Mirko Dismer et Nicklas Dietrich : "Dormir après un match est le plus grand défi


émission de sport: Mr Dismer, Mr Dietrich, on dit que le sommeil est le meilleur moyen de se régénérer. Ce domaine du sport de compétition a-t-il été longtemps sous-estimé ?

Mirko Dismer: De notre point de vue, le sommeil est en fait un sujet qui n’en est qu’à ses balbutiements, ce qui est bien dommage. Car le sujet du sommeil n’a pas seulement l’importance qu’il devrait avoir pour le sport de compétition, mais aussi pour l’économie et la société.

Nicolas Dietrich: Le sujet est extrêmement important d’un point de vue purement physiologique, car nous ne pouvons contrôler les processus de régénération que lorsque nous dormons. Dans la phase de sommeil profond, par exemple, les hormones sont libérées qui contrôlent tous les processus de réparation dans le corps. De plus, le sommeil a un effet positif sur les processus cognitifs et le système immunitaire. Pour le dire franchement : qu’un joueur s’assoie sur le vélo après un match, s’allonge sur le rouleau de fascia ou entre dans le bain de glace est moins important pour restaurer les performances qu’un bon sommeil.

émission de sport: Les processus d’apprentissage et de mémoire qui ont lieu pendant le sommeil sont également importants pour les athlètes afin de prévenir les blessures ?

Nicolas Dietrich: Pendant le sommeil, nous régénérons à la fois physiquement et mentalement. Les deux aspects préviennent les blessures. Je ne pense pas qu’ils puissent être séparés du tout.

spectacle sportif : Les joueurs de football nationaux allemands ont reçu sept conseils de sommeil spécifiques, allant d’un environnement de sommeil sombre à ne pas consommer de caféine après 14 heures. Comment avez-vous procédé ?

Nicolas Dietrich: Au début, nous avons essayé de susciter l’intérêt. Si le joueur individuel développe le sentiment que cela peut l’aider, la première étape a été franchie. Il y a un large champ derrière chaque conseil : quand il s’agit de l’environnement de sommeil, cela va de l’oreiller, du matelas, de la température ambiante, des sources lumineuses au bruit de fond.

émission de sport: Une astuce pour mieux dormir est d’éviter les lumières bleues deux à trois heures avant de s’endormir. Selon cela, les smartphones de tout le monde devraient en fait être éteints le soir. Comment faire entrer cela dans la tête des jeunes professionnels du football ?

Nicolas Dietrich : Bien sûr, il faut composer avec les habitudes de cette génération de joueurs. Environ 30 % de la communication entre les jeunes hommes et femmes se fait via les médias numériques. Nous devons respecter cela, car les contacts sociaux sont également un facteur important pour un bon sommeil. Mais chaque téléphone dispose d’un mode Night Shift pour filtrer la lumière bleue. Et pour ceux qui aiment s’accrocher à la console de jeu, nous suggérons d’éteindre la console un peu plus tôt avant d’aller se coucher. De plus, nous fournissons des verres anti-lumière bleue. Les retours y sont extrêmement positifs.

spectacle sportif : Il y a des gens qui ne jurent que par un verre de lait chaud ou de jus de cerise aigre ou deux kiwis avant de se coucher.

Nicolas Dietrich : Il faudrait manger 100 cerises acidulées pour augmenter de manière significative votre quantité de mélatonine, l’hormone du sommeil. Je pense que cela a beaucoup à voir avec le placebo. Mais si quelqu’un se sent très à l’aise de boire un verre de lait avant de se coucher, c’est parfaitement bien. Mais une chose ne doit pas être oubliée : Il est préférable de ne rien manger du tout deux heures avant d’aller se coucher et aussi de ne pas trop boire. Un tractus gastro-intestinal vide est l’un des signaux les plus importants pour le système du sommeil. Surtout dans les tournois, les joueurs passent beaucoup de temps dans des lits étranges.

