Parlez-moi néerlandais, professeur

Vous savez, le professeur a dit, je vais l’expliquer en néerlandais. C’était plus facile pour elle et plus facile à comprendre pour nous. Cela n’a pas pris longtemps : en raison du caractère international du diplôme néerlandais en sciences politiques, le cours devait être enseigné en anglais. Également élu néerlandais en tant qu’étudiants et professeur.

Je me suis souvenu de ce rituel hebdomadaire dans la salle de conférence lorsque les universités ont appelé la semaine dernière les étudiants internationaux sans chambre à ne plus venir. Sous l’influence de l’idée que tout est marché – et que l’humain est avant tout un consommateur – les universités courent depuis une vingtaine d’années vers les « internationaux ». Parce que l’internationalisation est un modèle de revenus qui découle du financement pervers de l’enseignement supérieur (plus d’étudiants équivaut à plus d’argent, et les étudiants de l’extérieur de l’UE paient plus de frais de scolarité). Et parce que tout ici tourne autour de la « capacité de gain ».

L’internationalisation renforce « la compétitivité internationale des Pays-Bas », a déclaré un certain Mark Rutte en tant que secrétaire d’État en 2004. Plasterk, membre du PvdA, en tant que ministre de l’éducation en 2008, souhaitait que l’éducation soit «bien positionnée et commercialisée au niveau international». L’université comme multinationale.

Quatre étudiants de première année sur dix viennent désormais de l’extérieur des Pays-Bas. La « salle de classe internationale » est surpeuplée. Les villes étudiantes ne peuvent pas gérer autant d’étudiants qui doivent emménager dans des chambres.

Pour citer encore Houellebecq, il commence à devenir agaçant que les Pays-Bas ne soient pas un pays mais un exemple, l’espace public devient une grosse colonne publicitaire, l’université une entreprise, la culture est surtout un produit d’exportation précieux.

Ce sont les élites mondialistes qui sapent délibérément la culture néerlandaise, crie cet universitaire de Leyde au patronyme à consonance française. Ce sont des élites qui voient les problèmes publics dans une logique purement économique, crie cet ancien de Leyde.

Car pourquoi les universités devraient-elles être principalement sur terre pour contribuer à la position compétitive internationale des Pays-Bas ? Est-ce que ça vaut quelque chose que tu à Komrij, « trouver de l’or quand on cherche des cailloux » ? Pas selon l’acceptation inconsidérée de l’idée que ce qui est bon pour l’économie est bon pour la société (ou que cette dernière ne l’est pas). Le BV néerlandais devait prospérer, il fallait donc stimuler l’internationalisation. Nous sentirons plus tard la perte des liens affaiblis entre la communauté nationale et l’université.

Par exemple, le commerce supprime la culture, les incitations économiques sapent la recherche de ce que cette nation est encore à l’ère de la mondialisation. Nul besoin d’être un nationaliste convaincu pour s’inquiéter de ce qui menace d’arriver : une entreprise dans laquelle personne ne se sent plus chez lui.

Mark Lievisse Adriaanse ([email protected]) est rédacteur en chef du NRC.



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