Le Queer & Pride Amsterdam commence ce samedi. Pour certains, c’est une fête qui rivalise avec la Fête du Roi en termes d’animations, notamment la parade des bateaux (la Canal Parade) le 5 août. Pour d’autres, toute l’agitation est une raison de fuir la ville.

Dans les coulisses de Queer & Pride, il n’y a plus eu d’ambiance de fête depuis longtemps. L’organisateur d’origine Stichting Pride Amsterdam doit maintenant organiser l’événement du conseil municipal avec Queer Amsterdam. Et bien que les deux organisations essaient de rayonner autant de paix et d’harmonie que possible vers le monde extérieur, en fait c’est la guerre, comme nous l’avons lu la semaine dernière dans une reconstitution La libération conditionnelle. Pour faire simple : une bataille entre le gai gai traditionnel, qui aime traîner dans la Reguliersdwarsstraat le week-end, et qui passe ses journées en costume sur le Zuidas du lundi au vendredi, contre l’activiste de couleur, qui se dresse sur les barricades contre toute injustice. « Queer Amsterdam représente cela […] renforcer la […] position de toutes les personnes qui s’identifient comme LGBTQIAP+ », selon l’organisation sur son site internet. « L’anti-discrimination dans tous les domaines est l’une de nos valeurs fondamentales. » À La libération conditionnelle Queer Amsterdam a fait savoir qu’elle n’attend pas du tout les fêtes joyeuses et les défilés de bateaux commerciaux.

Queer Amsterdam est sous le charme de l’intersectionnalité, un mot qui n’existe chez Van Dale que depuis 2018. Les partisans de cette théorie veulent relier toutes les sous-luttes contre l’oppression et l’inégalité. La lutte contre l’oppression LGBT, c’est la lutte contre l’inégalité des femmes, c’est la lutte contre le racisme, contre le (néo-)colonialisme, contre l’islamophobie et souvent aussi contre le capitalisme. Ce que toutes ces luttes auraient en commun, c’est un « oppresseur » commun : l’homme cis blanc, occidental, hétérosexuel.

Ensemble, donc, jusqu’à ce que toute injustice soit éradiquée. Il ne peut être question d’une fête juste pour célébrer le fait d’être gay. Le mot « gay » est depuis longtemps tombé en disgrâce avec ce mouvement, et le mot « gay » ne peut pas non plus être trouvé sur le site Web de Queer Amsterdam. Le groupe utilise le terme « queer » ou la série de lettres bien connue mentionnée précédemment qui s’allonge de plus en plus.

Cela semble noble bien sûr : défendre tous les opprimés et pas seulement son propre groupe. Pourtant, vous pouvez commenter cela. Et pour des raisons de commodité, je laisserai de côté pour le moment la diabolisation de l’homme blanc comme coupable.

Le problème est que les groupes prônés par les mouvements intersectionnels ont parfois des idées et des pratiques contradictoires. Cela conduit souvent à des conflits et des scissions, voir tous les tracas au parti politique Bij1. C’est précisément la lutte pour les droits et l’émancipation des homosexuels qui est un point difficile. C’est en Occident que l’émancipation gay a le plus progressé. Dans d’autres cultures, c’est un point d’attention, c’est le moins qu’on puisse dire. En gros, il en va de même pour la lutte contre l’oppression des femmes et le sexisme.

La scission de l’intersectionnalité émerge à Queer & Pride, entre autres, lorsque les drapeaux palestiniens flottent. C’est un ingrédient régulier de Queer & Pride Projet Zéro Drapeaux: chaque année, les drapeaux des pays où l’homosexualité est encore une infraction pénale sont affichés. L’idée est que le nombre de drapeaux finira par tomber à zéro. Cette année, il y a 69 drapeaux. L’un d’eux est le Palestinien. Mais il y a de fortes chances que le drapeau palestinien ait aussi une image positive, portée par des intersectionnistes qui soutiennent chaleureusement la lutte du peuple palestinien contre l’oppresseur israélien.

Il y a beaucoup à critiquer sur la politique (de colonisation) israélienne. Je suis également très préoccupé par la direction dans laquelle le pays évolue actuellement. Mais d’un point de vue gay/gay/queer, c’est bizarre de manifester contre le pays. Tel Aviv est l’une des rares villes du Moyen-Orient où la communauté LGBT peut se déplacer librement. A Ramallah, je ne l’essayerais pas.

L’homosexualité est une infraction pénale dans de nombreux pays islamiques. En Afghanistan et en Iran, mais aussi en Mauritanie et en Arabie saoudite, vous encourez la peine de mort. Les condamnations à perpétuité pour les personnes LGBT suivent dans de nombreux autres pays. Il n’y a pas de telles lois en Égypte et en Turquie, mais la fierté gaie n’y est pas non plus évidente ces dernières années. Même en Indonésie, les choses se dégradent.

The Queer & Pride devrait dénoncer cela. Il existe d’autres plates-formes pour manifester contre Israël. La solidarité entre les opprimés ne doit pas diluer le message premier d’acceptation et d’émancipation mondiale des homosexuels.

Aylin Bilic est chasseur de têtes et publiciste. Elle remplace Rosanne Hertzberger à cette place.



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