émission de sport: La professionnalisation va-t-elle jusqu’à ce que la DFB livre des matelas séparés ?

Nicolas Dietrich : C’est en fait un gros problème que nous avons abordé à l’EURO l’année dernière. Nous avions pré-testé les oreillers et les outils pour rendre les matelas plus durs ou plus doux. L’aperçu couvrait également les sources lumineuses dans les pièces. Toute une liste de contrôle est alors traitée. Cela a également joué un rôle dans la visite du district du Qatar.

spectacle sportif : L’équipe nationale a également une experte en sommeil en la personne d’Anna West. Que fait-elle?

Nicolas Dietrich: Nous recherchions depuis longtemps un tel expert avec une riche expérience dans le football. Elle travaille avec le FC Brentford de la Premier League et a conseillé des clubs et associations de hockey sur glace. Elle a passé en revue une fiche d’évaluation avec certains des joueurs de l’équipe nationale et a eu des entretiens individuels. Par exemple, les footballeurs peuvent perdre beaucoup de sommeil lorsqu’ils ne peuvent pas s’éteindre parce qu’ils sont sous pression. Dès lors, un coaching très individuel, qui, à l’instar du travail d’un psychologue du sport, va au-delà de la simple collecte de données, est utile.

émission de sport: Est-ce vraiment une grande différence qu’un match de la Coupe du monde au Qatar commence à 15h ou à 21h ?

Mirko Dismer : Bien sûr, les matchs en retard n’aident pas à maintenir son rythme naturel. C’est difficile quand je me couche à deux heures et qu’il me faut encore deux heures pour vraiment m’endormir.

Nicolas Dietrich: À la Coupe du monde au Qatar, c’est définitivement un avantage qu’il n’y ait plus de vols en attente et que le voyage de retour soit assez court, même après les matchs du soir. Nous avons introduit la règle dans l’équipe nationale selon laquelle si nous ne pouvons pas être à la maison avant 1 h du matin, nous préférons rester une nuit de plus sur place. Mais bien sûr, cela fait une énorme différence que les matchs aient lieu l’après-midi ou le soir – ne serait-ce qu’à cause des projecteurs qui, avec le niveau de bruit des spectateurs et l’action sur le terrain, submergent en fait complètement le système nerveux. Par conséquent, dormir après un match est le plus grand défi pour de nombreux footballeurs. Se détendre physiquement et mentalement est une tâche énorme.

émission de sport: Est-ce que les joueurs décident eux-mêmes quand ils se lèvent le lendemain matin ?

Nicolas Dietrich : Il y a une période pendant laquelle les joueurs doivent venir déjeuner. Les séances de régénération sont généralement programmées le matin, car les joueurs se donnent en gros un décalage horaire avec un match en retard. S’ils dorment ensuite jusqu’à midi, le rythme est complètement rompu. Nous vous conseillons donc de dormir un peu moins, mais d’utiliser ce temps efficacement grâce aux mesures évoquées plus haut. Le but est de pouvoir s’endormir plus vite après le match.

spectacle sportif : Une équipe bien reposée a-t-elle plus de chances de devenir championne du monde ?

Mirko Dismer : C’est important, certes, mais un meilleur sommeil ne vous fait pas nécessairement marquer plus. Nous ne faisons que créer les conditions du succès. De nombreux facteurs ont un effet sur cela – le sommeil est très important pour démêler le dernier pourcentage. Mais rien qu’en dormant bien, je n’ai soudainement pas de meilleure équipe de football.

À personne

Mirko Dismer, 31 ans, dirige le département Performance, Technologie & Innovation de la DFB Academy. Il a joué au football lui-même jusqu’à la ligue régionale.

Nicolas Dietrich, 39 ans, a d’abord travaillé au TSG Hoffenheim en tant qu’entraîneur d’athlétisme dans les secteurs professionnel et jeunesse. Depuis septembre 2015, il fait partie de l’équipe d’entraîneurs de l’équipe nationale en tant que préparateur physique.



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