Miqui Puig / Miqui Puig chante Tome 7


Miqui Puig, héros de la pop, aurait quitté l’ACP (Associazione Ciclistica Popolare) et s’offrirait le luxe de sortir son dernier album sous forme de compilation. Un clin d’œil ludique « aux cassettes des stations-service », comme il l’explique dans cet entretien avec Le pays.

Si ’15 chansons d’amour, de boue et de motos’ était peut-être un peu long, ici Miqui concentre l’essentiel en seulement neuf chansons. Et si c’était plus contenu musicalement, ‘Miqui Puig chante, vol. 7’ est un disque pop synthétique glorieusement ringard. Puig bouscule et mélange bon nombre de ses affiliations : disco, satin soul, quelques faces B des Pet Shop Boys de l’époque ‘Bilingue’, Italo disco, synth-pop, chanson italienne, acid-house, le doux-amer vision de Carlos Berlanga… Le tout arrosé de bien des obsessions récurrentes dans ses textes : manières, mélancolie, air de loser romantique, Barcelone détestée et idéalisée, Madrid refuge ou trou. Et, comme guide, la voix de Miqui, réconfortante, douce, vulnérable, fatiguée mais fougueuse à la fois…

Le premier thème est une déclaration d’intention, musicalement et lyriquement. ‘Pors Puig’ contient de légers airs de New Order. Les paroles, comme le titre l’indique, reflètent les peurs et les insécurités du chanteur, avec la grande contribution de Queralt Lahoz, qui prend du temps à apparaître, mais le fait de manière considérable (et vocodorisée). ‘Cadera de wicker, la leyenda’ est sorti en décembre de l’année dernière et est un hymne pop parfait. Le plus-que-parfait est Irantzu Valencia chantant son refrain retentissant, si mémorable : « peur, affection et machines à rythme ». Résumé imbattable de la carrière de Puig.

‘Mañana Infierno’ pille joyeusement la ligne de basse de ‘Everywhere’ de Fleetwood Mac et les élégantes cordes synthétisées au son de Philadelphie couvrent le formidable playoff de ‘Mi amor miope’. La petite folie kitsch, trotteuse et très accrocheuse ‘Je ne voulais pas être là’ est du pur tropicalisme eighties, qui explose entre des chœurs féminins accélérés. Ou encore plus collant (mais tout aussi génial) est ‘Propaganda’ avec la participation de Harny Roots. Autre célébration : « Vive le rien, vive la fausse propagande » ; Miqui chante sur les orepels de la pop et contre la prétendue authenticité rock.

Il y a des souvenirs d’acid-house au début de ‘Adiós Samurai’, où Ferran Palau apparaît en train de faire fondre le personnel et El Petit de Cal Eril parlant de Gin Tonics, le tout couronné par un gospel sauvagement insouciant: « Et un ange chantera c ‘mon, allez’. Et ‘La casa Italia’ ramène à ‘Viens avec moi en Italie’ d’Hidrogenesse, en version disco et avec un joli refrain : « toutes les chansons parleront d’amour ». « Miqui Puig Canta Vol. 7 » est un autre voyage à travers les obsessions sonores et lyriques de Miqui Puig, réconfortant et idéal pour les (apparemment) désenchantés qui portent encore le romantisme comme drapeau pour danser.



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