Benjamin Netanyahu s’est rapproché de la formation de ce qui serait le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël, après que son groupe du Likud a conclu un accord de coalition avec le parti d’extrême droite Sionisme religieux.
En vertu de l’accord, le sionisme religieux, dirigé par l’extrême droite Bezalel Smotrich, contrôlera initialement le ministère des Finances et aura un ministre au ministère de la Défense chargé de superviser les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée.
L’accord est le dernier d’une série d’accords de coalition conclus par Netanyahu qui ont donné des postes clés dans l’administration entrante à des personnalités qui, jusqu’à récemment, habitaient en marge de la politique du pays. Ils ont depuis été catapultés au cœur du gouvernement après que leur alliance, que Netanyahu a aidé à négocier, est arrivée troisième lors des élections du mois dernier.
La semaine dernière, Netanyahu a conclu un accord avec le parti d’extrême droite Jewish Power qui ferait de son chef, Itamar Ben-Gvir – un ultranationaliste précédemment condamné pour incitation au racisme qui, jusqu’à il y a quelques années, gardait chez lui une photo de un extrémiste juif qui a abattu 29 Palestiniens dans une mosquée — le nouveau ministre de la Sécurité nationale.
Puis, lundi, le Likud a conclu un accord avec le parti farouchement anti-LGBT+ Noam qui confierait à son chef, Avi Maoz – qui a précédemment déclaré que la plus grande contribution d’une femme à la société est de se marier et d’élever une famille – à la tête d’un nouveau parti organe chargé de la promotion de l’identité juive.
Les grandes lignes du nouveau gouvernement ont consterné les Israéliens centristes et suscité un malaise chez certains alliés du pays. Ancien ministre des transports, Smotrich avait initialement sollicité le portefeuille de la défense mais, suite au lobbying contre celui-ci des responsables américains, il est désormais appelé à devenir ministre des finances.
Fils d’un rabbin qui a grandi dans une colonie religieuse de Cisjordanie, Smotrich s’est insurgé contre la minorité arabe d’Israël, affirmant lors d’un débat parlementaire l’année dernière que le premier dirigeant d’Israël, David Ben Gourion, aurait dû expulser tous les Arabes du pays.
« Vous êtes ici par erreur, c’est une erreur que Ben Gourion n’ait pas terminé le travail et ne vous ait pas chassé en 1948 », a-t-il dit aux législateurs arabes qui l’avaient interpellé.
Il a également exprimé son hostilité envers la communauté LGBT+, se décrivant en 2015 comme un « fier homophobe ». En 2006, il a participé à une « Beast Parade » pour protester contre les défilés de la fierté d’Israël, au cours desquels des militants ont fait défiler des chèvres et des ânes à travers Jérusalem en portant des pancartes attaquant la communauté LGBT+. Il a depuis exprimé ses regrets pour ses actes.
Le parti de Smotrich est opposé à la création d’un État palestinien et soutient l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie, que les Palestiniens recherchent comme le cœur de leur futur État, mais qu’Israël occupe depuis 1967.
En vertu de l’accord conclu jeudi soir, le sionisme religieux aura autorité sur les activités dans les colonies, qui sont considérées comme illégales par la plupart de la communauté internationale, mais le parti devra agir « en coordination et en accord » avec Netanyahu.
Le parti dirigera également une commission parlementaire chargée de refondre le système judiciaire, lui ouvrant la voie pour faire passer les réformes qui, selon lui, sont nécessaires pour lutter contre les excès de la justice.
Mais les opposants craignent que les réformes envisagées, qui incluent un plan permettant au parlement d’annuler les décisions des hautes cours, ne suppriment les freins et contrepoids cruciaux des gouvernements israéliens.
Lors d’une attaque virulente en début de semaine, le Premier ministre sortant Yair Lapid a déclaré que le programme du nouveau gouvernement entraînerait le pays « dans une spirale dangereuse et antidémocratique qui met en danger l’économie, nuit à la sécurité et entraînera des sanctions internationales contre nous ».
Outre le sionisme religieux, le pouvoir juif et Noam, Netanyahu cherche également à conclure des accords de coalition avec deux partis religieux qui représentent la communauté ultra-orthodoxe d’Israël. Il a jusqu’au 11 décembre pour former une coalition mais peut demander une prolongation de deux semaines si nécessaire.