Pla rime était le tabouret à tréteaux, puis la chaise-balle est arrivée, maintenant ce ne pouvait plus être un siège mais une table pour sauver nos dos, le « bureau debout » réglable en hauteur pour travailler debout sur l’ordinateur. Dans certains bureaux il y en a déjà, avec des Apps qui rappellent de lever le bureau quand il est dans la même position depuis trop longtemps, mais c’est en pleine pandémie, quand le bureau s’est écrasé dans la maisondont les journaux et magazines, du moins anglo-saxons, se sont mis à parler du nouveau « must-have », l’accessoire indispensable du home office. Ici, dit un rapide sondage entre amis, la pièce la plus recherchée était la chaise ergonomique. Maintenant que beaucoup l’ont acheté, la fin de l’état d’urgence se profile. Le travail intelligent restauré avec Omicron s’estompera-t-il également ? Ou le bureau deviendra-t-il un souvenir ?
Concevoir le poste de travail agile
«Le scénario le plus probable, les initiés le disent depuis des années, est un travail hybride, avec des activités en présence et d’autres à distance», explique Federica Blasi, designer et directrice artistique. «La tâche d’un designer est de créer les outils pour bien fonctionner dans les deux situations, pour comprendre ce que les gens veulent et ce dont ils ont besoin. Ce n’est pas seulement l’endroit où vous travaillez, vous devez réfléchir à la façon dont : la technologie a réduit les délais, pour faire une chose on en prend moins, donc on en fait plus, il faut s’adapter à cette vitesse ». Parmi les configurations fournies par son système Kokoro pour Manerba, il y a un lieu pour les « rencontres rapides ». « Tu te vois, prends un café et fais le point sur la situation. Il est désormais difficile de croiser les agendas des réunions fluviales, le temps de se réunir s’est également raccourci ».
Lieux et hors lieux de travail
Dans le film Le lieu par Ermanno Olmi, à partir de 1961, les pupitres sont disposés en rang comme à l’école et le chef de bureau est dans le fauteuil. Trois générations plus tard, cet aménagement nous semble préhistorique. Les sixties d’Olivetti sont aussi très loin, avec les bureaux technologiques en tôle de Studio Bbpr, devenus des objets de collection. Aujourd’hui, les designers conçoivent des « pièces dans la pièce » feutrées pour s’isoler dans l’open space, qui n’est plus seulement au bureau : « Maintenant on travaille partout. Un ordinateur et une prise suffisent, il y a ceux qui n’utilisent que le téléphone » précise Marialaura Rossiello du Studio Irvine. Son canapé en alcôve pour Thonet va dans ce sens : « Il est né pour les non-lieux où l’on peut improviser une gare : aéroports, centres commerciaux, salles d’attente, mais aussi coworking et bars. À la lumière de ce qui s’est passé, je le vois aussi à la maison. Un nid où vous pouvez vous déconnecter du reste, adapté aux appels vidéo. On continue d’avoir des rendez-vous sur Meets quand on pouvait se rencontrer et j’ai vu des parcours improbables pour un milieu professionnel ».
Du bureau à la maison et vice versa
Si des meubles de bureau frappent à votre porte d’entrée, c’est aussi l’inverse qui se produit. le Petit Bureau aux formes libres que Charlotte Perriand a conçu pour son atelier a été adapté par Cassina pour un usage professionnel. En version « Pro », renforcée et câblée, elle donne une image, certes très luxueuse, du « home office » que les experts prônent depuis un certain temps : mieux un lieu de travail accueillant et cosy (l’open space a montré ses limites) d’un Googleplex à Mountain View. Le modèle Campus du siège de Google ne convainc plus même Clive Wilkinson, l’architecte qui l’a conçu : certaines distractions n’aident pas le travail créatif, si vous mettez des somnifères partout, il est renoncé, les gens veulent dormir.
Le bureau de poste
En confinement, à Milan, le PosteAccueilune maison idéale de cinquante mètres carrés avec une salle d’étude disponible pour les chercheurs absents. On n’y pense peut-être plus au filtre d’entrée pour désinfecter les vêtements, mais le coin bureau est resté un objet de désir. Pour le meubler aujourd’hui il y a de tout, meubles et chaises sur roulettes, bureaux escamotables, bureaux design, les entreprises ont remis au catalogue des pièces redevenues d’actualité et en ont étudié de nouvelles, également peu encombrant. Mais que se passe-t-il s’il n’y a pas de place ? Dans le livre Des maisons très milanaises (Ed.Corraini), Fabrizio Esposito, alias Alvar Aaltissimo, se moque des folies du marché immobilier en illustrant des appartements imaginaires à vendre ou à louer. Dans le studio des deux récemment interpellés, quatre cent cinquante euros chacun tant que ça dure, le travail intelligent peut devenir un cauchemar.
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