Noël avec Lorenzo Viotti : 2000 gorges crient ‘Alléluia !’


« Mon art se meurt. » Le chef d’orchestre Lorenzo Viotti (32 ans), chef de l’Opéra national et de l’Orchestre philharmonique des Pays-Bas, a prédit un avenir sombre pour la musique classique, la semaine dernière à Pas le dimanche. Pourquoi est-il si présent sur Instagram, avec ou sans torse nu ou semi-nu au bord d’un lac alpin ? Eh bien, en partie à cause de cela. Pour rendre un jeune public curieux de lui – et de la musique classique.

Tous ceux qui s’attendaient à une salle pleine de jeunes fans en raison de tout le buzz autour de «l’effet Viotti» ont été un peu déçus, même s’il y avait en effet un nombre remarquable de vélos alignés contre le Concertgebouw. Le public encore majoritairement plus âgé n’avait pas l’air très jeune mais remarquablement diversifié; plus de familles, plus de personnes dans la quarantaine et aussi des personnes dans la vingtaine et la trentaine. Cela a donné raison à Viotti : il répond à un besoin, même si son parcours n’est pas le seul. Le futur chef du KCO, Klaus Mäkelä, a encore six ans de moins que Viotti et fait également salle comble – en col roulé.

Fête avec soeur Viotti

Parce que les jours les plus sombres d’une époque déjà sombre appellent une injection d’espoir, de chaleur et de plaisir, Viotti amène cette semaine l’Orchestre Philharmonique des Pays-Bas entre les représentations de Turandot au Dutch National Opera dans un concert festif éclectique avec un programme tel qu’une bonbonnière de Noël, pleine de paillettes et de guirlandes crème.

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Vendredi, seize arias et courtes pièces orchestrales ont défilé en une heure et demie étroitement scénarisées devant un public extrêmement enthousiaste. Viotti a le vent en poupe ; son timing est précis, son antenne théâtrale n’a pas besoin de couronne ; avec « Can Can » de Strauss, il était permis d’applaudir. Toujours en développement est son nez pour le point d’ébullition du sirop. Dans des pièces comme Saint-Saëns « Mon cœur s’ouvre à ta voix », la séduction orchestrale peut pendre comme une goutte grumeleuse à la baguette, chez Viotti – percussionniste d’origine – les rythmes restent serrés.

Cela n’a pas du tout gâché l’ambiance festive. Pour une bonne raison : Adriana Gonzalez et Marina Viotti (sœur) étaient toutes deux idéales pour créer l’ambiance. Gonzalez – travaillant sur une grande carrière – a fait des attraits avec sa chaude soprano puissante du ‘Viljalied’ (de Léhars La joyeuse Witwe) et La chanson de Marietta (Corngolds La ville fourre-tout). Marina Viotti n’a tout simplement pas réalisé la finesse de son beau CD récent Hommage à Pauline Viardot, mais elle a aussi un beau son et beaucoup de charme. Dans la bien-aimée « Barcarolle » d’Offenbach, les deux voix fusionnaient idéalement.

Piaf et Bjork

Attraction supplémentaire pour les deux chanteurs : ils peuvent faire plus que du classique. Marina Viotti était à son apogée dans le grésillant Piaf inhaker ‘Padam Padam’ et a fait siffler la maison en groupe dans le classique de Björk « C’est si calme ». Le clou : avec ses deux mille en écho avec « Hallelujah » de Leonard Cohen. Cela ne devient pas plus Noël en des temps séculaires, Viotti a bien géré cela.



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