Oussama Krayem démissionne avant que les procureurs fédéraux ne lisent l’acte d’accusation sur le procès pour terrorisme

Lors du procès d’assises sur les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles et Zaventem, la procureure fédérale Paule Somers a entamé la lecture de l’acte d’accusation. Le procureur s’est d’abord penché sur la situation géopolitique en Syrie et en Irak. L’accusé Oussama Krayem, qui refuse de coopérer depuis plusieurs jours, n’assiste pas à la lecture. Il est parti avant que Somers ne puisse commencer la lecture.

La deuxième journée du procès terroriste a commencé avec un juré moins efficace. Elle est maintenant remplacée par un juré suppléant. Hier, 2 des 24 jurés adjoints ne s’étaient déjà pas présentés. Aujourd’hui, le ministère public donnera lecture de l’acte d’accusation.

Il reste donc 21 jurés adjoints pour le procès, qui prendrait 6 à 9 mois. Au moins douze jurés effectifs doivent rester jusqu’à la fin du procès pour statuer sur la culpabilité des dix accusés. La femme jurée qui a abandonné aujourd’hui sera remplacée par un homme juré. La femme avait un certificat médical.

Après une première journée riche en explications et en administration, comme l’identification des parties civiles, la présidente Laurence Massart a commencé aujourd’hui par une explication du serment prêté par les jurés la semaine dernière. Elle a également cité qu’un juré réel hier, en identifiant les parties civiles, a entendu le nom d’un homme qu’il connaissait, apparemment l’ex-mari d’une victime. Il connaissait l’homme d’un mouvement de jeunesse, mais ne l’avait pas vu depuis longtemps. Il ne savait pas au préalable que l’homme s’était constitué partie civile. Il ne connaissait pas la victime lui-même. En fin de compte, tant le ministère public que la défense n’avaient aucune objection à ce que l’homme reste un juré efficace.

Après cela, les procureurs fédéraux Bernard Michel et Paule Somers ont entamé la lecture de l’acte d’accusation, le résumé de l’instruction du parquet. Il compte 469 pages et devrait être lu en trois jours.

Origine EST

Après une liste des accusés et une courte introduction, le procureur a commencé par évoquer les origines et la montée du groupe terroriste EI en Irak et en Syrie. L’avocat a ensuite expliqué comment les étrangers ont participé aux conflits locaux au Moyen-Orient. L’un des premiers était l’accusé Oussama Atar, parti en Irak en 2003. Atar est soupçonné d’avoir rejoint une organisation affiliée à Al-Qaïda et d’être entré en guerre contre la coalition internationale en Irak. Mais Atar a été arrêté et a fini en prison en Irak, notamment à Abu Ghraib. Abu Bakr al Bagdadi, le futur chef de l’EI et calife autoproclamé, y a également été emprisonné.

Fin 2012, de nombreux jeunes Européens sont également partis pour la Syrie, où le président Bachar al-Assad a réprimé dans le sang un soulèvement contre son régime dictatorial de l’époque, a-t-on entendu.

Oussama Krayem ne suit donc pas la lecture de l’acte. Krayem, qui n’a pas voulu dire un mot depuis plusieurs jours, est parti avant le début de la conférence. Il préfère les cellules du bâtiment Justitia à Haren. Le président l’a laissé partir, il reste représenté par ses avocats.

Aujourd’hui, il n’y a presque plus personne dans les salles de relais aménagées pour les parties civiles. Plusieurs victimes avaient indiqué à l’avance qu’elles hésitaient à assister au procès. Dans tous les cas, ils peuvent également suivre le processus via une webradio. Il y a plusieurs parties civiles dans la salle d’audience elle-même.

VOIR. Salah Abdeslam est transporté dans des véhicules lourdement blindés – certains même équipés d’un bélier

Maître Jonathan De Taye, représentant l’accusé Ali El Haddad Asufi, a annoncé hier après une discussion sur les conditions de détention et de transport de l’accusé qu’il envisageait de soumettre des conclusions au président afin qu’elle donne son avis sur la question, mais aujourd’hui, il a déclaré qu’il était prématuré de tirer des conclusions.

« Je ne tire aucune conclusion aujourd’hui pour la simple raison que le ministre de la Justice a été mis en demeure », a déclaré De Taye. « Je pense que les gens travaillent déjà dans les couloirs pour désamorcer la situation et j’espère que tout le monde partage le même souhait que le processus se déroule dans les meilleures conditions. » Si la situation ne s’améliore pas, De Taye ne voit pas d’autre solution que de prendre des mesures, probablement en soumettant des conclusions.

Aujourd’hui, l’acte d’accusation sera lu, ce qui n’est pas important pour De Taye, juste une étape nécessaire. « Elle sera contredite du début à la fin lors des débats. Il y a des anomalies dans l’acte, la division en deux cellules, et c’est une anomalie pour ceux qui ont suivi les débats à Paris », a-t-il dit.

Maître Delphine Paci, qui représente Salah Abdeslam, dit également avoir lu attentivement l’acte. « C’est la version du parquet, nous respectons leur travail, mais nous ne sommes pas d’accord avec certaines choses et nous allons le préciser. » L’avocat n’a rien voulu dire sur l’éventuelle remise de conclusions avant le procès.

Dix accusés

Dix accusés sont jugés : Oussama Atar, Mohamed Abrini, Salah Abdeslam, Ali El Haddad Asufi, Bilal El Makhoukhi, Hervé Bayingana Muhirwa, Smail Farisi, Ibrahim Farisi, Osama Krayem et Sofien Ayari. Oussama Atar, accusé d’être le chef d’un groupe terroriste, est le seul absent du tribunal. En avril 2019, le groupe terroriste IS a annoncé sa mort, mais il n’y a aucune preuve concluante pour cela. C’est pourquoi il est toujours jugé par contumace.

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