“Nous n’atteindrons peut-être pas le milliard d’euros” : pourquoi la nouvelle obligation d’État est déjà un échec

Commençons par mettre les faits au clair. Quatre fois par an, le gouvernement fédéral émet des obligations destinées au grand public. Elle le fera à nouveau en décembre. Les nouvelles obligations d’État auront une durée de cinq et huit ans. Celui-ci est soumis à un précompte mobilier de 30 pour cent, comme c’est le cas pour la plupart des produits d’épargne et d’investissement.

L’Agence de la dette n’annoncera le taux d’intérêt auquel les nouvelles obligations seront émises que le 28 novembre. Pour vous donner une idée : le taux d’intérêt actuel d’une obligation à cinq ans du gouvernement belge est d’environ 2,86 pour cent. Soustrayez les 30 pour cent de retenue à la source et vous obtenez un rendement net d’environ 2 pour cent. “Un chiffre de cet ordre semble être une bonne estimation”, estime Jean Deboutte, directeur de l’Agence de la dette.

Malgré de grandes attentes, le ministre fédéral des Finances Peter Van Peteghem (CD&V) et l’Agence de la dette n’opteront pas à nouveau pour un emprunt d’État d’une durée d’un an, comme en septembre. Le résultat fut le gigantesque succès bien connu : environ 600 000 personnes se sont inscrites pour un montant total de 21,9 milliards d’euros.

Banques

Les conditions des obligations d’État en septembre étaient donc particulières. Le délai était d’un an et le précompte mobilier était réduit à 15 pour cent. L’intention était alors de concurrencer les banques, qui n’augmentaient pas leurs taux d’épargne.

Depuis le grand succès du chèque gouvernemental, ils ont fait (un peu) ça. Les petites banques comme Santander (2,85 et 2,65 pour cent) ou MeDirect (2,8 pour cent) ont augmenté leurs taux d’épargne. Les quatre grandes banques aussi, mais dans une moindre mesure. Quoi qu’il en soit, l’écart avec le taux de dépôt de la BCE, qui atteint désormais un niveau record de 4 %, reste assez élevé. Van Peteghem avait menacé de répéter son tour de septembre si les banques n’augmentaient pas leurs taux d’épargne, mais il a choisi de ne pas mettre ses paroles en pratique.

“Une tendance positive est déjà visible”, a déclaré son cabinet.

Le gouvernement fédéral doit trouver un équilibre entre encourager les banques à devenir plus compétitives et ne pas leur rendre la vie trop difficile. On craint qu’une répétition du succès de septembre ne mette en difficulté les petites banques. Ils verraient alors beaucoup d’argent disparaître de leur bilan pour la deuxième fois. Johan Thijs, CEO de KBC Groupe, a souligné la semaine dernière que ce sont principalement des clients disposant d’un patrimoine d’environ 250 000 euros qui ont acheté chez eux des obligations d’État.

Tout cela a réduit l’enthousiasme pour une nouvelle obligation d’un an à des conditions compétitives. «Refaire exactement la même chose maintenant ne ferait que nuire à la campagne électorale de certains (Van Peteghem, PG) servir”, a déclaré la semaine dernière à VTM le président du MR, Georges-Louis Bouchez. Aucun des autres partis n’est favorable à cela.

D’un autre côté, le gouvernement fédéral s’inquiète de la concurrence limitée entre les banques, surtout après que l’Autorité belge de la concurrence a publié la semaine dernière un rapport qui tire exactement cette conclusion. “Mais il existe aussi d’autres moyens de stimuler structurellement la concurrence”, a indiqué le cabinet du ministre de l’Économie et du Travail Pierre-Yves Dermagne (PS).

Trop de succès

Bien que la principale raison de ce long terme soit en fait le grand succès des précédentes obligations d’État. Cela a dépassé les attentes. Normalement, le gouvernement utilise l’argent qu’il lève grâce aux obligations pour financer des obligations d’État sur le point d’expirer et le déficit budgétaire. Grâce au grand succès, les prévisions pour l’année ont déjà été atteintes et dépassées. Le gouvernement a donc dû investir lui-même l’argent « excédentaire », y compris dans les obligations d’État françaises. “Ce sera difficile d’avoir à nouveau un tel succès et autant d’argent en main”, estime Deboutte.

Dans l’ensemble, il semble peu probable que les nouvelles obligations d’État belges connaissent un autant succès que les précédentes. «Beaucoup moins de gens s’inscriront», déclare Pascal Paepen, professeur de banque et de bourse (KU Leuven, savingvarkens.be). « Nous n’atteindrons peut-être pas le milliard d’euros. Ce sera peut-être un échec prémédité. Ce n’est pas une mauvaise chose non plus. Qu’est-ce qu’on fait? Réinvestir dans les finances françaises ? Cela ne peut pas être l’intention.

La question demeure pour qui ces obligations d’État pourraient constituer un bon investissement. «Cela est possible pour les personnes qui souhaitent prendre leur retraite, mais qui ne souhaitent pas opter pour des actions, par exemple parce qu’elles sont à la retraite», explique Paepen. “Mais c’est en fait une bonne chose pour ceux qui sont convaincus que les taux d’intérêt vont baisser à long terme.”

Selon Paepen, les premiers signes sont déjà visibles. « Nous pourrions certainement connaître une crise économique ou une récession en Europe. Il y a donc de fortes chances que les banques centrales baissent les taux d’intérêt. Vous pouvez spéculer là-dessus grâce à une obligation d’État comme celle-là.

Vous pouvez vous inscrire au chèque de l’État à partir du jeudi 30 novembre. Cela peut être fait jusqu’au 7 décembre par l’intermédiaire du gouvernement lui-même et jusqu’au 8 décembre par l’intermédiaire de la banque. Le montant minimum pouvant être déposé est de 100 euros.



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