Nous savons qui perd dans cette crise énergétique. Un nouveau rapport montre qui gagne

Nous savons tous qui perd à cause des prix élevés de l’électricité. vous et moi. Un nouveau rapport de l’organisme de surveillance de l’énergie CREG montre qui gagne dans notre pays. Surtout les exploitants de centrales électriques au gaz, il s’avère. Les centrales nucléaires ne sont pas une mine d’or.

Jérôme Van Horenbeek22 mars 202216:32

centrales électriques au gaz

L’Observatoire de l’énergie estime le bénéfice d’exploitation d’une centrale à gaz belge moyenne entre 39 et 46 millions d’euros pour 2021. Il existe neuf centrales à gaz (appelées STEG) en Belgique. Au total, le bénéfice s’élève donc à 414 millions d’euros.

Pour Zandvliet Power, la centrale électrique au gaz que le géant de la chimie BASF et Engie exploitent ensemble, le bénéfice s’élèverait à environ 51 millions d’euros. Pour la centrale au gaz de Seraing d’EDF Luminus, ce serait bon pour 66 millions d’euros. La CREG « s’attend à ce que les centrales électriques au gaz existantes réalisent également des gains similaires en 2022 ».

Les bénéfices historiques des centrales électriques au gaz ont tout à voir avec le trading adossé à des actifs. Les énergéticiens qui exploitent des centrales électriques au gaz en Belgique ont des contrats à long terme pour la fourniture de leur installation. En raison de l’augmentation spectaculaire des prix du gaz naturel, il est désormais financièrement plus intéressant pour les opérateurs de ne pas convertir le gaz naturel qu’ils ont acheté à bas prix en électricité, comme c’est l’habitude, mais de le revendre eux-mêmes aux prix élevés d’aujourd’hui.

Ils achètent l’électricité que les exploitants de centrales à gaz doivent à leurs clients sur le marché de l’électricité. De cette manière, les opérateurs réalisent des bénéfices exceptionnels, sans avoir à faire fonctionner leurs centrales au gaz. Souvent, ils restent assis.

Moulins à vent en mer

Selon la CREG, il n’y a « actuellement aucun excédent de profit » pour les exploitants des éoliennes offshore. Les anciens parcs offshore C-Power, Belwind, Northwind et Nobelwind reçoivent un soutien permanent du gouvernement (entre 90 et 107 euros par mégawattheure). Ils perçoivent également des revenus de la vente de l’électricité elle-même.

A première vue, ces parcs éoliens devraient aujourd’hui faire des affaires en or, grâce à la crise de l’énergie. Cependant, la CREG note que les exploitants de ces parcs sont en partie liés à des contrats à long terme de vente d’électricité. Il s’agit de contrats qui ont été négociés en 2016 ou avant. Ensuite, les prix étaient bas.

Quant aux parcs offshore plus récents Rentel, SeaStar, Mermaid et NW2, ils bénéficient d’un soutien gouvernemental variable automatiquement adapté aux conditions du marché et, selon la CREG, « ne bénéficient pas de la hausse récente des prix ».

centrales nucléaires

La semaine dernière, le gouvernement Vivaldi s’est prononcé en faveur de la prolongation de la durée de vie des deux plus jeunes centrales nucléaires de Belgique. Un point crucial des négociations avec l’opérateur Engie Electrabel sera la taxe que notre pays veut imposer pour écrémer les bénéfices futurs des deux centrales nucléaires.

Au regard de la situation actuelle, la CREG indique qu’aucun bénéfice excédentaire n’est enregistré par Engie Electrabel. Ceci est remarquable car les installations nucléaires peuvent produire de l’électricité à relativement bon marché. De l’électricité qu’ils peuvent désormais revendre à prix d’or.

La principale raison pour laquelle la CREG ne veut pas parler de profits exceptionnels est qu’Engie Electrabel a connu des années plutôt difficiles financièrement. Cela s’explique en partie par le fait que de nombreuses centrales nucléaires ont rencontré des problèmes techniques ces dernières années. « Nonobstant les bénéfices importants qui sont attendus actuellement et dans un avenir proche, on peut conclure qu’ils apporteront un pourcentage légèrement plus élevé au cours de la période 2016-2024 que prévu dans les différentes réglementations en la matière », précise la CREG.

Au cours de la période 2016-2021, le gouvernement a écrémé environ 60 % de la marge bénéficiaire des centrales nucléaires Doel 3, Doel 4, Tihange 2 et Tihange 3. Cela concerne 720 millions d’euros sur un total de 1,18 milliard.

Le chien de garde de l’énergie fait une autre suggestion aux politiciens. « Si les autorités fédérales considèrent néanmoins que les bénéfices attendus sont excessifs, elles peuvent décider d’une contribution exceptionnelle supplémentaire, comme c’est le cas, par exemple, en France. »

Fournisseurs d’énergie

Qu’en est-il des fournisseurs d’énergie eux-mêmes ? En septembre 2021, la CREG a établi que la hausse des prix des contrats de certains fournisseurs d’énergie était supérieure à la hausse des prix sur le marché lui-même. Ce qui pose immédiatement la question de savoir si ces augmentations ne génèrent pas des profits excessifs pour les fournisseurs ? En bref : s’ils n’abusent pas de la crise énergétique ?

Finalement, la CREG a décidé de ne pas le faire. Les fournisseurs suivent le marché et s’ils le dépassent, c’est pour couvrir leurs propres risques économiques.

En effet, les consommateurs ont aujourd’hui la possibilité de résilier leur contrat d’énergie, à condition de respecter un délai de préavis d’un mois. Si les prix baissent, les consommateurs qui optent actuellement pour un nouveau contrat au forfait ont tout intérêt financier à rompre le contrat.

Dans ce cas, les fournisseurs d’énergie peuvent être amenés à vendre sur les marchés l’électricité et le gaz qu’ils ont achetés pour couvrir leurs ventes au forfait à un prix inférieur à leur prix d’achat. De telles ventes d’électricité ou de gaz à des prix inférieurs pourraient, selon la CREG, entraîner « des pertes importantes pour les fournisseurs ».



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