Ngapeth, musique pour Modène : « Cev est un plus : on est plus serein »

Après le triomphe en Europe, délicat match 5 des quarts de finale des playoffs face à Plaisance lundi. Les téléchargements français: « En mai, je chanterai à Paris »

Ricardo Crivelli

Earvin Ngapeth a toujours eu l’habitude de les chanter à ses adversaires à coups de marteau sur un terrain de volley. En mai, cependant, sa passion pour la musique se sublimera dans un grand concert à Paris : entre-temps, il a offert à Modène la Cev Cup, le premier triomphe européen du club après 15 ans et, en leader indomptable, il s’apprête à prendre par la main dans le délicat match-5 de lundi soir face à Piacenza en quart de finale des playoffs.

De 2016, année du triplé en Italie, à 2023, le retour au sommet européen, il y a toujours la main de Ngapeth dans les victoires du Gialloblù…

« Je suis très content, Modène est une ville qui respire le volley et gagner ici donne toujours une émotion particulière. J’en parlais avec Bruno et Rossini (le passeur et lanceur franc, ndlr) qui, comme moi, ont vécu cette fabuleuse année 2016 : soulever des trophées où bat le cœur d’une incroyable passion donne une satisfaction indescriptible ».

Pas un mince exploit : il fallait replacer un 3-0 et qui plus est à l’extérieur.

« Je pense que le succès est né lorsque nous avons joué à domicile en championnat contre Pérouse, avec une salle comble et un enthousiasme qui nous faisait trembler les jambes. Nous nous sommes regardés dans les yeux et nous nous sommes promis de faire de notre mieux pour donner de la joie à notre peuple. Et lors de la finale de Cev, lors du retour en Belgique, ce souvenir nous a donné l’élan décisif ».

Mais il n’y a pas beaucoup de temps pour faire la fête : un formidable match éliminatoire vous attend lundi, comme le sont tous les matchs à l’intérieur ou à l’extérieur.

« Piacenza est une équipe très forte, nous avons pris un bon départ dans la série puis nous nous sommes compliqué la vie. La victoire en Cev Cup est fondamentale sur le plan psychologique, il nous fallait aussi un déclic mental pour repartir après trois défaites où nous n’avions même pas gagné un set et nous avions toujours été en retard au score. Maintenant, le moral est très haut : nous avons déjà obtenu la prime, nous sommes sereins ».

Comment vous retrouvez-vous dans le rôle de mentor de Sanguinetti et Rinaldi, les jeunes dont Modène a décidé de repartir après la révolution estivale avec le changement de propriétaire ?

« Je me souviens de ce qu’on disait de nous au début du championnat : cette équipe ne fera pas les playoffs. Au lieu de cela, nous avons terminé troisième de la saison régulière et remporté une Coupe d’Europe. On savait que ça pouvait être une saison compliquée, c’est pourquoi nous « vieux » avons fait un pacte : l’exemple et le coup de pouce pour les plus jeunes devaient venir de nous. Puis Sanguinetti et Rinaldi ont fait leur part : je n’ai jamais vu deux garçons de cet âge progresser aussi vite et devenir décisifs en si peu de temps ».

Élargir les horizons : à quel point êtes-vous excité à l’idée de pouvoir défendre le titre olympique remporté à Tokyo lors de vos Jeux à domicile, à Paris 2024 ?

« Je pense qu’il n’y a pas de plus grande émotion pour un athlète que de pouvoir jouer les Jeux olympiques à la maison. Avant la finale de Tokyo, j’avais dit à mes coéquipiers que c’était le rendez-vous de la vie, mais quand on s’est retrouvé en équipe nationale je me suis corrigé : le rendez-vous de la vie sera à Paris dans un an. Nous tous, joueurs français, nous préparons déjà pour ces journées. »

Son club et entraîneur de l’équipe nationale, Andrea Giani, avait une relation plutôt controversée avec l’Olimpiade en tant que joueur. Toi et Bruno ne lui rappelez-vous pas de temps en temps ?

« (Rires) Il vaut mieux ne pas plaisanter avec Giangio. Jamais. Ça veut dire que je vais essayer de le faire gagner en tant qu’entraîneur avec la France ».

Le 18 mai à Paris vous donnerez un concert présentant l’album dans lequel vous avez rassemblé toutes vos chansons de rap. Que représente la musique pour vous ?

« C’est ma façon de me détacher du volleyball et de garder ma tête occupée avec autre chose. D’un autre côté, j’ai d’abord appris à chanter, puis à jouer au volley-ball. Je suis content que mes chansons aient eu du succès, le concert sera aussi un hommage à mes fans ».

Quel message souhaitez-vous faire passer ?

« Il y a beaucoup de moi dans les chansons et bien sûr le volleyball. Mais aussi mon idée du monde ».



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