

Ce que le directeur du CIDI, Mestrum, oublie complètement dans le mémorandum, c’est une approche aiguë et décisive de l’antisémitisme en ligne. La seule promesse est que le coordinateur national de lutte contre l’antisémitisme – qui a co-écrit le mémorandum et qui reçoit également des fonds publics supplémentaires pour sa mise en œuvre – fera mener une étude annuelle sur « l’antisémitisme en ligne en langue néerlandaise ».

Sans une forte attention portée au racisme en ligne, affirme Mestrum, les jeunes continueront d’être exposés à de misérables expressions d’antisémitisme sur les réseaux sociaux. « Les sorties scolaires, l’éducation sur l’Holocauste, sans lutter contre la haine en ligne, ce sont des pansements symboliques sur la plaie. »

Le CIDI reçoit de nombreux rapports sur les expressions d’antisémitisme en ligne, mais ne les inclut pas dans son rapport annuel. Mestrum chargera bientôt un organisme de recherche d’examiner spécifiquement l’antisémitisme en ligne au cours des années 2023 et 2024. « Après cela, nous devrons le faire chaque année. »






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