Par la croissance et les réformes : la lutte contre les inégalités et l’État régulateur l’emportent dans le nouveau Parti démocrate

En tête de liste figure la lutte contre « les inégalités, la pauvreté, les discriminations et la marginalisation sociale », voire la lutte pour « l’égalité de fait », et l’outil est une intervention publique forte à travers un État « régulateur et innovant ». Le Pd change de cap et vire résolument à gauche, du moins en faisant défiler le brouillon du nouveau Manifeste des valeurs qui devrait remplacer le Manifeste de Veltron de 2008 et dont l’assemblée nationale du parti convoquée samedi 21 janvier va débattre.

Au sommet, la lutte contre les inégalités et l’État interventionniste

«Nous sommes convaincus que pour reconnaître et protéger les droits fondamentaux, de nouvelles méthodes d’intervention publique sont nécessaires, qui peuvent parfois prendre différentes formes et utiliser différents instruments. Un État régulateur et innovant est capable de faire ressortir la capacité de transformation des entreprises et de notre secteur productif, en corrigeant et en évitant les défaillances du marché en même temps – lit le projet de document élaboré par le Comité Constituant de 87 membres nommés par le secrétaire sortant Enrico Letta -. Nous devons travailler pour atteindre les objectifs de justice sociale, d’inclusion, d’égalité des sexes, d’égalité de facto, de cohésion territoriale et de durabilité environnementale, et pour ce faire, le modèle de développement économique ne doit pas être en conflit avec eux ».

La croissance, cet inconnu

Rien de choquant, si l’on considère que les travaux de la Commission constituante avaient commencé par l’attaque contre le prétendu « ordolibéralisme » et que les tenants de la gauche avaient indiqué le dépassement du système de production capitaliste parmi les objectifs du nouveau Parti démocrate. Pourtant, la différence avec le Manifeste de 2007 saute aux yeux. Si alors on parlait « d’interdépendance entre l’entreprise et le travail » et du « rôle décisif » des entreprises « pour gagner le défi de la compétitivité et remettre le pays sur le chemin de la croissance », aujourd’hui le mot croissance est même absent. Quant au rôle de l’État, qui se veut aujourd’hui fortement interventionniste pour supprimer les inégalités, on soulignait à l’époque que « la tâche de l’État n’est pas de s’immiscer dans les activités économiques, mais de fixer les règles du bon fonctionnement des marché, pour maintenir la concurrence même en cas de libéralisation et pour créer les conditions de contexte et de commodité utiles à la promotion de l’innovation et de la qualité ».

La « vocation majoritaire » disparaît….

Bien sûr, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts au cours de ces 15 années. Deux crises économiques, la pandémie, maintenant la guerre : l’État a déjà changé de rôle, comme l’a souligné Giorgio Tonini lors de la dernière assemblée des réformistes d’Equal Freedom à Orvieto (« 750 milliards pour la relance de l’économie européenne de Next generation EU seront collectés sur les marchés avec l’émission d’une dette commune, conjointement garantie par tous les pays de l’UE : tout sauf l’ordolibéralisme »). Mais le virage à gauche que l’on veut imprimer au Parti démocrate ne concerne pas seulement la politique économique mais aussi l’idée, la fonction du parti, et donc le pool électoral de référence. Avec le risque que l’angoisse de parler et de représenter « le moins » repousse tout le monde. Ainsi disparaît la « vocation majoritaire » de la mémoire veltronienne, c’est-à-dire l’ambition de « se proposer comme un parti du pays, comme une grande force nationale » et non seulement d’une partie, de même que la référence aux différentes cultures réformistes qui unissaient alors disparaît (« de grandes traditions convergent au sein du Parti démocrate, conscientes de leur insuffisance, à elles seules, à constituer cette référence »).

…et avec elle l’ambition de réformer les institutions

Et l’ambition de réformer le système pour arriver à une bipolarité mature et à une démocratie décisive disparaît aussi : si dans le Manifeste Veltronien il était écrit que le Parti démocrate est « un parti démocratique et réformateur non seulement dans son inspiration idéale et programmatique, mais aussi en s’engageant activement à promouvoir l’évolution et la réforme du système politico-institutionnel vers une démocratie compétitive, centrée sur la souveraineté du citoyen-électeur, arbitre du choix du gouvernement », dans le projet de la Commission Constituante il n’est fait mention que de la « tâche de défendre la Constitution, de valoriser la culture antifasciste dont elle est née et de nous engager à sa pleine application ».



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