Moscou et Kiev s’accusent d’avoir fait exploser un pipeline d’ammoniac, la Russie diffuse des images d’explosion

Les Russes sont depuis longtemps mécontents de l’accord sur les céréales et souhaitent la réouverture du pipeline d’ammoniac en échange de céréales ukrainiennes exportées à travers la mer Noire. Cela ne semble pas possible pour le moment, maintenant que le pipeline a été endommagé.

L’explosion s’est produite lundi soir près de Maksyutovka, un village de la région de Kharkiv contrôlé par les forces russes. Selon un porte-parole du Kremlin, il faudra un à trois mois pour que la ligne soit rétablie, « dans la mesure où le site est accessible ».

Moscou désigne les saboteurs ukrainiens comme responsables de l’attaque et affirme que des civils ont été blessés. « Un groupe de sabotage ukrainien a fait exploser le pipeline d’ammoniac Togliatti-Odessa », a déclaré le ministère russe de la Défense. « Plusieurs civils ont été blessés. Ils ont reçu l’assistance médicale nécessaire », indique le communiqué.

Le gouverneur ukrainien de Kharkiv a déclaré que les Russes avaient tiré à plusieurs reprises sur le pipeline. Les ennemis s’accusent également mutuellement d’avoir fait sauter le grand barrage de Nova Kachovka et se sont précédemment accusés d’explosions au niveau du gazoduc Nord Stream, destiné à l’exportation de gaz russe vers l’Europe.

La ligne Togliatti-Odessa est le plus long pipeline d’ammoniac au monde avec près de 2 500 kilomètres. La Russie est l’un des plus grands exportateurs d’ammoniac au monde, en particulier vers l’Asie et l’Afrique. Grâce à ce pipeline depuis l’usine chimique de Togliatti, le plus grand producteur d’ammoniac de Russie et l’un des plus grands au monde, la Russie a pu exporter plus de 2,5 millions de tonnes d’ammoniac par an, y compris vers l’Union européenne.

L’ammoniac est un ingrédient essentiel des engrais. La Russie est donc aussi l’un des plus grands producteurs d’engrais.

Au début de l’offensive russe en Ukraine en février 2022, l’utilisation du pipeline a été suspendue. Lors des négociations sur l’exportation de céréales ukrainiennes, il a été convenu que la Russie remettrait le pipeline en service.

Le président russe Vladimir Poutine avait précédemment menacé de se retirer de l’accord sur les céréales si les obstacles aux exportations russes d’aliments et d’engrais n’étaient pas résolus. Moscou a également menacé concrètement de limiter le nombre de navires autorisés à se rendre au port ukrainien de Pivdennyi (près d’Odessa) jusqu’au redémarrage du pipeline d’ammoniac.

Les engrais eux-mêmes ne font pas partie des sanctions occidentales contre la Russie, mais de nombreux ports ont pratiquement freiné les exportations. En outre, de nombreuses compagnies maritimes ont également quitté le pays et de nombreuses banques et assureurs internationaux y renoncent également.

« Ce pipeline d’ammoniac était l’une des pierres angulaires de la mise en œuvre des accords conclus à Istanbul le 22 juillet », a déclaré aujourd’hui la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, en réponse à l’incident, faisant référence à l’accord sur le grain. . « Le pipeline était la clé de la sécurité alimentaire mondiale. »

Zakharova a accusé l’Ukraine de « porter un coup sévère aux efforts des Nations Unies dans la lutte contre la faim ». (En juillet de l’année dernière, l’accord sur les céréales a été conclu à l’initiative de la Turquie et des Nations Unies, éd.)