Nézet-Séguin montre la puissance d’un spectacle vivant avec son Mahler


Comme Yannick Nézet-Séguin a dû être heureux d’être de retour dans son Rotterdam familier. La veille, il a joué le programme Mahler 4 à la Philharmonie de l’Elbe à Hambourg, où il a dû déposer la baguette à deux reprises pour « sabotage public ». Un téléphone qui n’arrêtait pas de sonner, une dame qui a failli s’étouffer en ronflant : le critique allemand se demandait nerveusement si Nézet-Séguin reviendrait un jour

Non, alors le public de Rotterdam. Les fragiles mesures d’ouverture de la prière de paix du compositeur ukrainien Sylvestrov font tousser les gens avec irrévérence, mais Nézet-Séguin réussit bientôt à attirer l’auditoire dans sa concentration. Et comment pourrait-il en être autrement? C’était un concert par excellence qui vous rappelait la puissance d’une performance live, d’une attention vraiment concentrée. Ici, quelque chose de fascinant s’est produit sur la scène dont vous ne pouviez pas détourner le regard.

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Qualité intrigante

L’impressionnante mezzo-soprano Karen Cargill était parfaite pour son rôle dans les chansons d’Alma Mahler, impassiblement accompagnée par l’orchestre. Le fait qu’une certaine hésitation de l’intonation se soit glissée en un seul point de la hauteur n’a pas nui à la qualité intrigante, qui fait également partie d’une performance en direct.

Et puis Mahlers a célébré. Un répertoire pas tout à fait obscur, et pourtant Nézet-Séguin a toujours suscité la curiosité de savoir comment ça allait se passer. Il appréciait contagieusement les lignes mélodiques de son orchestre, et mettait naturellement en valeur les détails, sans que cela devienne frivole ou vaine absurdité. L’interprétation était d’une belle nuance, avec des climax de bon goût. Béni soit le chef d’orchestre qui sait faire jouer son orchestre avec une si belle douceur. La soprano Christiane Karg a chanté l’ébat céleste comme pour traverser un anneau si joliment phrasé. Un bon concert de conte de fées, le genre qui vous fait voir les couleurs de la ville un peu différemment par la suite. Les Burgers ont raté quelque chose.



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