Selon l’Institut d’économie énergétique et d’analyse financière, le port de Zeebrugge est « une plaque tournante » pour le GNL russe. Le volume des échanges a augmenté ces dernières années, passant de 5,46 milliards de mètres cubes de gaz en 2021 à 7,77 milliards de mètres cubes en 2023.
“La Belgique se comporte comme un intermédiaire pour le gaz russe”, juge le groupe de réflexion. Au niveau national, des ONG militent depuis 2022 pour une interdiction (partielle) du GNL russe à Zeebrugge. Le commerce du gaz est une source de recettes fiscales pour la Russie. Selon l’Institut d’économie de l’énergie et d’analyse financière, 1,71 milliard d’euros de gaz ont été traités à Zeebrugge l’année dernière.
Fluxys, le gestionnaire de l’infrastructure gazière de Zeebrugge, estime depuis longtemps que la Belgique elle-même ne peut pas arrêter le commerce du gaz russe. Seule une décision au niveau européen offre une sécurité juridique.
Opportunité
Depuis 2020, le port de Zeebrugge traite du GNL en provenance de Sibérie. Un contrat d’un milliard d’euros sur 20 ans, conclu en 2015, permet à la société énergétique russe Yamal LNG d’acheminer de grandes quantités de gaz liquéfié vers Zeebrugge avec des pétroliers brise-glace spéciaux.
Une partie de ce gaz est destinée à l’Europe, où de nombreux pays recherchent de nouvelles voies d’approvisionnement, maintenant que les gazoducs russes vers le continent sont en grande partie fermés. Le reste est transféré sur des pétroliers « normaux » pour satisfaire la faim énergétique mondiale. Depuis Zeebrugge, le GNL russe est transporté entre autres vers la Chine et le Japon.
La ministre de l’Energie Tinne Van der Straeten (Verts) déclare depuis un certain temps qu’elle préférerait perdre le GNL russe plutôt que d’en gagner. Mais elle a toujours été apte à intervenir au niveau belge. Même si cela pourrait bientôt changer. L’Europe travaille sur de nouvelles règles qui permettraient aux États membres d’interdire le gaz russe – avec les précautions nécessaires pour les approvisionnements du continent.
Van der Straeten a récemment chargé le Service public fédéral Économie d’examiner si ces futures règles européennes rendraient possible une interdiction (partielle) du GNL russe à Zeebrugge. Elle attend une réponse d’ici début avril et prendra des mesures en conséquence, a indiqué son cabinet.
Le spécialiste de l’énergie Mathieu Blondeel (VU Amsterdam) y voit une opportunité. L’Europe semble également être en mesure de traverser son troisième hiver en toute sécurité avec beaucoup moins de gazoduc russe. Les prix du gaz ont désormais presque atteint leur niveau d’avant-guerre. Ils coûtent désormais environ 25 euros le mégawattheure. Blondeel : « Mais étant donné la crise de l’industrie européenne, je pense que l’Allemagne, par exemple, va rapidement freiner. »
L’Allemagne alimente son moteur économique depuis des décennies grâce au gazoduc russe bon marché. Une grande partie du GNL importé via Zeebrugge est désormais destinée à l’industrie allemande.