Le procès contre Jan Fabre, l’un des plus grands artistes flamands de l’après-guerre, s’ouvrira vendredi à Anvers. Il est jugé pour harcèlement, violences et harcèlement sexuel au travail et une affaire d’attentat à la pudeur. †Pas de sexe, pas de solo†
L’affaire présente des similitudes avec celle contre Bart De Pauw, qui a été condamné en novembre à six mois avec sursis. Dans les deux affaires, l’avocate Christine Mussche représente les parties civiles. Il concerne onze interprètes féminines avec lesquelles Fabre a travaillé entre 2000 et 2018, et l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes.
Comme pour De Pauw, l’institut prend en charge les frais d’avocat des victimes. Dans un cas, il s’agissait de l’un des fabricants de télévision les plus connus de Flandre, maintenant il s’agit de l’un des plus grands artistes de cette région. Les allégations portent sur des comportements transgressifs dans un contexte professionnel, avec un rapport de force déséquilibré. Les deux cas sont sortis après #MeToo.
« #MeToo, c’est moins une question de sexe que de pouvoir », déclarait Geneviève Lagravière en 2018 à Le matin† Elle fait partie des danseurs qui ont porté plainte au civil. « Votre patron qui veut du sexe en échange d’un travail ou qui vous fait souffrir physiquement après avoir rejeté des avances est destructeur et n’a rien à voir avec le fait de repousser les limites artistiques. »
Pas opposé à la polémique
Fabre s’est fait un nom international en tant qu’artiste visuel – pensez aux scarabées au plafond du palais royal – et en tant que chorégraphe qui n’a jamais été opposé à la controverse, à la nudité et au sang sur scène. La presse étrangère sera aussi indirectement intéressée par ce processus.
Les faits en cause diffèrent fondamentalement. Chez De Pauw, il s’agissait de harcèlement, chez Fabre, il s’agissait « d’humiliation, d’intimidation et de punition », comme le décrit la lettre ouverte qui a lancé le bal.
En un sens, l’artiste s’était approprié cette lettre. En juin 2018, il parlait de #MeToo dans une interview à la VRT et déclarait : « Avec nous dans l’entreprise, il n’y a jamais eu de problème en 40 ans. jamaïne†
Vingt (anciens) employés de son entreprise Troubleyn ont senti leur sang bouillir. Dans leur lettre ouverte, publié par le magazine culturel Recto verso, ils ont parlé de sexisme et d’abus de pouvoir, ce qui a amené de nombreux employés à avoir besoin d’une aide psychologique. Les employés se voyaient proposer de l’alcool et de la drogue pour se sentir « plus libres » et ainsi, par exemple, participer à des séances photo audacieuses, dont ils n’avaient le droit de parler à personne.
« Ces projets photo semi-secrets et ces échanges sexuels sont devenus une monnaie cachée au sein de l’entreprise », indique la lettre ouverte. †Pas de sexe, pas de solo†
Ce sont souvent de très jeunes danseurs qui ont compris après leur stage que Fabre visait plus qu’une relation de travail, mais pour qui un solo signifiait d’énormes opportunités de carrière. Ceux qui ne s’y sont pas conformés et ont voulu rester professionnels, ont été punis pour cela, selon ces employés, « y compris le harcèlement, l’humiliation verbale, l’agression et la manipulation ».
Après enquête, le procureur du travail a décidé en juin dernier de citer Fabre devant le tribunal correctionnel. Il s’agit principalement d’infractions au Welfare Act, mais aussi de l’attentat à la pudeur à l’encontre d’une femme. Pour ce dernier il risque jusqu’à cinq ans de prison, pour les autres jusqu’à trois ans.
À un moment donné, un homme est également venu se plaindre de plus de 200 heures supplémentaires non rémunérées. Comme quelques autres, il n’a finalement pas porté plainte au civil, en partie parce que dans son cas c’était déjà il y a 27 ans.
« Avec le procès-verbal qui a été dressé, j’espère aider la plaidoirie des parties civiles », confie Chris Coremans, technicien chez Fabre à l’époque. « Le plus important est que les personnes qui abusent de leur pouvoir soient arrêtées. »
Quelques annulations
Le procès plane comme une ombre sur l’œuvre de Fabre. L’an dernier, une nouvelle chorégraphie devait introduire la biennale de danse de Venise, mais elle a été annulée dans la précipitation lorsque l’artiste a été convoqué. Petit détail : Fabre avait précédemment écrit un monologue sur la relation platonique entre un artiste et une femme photographe.
Une représentation de Troubleyn à Charleroi a également été annulée et l’institution artistique anversoise De Singel est partie L’homme qui mesure les nuages retirer du toit. Cela ne veut pas dire que Fabre a déjà été complètement annulé, grâce à l’étranger.
Malgré la crise corona, neuf productions de Troubleyn ont été jouées ensemble 340 fois depuis la sortie de l’affaire en 2018. Le temps a demandé à l’entreprise. Troubleyn a enregistré une perte courte en 2018, mais les comptes annuels des deux années suivantes montrent un bénéfice comparable à celui d’avant.
Le procès commencera demain avec le plaidoyer de Mussche au nom des partis bourgeois. Le ministère public a également la parole. Le président du tribunal souhaite que le procès se termine dans deux jours. La défense sera discutée vendredi prochain.
Aucun des avocats impliqués n’a pu être joint. Un grand nombre de femmes seront présentes au tribunal. L’avocate de Fabre, Eline Tritsmans, a déclaré plus tôt que l’artiste serait présent pour défendre son innocence. « Il n’a commis aucune infraction pénale et nous le prouverons devant le tribunal. »