« Pape » de la nuit bruxelloise accusé d’abus sexuels : le schéma était toujours le même


Il figurait autrefois sur une liste PS, et on l’appelle aussi ‘le pape’ de la nuit bruxelloise. Qui est Carl De Moncharline, l’homme accusé d’abus sexuels dans un reportage de la RTBF ? « Beaucoup peuvent témoigner de ma bonne conduite. »

Samira Atillah31 mars 202219:38

«Ce soir-là, il était derrière le bar à sa place habituelle. J’ai dansé un peu et puis à un moment il m’a proposé une bière qui ne venait pas directement du bar. À partir de ce moment, tout est devenu flou. Et : « Je suis entré dans la chambre et puis il a fermé la porte. Puis il a baissé son pantalon.

Les témoignages anonymes du programme de recherche francophone de la RTBF Enquête Les propos sur les abus sexuels présumés de Carl De Moncharline, figure bien connue de la vie nocturne bruxelloise, ont provoqué une onde de choc ces derniers jours.

Plusieurs jeunes ont raconté avoir été drogués et/ou abusés sexuellement par De Moncharline dans des boîtes de nuit. Selon les témoignages, le schéma était plus ou moins le même : les victimes présumées se sont vu offrir une boisson qui ne venait pas directement du comptoir, ont été droguées et/ou prétendument abusées ou agressées sexuellement.

‘Mensonges’

L’enquête de la RTBF a débuté après que la page Instagram @balance_ton_bar, où apparaissent régulièrement des témoignages de comportements sexuellement transgressifs dans la vie nocturne bruxelloise, ait publié plusieurs témoignages sur l’homme. De Moncharline a déjà nié toutes les allégations : d’abord par l’intermédiaire de son avocat Jean-Pierre Buyl, puis il a également écarté toutes les accusations sur sa propre page Facebook. « C’est un paquet de mensonges », a-t-il déclaré dans son message mercredi soir. « Beaucoup peuvent attester de ma bonne conduite. J’ai donné des milliers de verres sans problème. En revanche, selon De Moncharline, il a « refoulé de nombreuses personnes et les a expulsées des clubs pour consommation de drogue et excès d’alcool ». « Sans parler des combats. Cela a causé beaucoup d’animosité », a-t-il ricané. Par ailleurs, De Moncharline dénonce que les témoignages étaient anonymes et « sans preuve ». L’homme a écrit qu’il avait lui-même porté plainte pour diffamation.

PS

Le ‘pape’ de la vie nocturne a un énorme réseau dans la vie nocturne bruxelloise et a même joué un rôle dans la politique bruxelloise par le passé. De Moncharline a quitté l’école à 18 ans et a été repéré en 1990 par l’agence de communication K Com après avoir lancé à lui seul une campagne de stickers pour souligner le manque de propreté à Bruxelles. L’homme, qui était également militant et membre du PS, figurait sur la liste du maire de l’époque Freddy Thielemans pour les élections municipales de 2000. Lors de ces élections, son nom a fait beaucoup de bruit : De Moncharline s’appelle en fait Carl De Rijck. Il a d’abord changé de nom avant cette élection. D’après ce qu’il a dit dans une interview avec bruzz, il l’a fait comme une sorte d’hommage à ses parents. Son père, sculpteur flamand, s’appelle Mon De Rijck et sa mère Charline Mahy. Mais selon d’autres, il l’a fait parce que l’homme avec son vrai nom de famille n’obtiendrait pas assez de votes.

Carl De Moncharline a maintenu la discothèque Who’s Who’s Land ouverte à la fin des années 1990.Image Hémis via AFP

Selon les critiques, il n’a pu changer de nom de famille qu’avant les élections parce qu’il avait de « bons contacts » avec le conseil municipal bruxellois de l’époque. Quelque chose que De Moncharline a continué à nier. « Déjà à dix-huit ans, je me suis laissé appeler De Moncharline. Et j’ai officialisé ce nom bien avant ces élections, pour des raisons administratives », racontait-il encore en 2009 bruzz

Qui est qui est la terre

Il n’était pas connu en politique, mais l’homme a continué d’impressionner par sa présence flamboyante dans la vie nocturne bruxelloise. Il a travaillé dans la célèbre boîte de nuit Fuse et a maintenu ouverte la discothèque Who’s Who’s Land, qui a dû fermer après des démêlés judiciaires avec un promoteur de projet et la Ville de Bruxelles.

D’ailleurs, à 21 ans, l’homme était déjà directeur artistique du club Mirano, où il organisait de nombreux événements. À ce sujet, il a dit plus tôt qu’il avait été présent dans la discothèque tout le temps de toute façon. « Alors autant être là pendant que vous êtes payé ! », a-t-il suggéré un jour.

De Moncharline possédait également la discothèque The Wood, qui a d’ailleurs également dû fermer en raison du bruit nocturne. Mais son impressionnante carrière va encore plus loin. De Moncharline est également l’organisateur, entre autres, de la Roller Parade, de la Fête des Voisins et si cela ne suffisait pas, il peut également ajouter ‘chef de projet créatif’ pour l’agence événementielle VO-Event à son palmarès.

Activisme

La Moncharline peut donc être évoquée dans le même souffle que le secteur événementiel. Mais son activisme n’est jamais loin. L’homme a déposé une plainte contre l’État belge l’année dernière au sujet des mesures corona, qui, selon lui, « ont paralysé le secteur de l’événementiel ».

Carl De Moncharline organise de nombreux événements à Bruxelles.  Image BELGA

Carl De Moncharline organise de nombreux événements à Bruxelles.Image BELGA

Enfin, à ce jour et selon ses propres mots sur son site CDM-Agency, De Moncharline possède « l’un des plus grands annuaires de personnalités médiatiques et de leaders d’opinion belges et internationaux, avec lesquels il entretient une relation privilégiée ».

Dans sa déclaration sur les réseaux sociaux, après les accusations d’agressions sexuelles mercredi soir, il a subtilement évoqué cet impressionnant carnet d’adresses : « On ment beaucoup pour les milliers de personnes qui me connaissent depuis plus de 30 ans, jour et nuit , dans divers grands clubs et une dizaine d’événements majeurs.



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