Pensée ciel bleu : les bactéries ont soif de recyclage


Le monde est inondé de plastique. Quelque 400 millions de tonnes sont produites chaque année. La plupart ne sont pas recyclés et finissent dans des décharges ou dans l’océan. En se dégradant, le plastique s’accumule également dans la chaîne alimentaire. Les microplastiques sont répandus dans les poissons.

Pourtant, la production de plastique s’accélère On s’attend à croître de 50 % d’ici 2050 à près de 600 millions de tonnes par an, selon l’Agence internationale de l’énergie. Le recyclage coûte cher. Les chercheurs pensent que les microbes grignoteurs de plastique offrent une solution alternative.

Les microbes sont les recycleurs de la nature. Ils peuvent créer des enzymes – ou des protéines – qui décomposent la matière organique dans le sol. En 2016, des chercheurs au Japon ont découvert une bactérie qui produit des enzymes capables de décomposer le polyéthylène téréphtalate (PET), une substance utilisée pour fabriquer des bouteilles en plastique et des vêtements en polyester.

Les enzymes sont un choix attrayant. Bien que les produits chimiques industriels puissent décomposer les plastiques, les enzymes nécessitent moins d’énergie, ce qui en fait une option potentiellement plus écologique. Leur utilisation permet également de recycler plus facilement le plastique des déchets mixtes.

Le problème est que même les meilleures enzymes ont tendance à fonctionner relativement lentement, ce qui les rend économiquement inefficaces et difficiles à mettre à l’échelle pour gérer des volumes commerciaux. Toute bactérie naturelle qui dévore le plastique nécessiterait une bio-ingénierie sérieuse si elle veut dégrader le plastique des centaines, voire des milliers de fois plus rapidement.

Le principal obstacle est d’ordre économique. Le nouveau plastique est moins cher que les versions recyclées. Sans subventions, les bactéries mangeuses de plastique et leurs enzymes continueront de concurrencer les plastiques vierges moins chers provenant du pétrole.

Des start-up lèvent des fonds pour accélérer le biorecyclage. Au Royaume-Uni, Epoch Biodesign, qui cible les plastiques qui ne peuvent actuellement pas être recyclés, a levé 11 millions de dollars cet été. Outre-Manche, la société française Carbios a annoncé en 2019 avoir produit avec succès de nouvelles bouteilles en plastique à partir de PET avec un procédé qui les rend recyclables à l’infini.

L’objectif est que les bactéries décomposent le vieux plastique et créent des composants utilisés pour le nouveau plastique. À terme, le plastique pourrait devenir une économie circulaire activée par les enzymes.

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