Paul Gheysens à propos des problèmes chez MediaNation : « Nous passons à l’IA et à ChatGPT pour traduire et rédiger des articles »


La société de médias de Paul Gheysens et Wouter Verschelden ferme la radio Business AM après un an et le personnel attend depuis plusieurs mois des factures ou des salaires. Que se passe-t-il avec l’empire commercial de Paul Gheysens, qui possède également l’entreprise de construction Ghelamco et le club de football d’Anvers ?

Bruno Struys et Dimitri Thijskens

Les salariés de MediaNation, la société mère de Business AM, engagent des poursuites judiciaires contre les administrateurs Paul Gheysens et Wouter Verschelden. Certains ont adressé une mise en demeure aux deux dirigeants, première étape d’une procédure judiciaire, d’autres ont déjà saisi la justice. La raison est simple : ils attendent leur salaire depuis plusieurs mois.

VRTNWS rapporte cela sur la base de témoignages anonymes, qui sont confirmés Le matin. Les freelances doivent également composer avec des factures différées. « Je sais que pour certains il y a des dizaines de milliers d’euros de retards de paiement », précise une source. « Verschelden lui-même attend toujours de l’argent. »

D’après les propos d’un ancien employé, les problèmes d’indemnisation durent depuis plusieurs années. «Cela est allé de mal en pis», dit-il. « Ce sera une entreprise zombie : elle est encore en difficulté, mais à peine debout. »

Paul Gheysens, le financier de MediaNation, parle d’« une réorganisation ». Il dit avoir réduit les effectifs de l’entreprise de 55 à 12 employés.

« La raison est simple : nous sommes les premiers en Flandre à passer à l’IA et à ChatGPT pour traduire et rédiger des articles », explique Gheysens. Le matin. Il ne fournit pas plus de détails sur la manière dont cela se produit. « Certains ont conservé leur poste un peu trop longtemps, mais ce n’est pas un problème. Le flux de trésorerie positif signifie que nous respecterons tous nos engagements.

Les chiffres économiques de MediaNation ne le cachent pas. Depuis 2018, les capitaux propres ont chuté et l’entreprise n’a fait qu’accumuler des pertes. Rien qu’au cours des quatre dernières années, il y a eu une perte de plus de 10 millions d’euros, somme qui a été compensée par Gheysens. Il a déjà injecté près de 20 millions d’euros dans MediaNation.

Wouter Verschelden lui-même attendrait également de l’argent.ID de l’image/Lieven Van Assche

C’était l’ancien rédacteur en chef de Le matin Wouter Verschelden qui en 2014 a créé la marque NewsMonkey pour toucher particulièrement les jeunes. Cela n’a pas été un succès retentissant et plusieurs marques de nouveaux médias ont suivi, les unes avec plus de succès les unes que les autres : une version flamande de Semaine d’actualitésdes sites Web sur la santé et les voyages, et Business AM, qui se concentre sur l’actualité financière et économique.

Depuis janvier, il existe également Business AM Radio, principalement sur l’insistance de Paul Gheysens. Dans moins d’un an, la prise sera débranchée : à partir de janvier, la radio ne diffusera plus que des rediffusions. Selon Gheysens, le projet est simplement « en attente », dans l’attente d’un marché publicitaire plus favorable.

« Jusqu’à récemment, une radio pouvait récolter 2 millions d’euros de recettes publicitaires par an, mais il ne reste plus rien », explique Gheysens. « Ensuite, vous devez tirer votre conclusion à temps. »

Ghelamco et Anvers

Les experts soulignent en revanche des problèmes dans l’activité principale de Gheysens, l’entreprise de construction Ghelamco. En conséquence, il ne peut pas continuer à couvrir les pertes de ses autres projets et le robinet de l’argent est fermé. Le matin a déjà fait état des problèmes chez Ghelamco. La raison en est que l’immobilier commercial traverse une période difficile. «Tout d’abord, les emprunts sont devenus plus chers en raison de la hausse des taux d’intérêt et des conditions de crédit plus strictes des banques et des détenteurs d’obligations», explique l’expert financier Pascal Paepen (KU Leuven, savingvarkens.be). «De plus, depuis la pandémie de corona et le travail à domicile, l’immobilier de bureau est devenu moins populaire.»

Un emprunt obligataire dans notre pays a encore été remboursé, mais sinon le marché de notre pays n’est pas intéressant, c’est pourquoi Ghelamco se concentre désormais sur la Pologne. L’entreprise a besoin de ces emprunts obligataires pour rembourser ses dettes. En raison de dépréciations et d’un procès perdu, Ghelamco a enregistré une perte nette au cours des six premiers mois de cette année et les dettes ont augmenté.

« Ces sonnettes d’alarme ne sont pas une bonne nouvelle », estime Pascal Paepen.

Cela aurait également un impact sur le club de football du FC Anvers, qui est rapidement devenu un club de premier plan sous Gheysens, en partie en faisant appel à des joueurs coûteux et à des dirigeants idem tels que Marc Overmars et Mark Van Bommel. Gheysens a désormais reporté de plusieurs mois une augmentation de capital prévue de 47,5 millions d’euros. Il a récemment été révélé qu’Anvers avait annulé son stage d’hiver « pour des raisons pratiques et financières ». Les clubs se rendent dans des endroits plus chauds pendant les vacances d’hiver pour effectuer des séances d’entraînement plus confortables.

Au sein du club, il y a la perspective d’une belle indemnité de transfert pour des joueurs comme Arthur Vermeeren. Selon Gheysens, il n’y a aucune inquiétude concernant une augmentation de capital à Anvers et il y aura une autre tranche avant le Nouvel An.

Il faut dire qu’Anvers a déjà été condamné cette année à une amende de 2 millions d’euros pour non-respect des règles du fair-play financier. « Ils exigent que les revenus couvrent en grande partie les coûts, alors que Gheysens a fait d’Anvers un club de premier plan en comblant toujours lui-même les déficits, une sorte de dopage financier », explique l’économiste du sport Trudo Dejonghe (KU Leuven).

Gheysens nie également les problèmes de son entreprise de construction Ghelamco : « Nous disposons de nombreux actifs que nous pouvons encaisser si nécessaire et nous avons une obligation en Pologne qui sera remboursée en janvier. » Wouter Verschelden ne répond pas aux questions, mais transmet une déclaration de Dominique Tanaka, le PDG de MediaNation. « Tout le monde sait que l’économie connaît des hauts et des bas. Nous continuons de croire qu’il y a une place pour le journalisme critique en Flandre.»



ttn-fr-31