Après des années de doutes et de discussions, cela semble être exact. De plus en plus de jeunes adultes meurent du cancer du côlon en Europe. Cela ressort clairement d’une nouvelle étude à grande échelle, publiée dans Annales d’oncologie. Selon le spécialiste de l’intestin Luc Colemont, le moment est venu pour notre gouvernement de réagir. Il explique pourquoi les chiffres augmentent et comment vous pouvez vous alerter. « Nous devons abaisser l’âge du test gratuit du cancer du côlon à 45 ans. »
« Tant chez les hommes que chez les femmes, nous ne constatons actuellement aucune augmentation du nombre de cas mortels de cancer colorectal en Belgique. » La Cancer Register Foundation l’a récemment rapporté à la suite d’une étude américaine qui montrait que le cancer du côlon était le cancer le plus mortel chez les hommes jeunes. Mais une nouvelle étude semble désormais confirmer la tendance américaine. Et cette fois, la recherche scientifique ne vient pas des États-Unis ou d’Australie, mais d’Europe.
Que dit cette nouvelle étude scientifique ?
Dans cette étude, les scientifiques ont examiné les taux de mortalité par cancer dans cinq grands pays européens : la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Pologne. Ils ont tenté de prédire combien de personnes mourraient de la maladie en 2024. La première conclusion est positive : le nombre de décès par cancer diminuerait par rapport à 2018, tant chez les hommes (-6,5%) que chez les femmes (-4,3%).
Le nombre de décès dus au cancer du côlon diminue à tous les âges, mais pour les jeunes adultes entre 25 et 49 ans, on constate une nette augmentation dans plusieurs pays européens.
Mais il y a aussi eu des nouvelles clairement négatives. Les scientifiques sont arrivés à la conclusion que le cancer du côlon suit le mouvement inverse. Le nombre de décès dus au cancer du côlon diminue à tous les âges, mais on constate une nette augmentation chez les jeunes adultes entre 25 et 49 ans. En Italie, le nombre de décès dus au cancer du côlon a augmenté en quelques années de 1,5 pour cent chez les hommes et de 2,6 pour cent chez les femmes. Au Royaume-Uni, l’augmentation est encore plus extrême. Il s’agit d’une augmentation de 36,1 pour cent chez les hommes et de pas moins de 38,6 pour cent chez les femmes.
Est-ce également le cas en Belgique ?
«Il ne faut vraiment pas en douter», déclare Luc Colemont, spécialiste de l’intestin. « Nous observons cette tendance aux États-Unis depuis bien plus longtemps. Mais à l’époque, on prétendait toujours que cela était dû à leur mode de vie. Certains experts ont déclaré que les Américains avaient une alimentation moins saine, ce qui leur donnait un IMC plus élevé et les rendait plus vulnérables au cancer du côlon. Récemment, les mêmes chiffres sont également apparus en Australie. Puis la pensée s’est posée : il s’agit d’un groupe de population complètement différent de celui des Américains, n’est-ce pas ?
Peu importe que l’étude porte sur des Allemands ou des Français, nous, Belges, avons à peu près le même style de vie.
Cette nouvelle étude menée dans l’UE le prouve désormais. La même chose arrive aux jeunes Européens. Et le fait que cette étude concerne des Allemands ou des Français, par exemple, n’a pas vraiment d’importance. Nous avons à peu près le même style de vie et notre population se compare très bien à eux.
Pourquoi ces chiffres augmentent-ils soudainement ?
« Nous ne pouvons pas le dire exactement. Les facteurs de risque connus sont l’obésité, la consommation d’alcool et la réduction de l’exercice. Mais nous ne savons pas avec certitude si ce sont les véritables facteurs à l’origine de cette augmentation. Une modification de la flore intestinale peut aussi y être pour quelque chose.
Nous constatons que les millennials (1986-2000) sont au moins deux fois plus susceptibles de développer un cancer du côlon
Comment limiter les risques si l’on a moins de cinquante ans ? « Nous savons que l’on peut réduire d’un quart le risque de cancer du côlon en ne fumant pas, en ne buvant pas de manière excessive, en faisant suffisamment d’exercice, en ayant une alimentation équilibrée et en ne faisant pas de surpoids. Mais encore une fois, beaucoup de mystère entoure cette maladie. Nous constatons que les millennials (1986-2000) sont au moins deux fois plus susceptibles de développer un cancer du côlon que ma génération. Nous n’avons pas d’explication claire à cela.
Comment pouvons-nous éviter davantage de décès ?
« Je préconise d’abaisser à 45 ans l’âge du Population Screening, le test gratuit du cancer du côlon. Cet âge est maintenant de 50 ans. De cette façon, nous pouvons détecter la maladie plus tôt chez de nombreuses personnes et ainsi mieux la traiter. Je sais que notre gouvernement base ce test sur des chiffres belges, mais nos dernières données datent de 2020. Il faudra donc attendre encore deux à trois ans pour obtenir des chiffres de 2023. Il me semble que c’est une grosse erreur d’ignorer ce signal, simplement parce que seulement car nous n’avons pas de chiffres actuels en Belgique. Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard. »
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