Moins de trois semaines après avoir annoncé son départ anticipé de la présidence de l’UE, Charles Michel revient sur sa décision. Cela lui a encore une fois valu de nombreuses critiques.
Il l’écrit déguisé dans l’avant-dernier paragraphe de sa déclaration sur Facebook, mais le message est clair : le président de l’UE Charles Michel en a assez des attaques contre sa personne. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été la vague de critiques du début du mois lorsqu’il a annoncé de manière inattendue qu’il quitterait prématurément le Conseil européen pour se présenter aux élections au Parlement européen. Vendredi soir, il a annoncé (une fois de plus une surprise) qu’il achèverait finalement son mandat de président de l’UE. Ce qui a déclenché une nouvelle vague de mépris et de récriminations.
Alors que les responsables et diplomates de l’UE ont définitivement dénoncé Michel samedi – « il a perdu toute crédibilité » – les plaisanteries ont dominé X. Le Chou News (Sprouts News) – une « agence de presse » qui aime se moquer des hommes politiques européens – a publié des « images exclusives » d’eurodéputés euphoriques allumant des feux d’artifice dansants parce qu’ils n’ont pas à travailler avec Michel pendant les cinq prochaines années.
Néanmoins, ce week-end, la frustration, l’incompréhension et la perplexité ont régné dans les couloirs diplomatiques face aux agissements de Michel. Le président de l’UE a été nommé préparateur et président des sommets de l’UE pour éviter les tracas et résoudre les problèmes. Ne pas causer de tracas et de problèmes, ce que fait Michel.
« Merci Charles »
Son interview dans divers médias belges le 6 janvier selon laquelle il serait devenu chef du parti aux élections européennes de juin pour son parti libéral MR a suscité de vives critiques. Pas de la part des chefs de gouvernement, ils sont assez polis pour cela, mais de la part des députés européens et des diplomates. Ils l’ont accusé de placer sa propre carrière au-dessus des intérêts de l’UE. Avec son passage au Parlement en juillet, Michel ne terminerait pas son mandat de président de l’UE (avant le 1er décembre). Et cela dans une période de turbulences avec une guerre aux frontières de l’UE.
Ce départ prématuré a déclenché une discussion sur la nécessité ou non du poste de président permanent de l’UE, poste qui existe depuis 2009. En outre, il y avait une chance qu’en l’absence de Michel, Viktor Orbán, l’obstructionniste notoire à Bruxelles, préside temporairement le Sommets de l’UE. « Merci Charles », sonnait amèrement au Parlement.
Alors que ces critiques s’étaient quelque peu atténuées, Michel a annoncé vendredi soir qu’il ne figurerait finalement pas sur la liste MR pour le Parlement européen. Alors qu’il avait auparavant largement défendu sa démission prématurée par des arguments politiques et juridiques, il affirme désormais qu’il n’a pas correctement évalué les « réactions extrêmes » qui en ont résulté. Pour éviter que le débat ne porte atteinte à l’UE ou ne sème la division entre les dirigeants des gouvernements, il revient sur sa décision.
Le plus important, disent les personnes directement impliquées, c’est que Michel en a plus qu’assez de toutes les critiques. Dans sa déclaration, il se demande si son ambition politique vaut toute la dérision. Non, telle est la conclusion provisoire de sa décision de ne pas passer au Parlement. Il restera donc à son poste jusqu’au 1er décembre.
Ressentiment
L’agacement à l’égard de Michel n’est pas récent. Élu par les dirigeants en 2019, il a rapidement suscité le ressentiment avec ses déplacements en Afrique et sur d’autres continents hors UE. « Qu’est-ce qu’il a là-bas, n’est-il pas le président de l’UE ? » » a déclaré l’ambassadeur auprès de l’UE d’un État membre majeur.
Michel a été réélu pour un second mandat en mars 2022. Les ambassadeurs affirment qu’il ne s’agissait pas tant d’un choix en faveur de Michel que contre les troubles politiques au sein des institutions européennes à une époque où la guerre en Ukraine venait tout juste de commencer. La maladresse (le Sofagate, dans lequel Michel a refusé d’offrir son siège à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen) et les positions idiosyncrasiques (l’UE doit être prête à l’adhésion de l’Ukraine, de la Moldavie, de l’Albanie et d’autres pays des Balkans d’ici 2030) ont affecté sa position. pas bien.
Le cœur du problème, selon les responsables européens, est que Michel n’est tout simplement pas la bonne personne au bon endroit. Lors d’un sommet européen, 27 grands egos pleins d’ambitions sont assis à la table, le président ne devrait donc pas être le 28e grand ego.
Programme d’aide à Kiev
Les dirigeants se réuniront mercredi soir pour un dîner informel et tenteront jeudi de se mettre d’accord sur un paquet de cinquante milliards d’euros de soutien financier à l’Ukraine lors d’un sommet supplémentaire de l’UE. Cela a échoué en décembre parce qu’Orbán s’est montré obstructionniste.
Personne ne s’attend à ce que les dirigeants demandent à Michel de démissionner immédiatement après son dernier tour. Cela ne mène qu’à des absurdités institutionnelles et ce n’est pas pour cela que les dirigeants viennent à Bruxelles. Les diplomates ne pensent pas non plus que la position affaiblie de Michel rendra difficile un accord sur l’aide à Kiev. « De toute façon, cela est largement déterminé en dehors de lui », explique un ambassadeur.
Michel dit qu’il réfléchira à son avenir à la fin de son mandat. Les dirigeants doivent décider en juin qui sera le prochain président de l’UE. L’expérience avec Michel y jouera certainement un rôle.