La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris a fait preuve de courage en matière de mode. Non seulement les créations du groupe de luxe et partenaire olympique officiel LVMH étaient à l’honneur, mais aussi les jeunes talents.
Avec le choix des costumes et des créateurs, les responsables de la direction artistique et des costumes, Thomas Jolly et Daphné Bürki, ont donné l’exemple. Grâce à leurs efforts, les créations non conventionnelles des designers français Jeanne Friot, Charles de Vilmorin, Kevin Germanier, Alphonse Maitrepierre, Weinsanto et Gilles Asquin ont été présentées lors de la cérémonie vendredi dernier dans la capitale française. L’engouement pour cet événement queer, qui défendait des valeurs telles que l’inclusion, l’amour et la liberté, s’est fait sentir aussi bien dans les tribunes qu’au bar Chez Mylène, sur les quais de Seine près de la Bastille, où une « Drag Race Party » est régulièrement organisée.
« Après tout ce que nous avons vécu récemment avec la montée du National Collecting Movement, nous avions besoin d’un événement comme celui-ci », déclare la créatrice française Jeanne Friot dans une interview à FashionUnited. Elle est surtout connue au sein de la communauté LGBTQIA+ pour son engagement et son rôle de porte-parole de la mode. Elle a dû préparer le spectacle de mode dans le plus strict secret pendant un an – un secret qui devenait de plus en plus difficile à garder à mesure que le grand jour approchait.
Il y a un an, ils ont contacté Bürki, qui avait déjà couru deux fois pour Jeanne Friot, et Jolly. Le duo créatif a eu l’idée de créer une image avec le cheval et la symbolique de la résistante française Jeanne d’Arc, chorégraphiée par la danseuse française Maud le Pladec. L’objectif était de mettre de jeunes artistes français à l’honneur. Le comité d’organisation des Jeux Olympiques a approuvé le plan.
Cela semblait être un projet fou : d’une part, à cause du sponsor principal LVMH, qui s’était imposé dans de nombreux domaines et s’était chargé d’habiller les stars qui apparaissaient. Les chanteuses Lady Gaga, Aya Nakamura et Céline Dion portaient toutes des tenues Dior. D’autre part, à cause du défilé de mode clairement orienté queer sur la passerelle Debilly.
Jeanne d’Arc avec le drapeau olympique à la Tour Eiffel
« A la fois par son prénom et par son histoire, cette proposition autour de Jeanne d’Arc était symboliquement liée à mon histoire », explique Friot. « Avec mon équipe, nous avons réalisé une combinaison avec un imprimé ceinture – comme la robe que Bürki portait lors de mon défilé automne/hiver 2024 – et une armure de cuir en faux métal avec l’artiste maroquinier français Robert Mercier apparaît sur son profil Instagram. » ravi : « Je n’ai pas de mots pour exprimer ce que je ressens après avoir participé à cet événement incroyable. Je suis éternellement reconnaissant. Je recherche la paix dans mon travail depuis un certain temps déjà. Ils m’ont montré que si on reste honnête et bienveillant, on peut créer des projets incroyables.
Comme Friot ne savait pas qui porterait ses créations, elle a dû les reproduire et les concevoir pour s’adapter à toutes les morphologies. Outre une apparition qui restera probablement dans l’histoire lors des cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques, Friot a présenté ses vêtements aux côtés d’autres créateurs de mode de sa génération au festival « Neuvième en scène », qui met en valeur le talent des artistes de le neuvième arrondissement de Paris Vitrines.
Défilé de mode français pour le plaisir et l’inclusion
Des noms éminents de la scène mode française, mais pas forcément connus du grand public, ont participé au défilé : le créateur Kevin Germanier est connu pour sa préférence pour les drag queens. Le couturier parisien Victor Weinsanto a présenté une coiffe alsacienne rose en organza imprimé, inspirée des tissus Kelsh – lin, coton ou tissus mélangés fabriqués en Alsace – et portée par le mannequin Ildjima alias Reine Toïdé. Parmi les autres créateurs qui ont présenté leur travail, citons Alphonse Maitre Pierre et Gilles Asquin, qui a conçu de nombreux looks pour l’émission télévisée « Drag Race France ». L’événement a été accompagné musicalement par la DJ et icône LGBT Barbara Butch.
Danseuses flottantes sur la Seine
La séquence de danseurs sur la Seine, assis sur des échasses et semblant flotter dans les airs, a été créée par le designer français Charles de Vilmorin, connu pour ses imprimés colorés.
Friot raconte à FashionUnited qu’elle « a apprécié la totale liberté de création » qui lui a permis de laisser libre cours à son imagination. Ce qui était particulièrement important pour elle, c’était que le comité d’organisation accepte que le défilé, si important pour l’image de Paris comme capitale de la mode, change. Même Bürki avait du mal à croire que cela « passerait ». Mais ça a marché.
Cet article a été initialement publié sur FashionUnited.fr. Traduit et édité par Heide Halama.