Parquesvr / Si ce n’était pas pour ces moments, ce serait pour d’autres


Parquesur est le nom d’un centre commercial situé à Leganés, Madrid. Il a ouvert ses portes en 1989, anticipant la ferveur pour les centres commerciaux plus ils sont grands, mieux c’est, se vantant d’être l’un des plus grands d’Europe. C’est actuellement le 4ème plus grand d’Espagneet est bien connu parmi le monde de la modernité pour y contenir un Apple Store, au milieu de nulle part.

Métaphore de ce qui était autrefois le plus grand et qui est aujourd’hui une pure décadence, Parquesvr est aussi un groupe particulier de Madrid dont la devise est précisément de parodier le monde de la modernité. ‘Si ce n’était pas pour ces moments, ce serait pour d’autres’ est son deuxième album, après avoir frappé une note avec le premier, où le plus gros succès était un truc apocalyptique appelé ‘Lance Armstrong’ qui a duré 7 minutes.

Les chansons de Parquesvr ont un sens de l’humour similaire à celles d’Ojete Calor ou de Ladilla Rusa. La grâce est qu’il s’agit d’un groupe de rock, et il n’est pas si courant d’entendre un groupe de rock chanter des bêtises telles que « Devrais-je lire Baudalaire? ». Comme ‘La más fané’ de L-kan, ce nouveau single de l’album promu le jour de la sortie comme un « focus track », parodie ceux qui vivent de postures, qui vont dans les musées juste pour le télécharger sur Instagram. King Crimson après le premier, Pink Floyd sans Syd Barrett et New Order après Joy Division font partie de ceux qui reçoivent.

D’autres fois, ils sont moins drôles, comme dans l’échec d’« Almodóvar Amenábor ». L’idée était bonne, mais quelqu’un devait avertir Parquesvr qu’être gay ne fait pas de vous une « icône du monde gay » et bien sûr les films d’Amenábar ne vont pas dans cette direction. Ce sont plutôt des icônes de l’hétéronormatif.

La bonne nouvelle est que chaque chanson de « Si ce n’était pas pour ces moments, ce serait pour les autres » a une personnalité incroyable. Il est impossible de confondre certaines compositions avec d’autres, d’où je déduis qu’une tournée des plus divertissantes s’annonce. « Zarzaquemada », intitulé en l’honneur de son quartier, rend hommage au hip hop original qui a été entendu dans notre pays à la fin des années 90 et au début des années 2000. « Muchas flores » puise à la fois dans le folklore gitan et le psychédélisme, avec un point culminant absolu . ‘The Wild Ones’ utilise autant un kraut que ‘Anxiety’ utilise toutes ces choses qui le génèrent pour nous, comme le jeûne intermittent et autres inventions stupides du 21e siècle.

Sans éviter la politique, car ‘Arde, quema, duele’ -entre synth-pop et post-punk- parle avec tout le dédain de la pandémie, se moque de ce « on en sortira plus fort », et ‘Las Nubes’ ne paraphrase rien moins que ‘Face au soleil’; Parquesvr ne laisse pas indifférent. Ils se vendent en affirmant que le « rock espagnol » est « terriblement compris » et ce deuxième album est une déclaration d’intention courageuse à cet égard. Car le mieux c’est que sa liste officielle d’influences n’est pas une boutade : Beastie Boys, Triana, Sleaford Mods, Los Chichos, Rage Against the Machine, Rosendo, Ketama, Manolo Kabezabolo… Tout cela est perceptible sur ce deuxième album .



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