Ministre saoudien des Affaires étrangères : une solution à deux États est plus urgente que jamais


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L’écrivain est le ministre des Affaires étrangères de l’Arabie Saoudite

Face à la tragédie en cours à Gaza, il est impératif que nous reconnaissions la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat. Le cycle incessant de violence doit cesser. Il est facile de faire la guerre alors que la région sombre dans un dangereux cycle d’escalade. Désamorcer la situation et trouver la voie vers une paix durable au milieu de la ruine et du désespoir nécessite du courage et du leadership. Il est temps de s’engager sur une voie irréversible vers une résolution, une route qui culminera avec deux États palestiniens et israéliens indépendants vivant côte à côte.

L’Arabie saoudite est engagée depuis longtemps dans la recherche d’une solution juste à ce conflit. Le prince héritier Mohammed ben Salmane a récemment réaffirmé notre engagement en faveur de la création d’un État palestinien indépendant. Il a souligné que « la question palestinienne est au premier plan des préoccupations ». [Saudi Arabia’s] préoccupations » et a fermement condamné les crimes d’Israël et son mépris du droit international. L’Arabie saoudite œuvrera sans relâche à l’établissement d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale et n’établira pas de relations diplomatiques avec Israël sans cette condition. C’est la création d’un État palestinien indépendant qui produira les dividendes que nous recherchons : la stabilité régionale, l’intégration et la prospérité.

Une solution à deux États n’est pas simplement un idéal ; c’est la seule voie viable pour garantir la sécurité à long terme de la Palestine, d’Israël et de la région. Les cycles d’escalade incontrôlés sont les éléments constitutifs d’une guerre plus large. Au Liban, nous en sommes les témoins directs. La paix ne peut pas être construite sur une base d’occupation et de ressentiment ; la véritable sécurité d’Israël viendra de la reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien. En adoptant une solution permettant aux deux peuples de coexister en paix, nous pouvons démanteler le cycle de violence qui enferme les deux parties depuis bien trop longtemps.

Il est essentiel de comprendre que les véritables obstacles à la paix ne sont pas les Palestiniens et les Israéliens qui aspirent à la stabilité et à la coexistence, mais plutôt les radicaux et les bellicistes des deux côtés qui rejettent une solution juste et cherchent à étendre ce conflit à travers notre région et au-delà. Ces extrémistes ne devraient pas dicter l’avenir de nos peuples ni leur imposer la guerre. Les voix de la modération doivent s’élever au-dessus du vacarme des conflits, et il est de notre responsabilité collective de veiller à ce qu’elles soient entendues.

Nous avons été témoins de la persévérance de l’Autorité palestinienne à maintenir le calme en Cisjordanie occupée malgré des obstacles incessants. Son engagement en faveur de la non-violence et de la coopération doit être soutenu. Une résolution durable ne peut être obtenue sans que Gaza et la Cisjordanie occupée ne soient sous le contrôle de l’AP.

À l’inverse, il est clair depuis trop longtemps que l’autodéfense n’est pas l’objectif principal d’Israël dans cette guerre. Au lieu de cela, il semble que l’objectif soit d’éliminer les conditions permettant une vie avec un minimum de dignité pour les décennies à venir. En poursuivant l’assaut contre Gaza qui a fait plus de 40 000 morts, selon les responsables palestiniens de la santé, et en a déplacé près de 2 millions, en élargissant les colonies en Cisjordanie occupée et en imposant des restrictions de mouvement, Israël crée une réalité qui diminue les perspectives d’un État palestinien souverain. Son intransigeance ne fait qu’exacerber les tensions et éroder la confiance, rendant les négociations diplomatiques de plus en plus difficiles, prolongeant les souffrances des deux parties et poussant la région encore plus près d’une guerre plus large.

L’autodétermination est un droit inaliénable que le peuple palestinien non seulement mérite, mais auquel il a droit. Nos diplomates ont travaillé sans relâche aux côtés d’autres pour garantir la reconnaissance de la Palestine en tant qu’État souverain à l’échelle mondiale. Aux nations qui ont exprimé en privé leur volonté de le faire, je vous exhorte à franchir publiquement cette étape cruciale. Il est désormais temps de se placer du bon côté de l’histoire.

Mais la simple reconnaissance de la Palestine ne suffit pas. Nous devons exiger davantage de responsabilités, conformément aux avis de la Cour internationale de Justice. Cela inclut la mise en œuvre des résolutions de l’ONU, l’imposition de mesures punitives contre ceux qui œuvrent à saper l’État palestinien et des incitations pour ceux qui le soutiennent.

Une alliance mondiale de membres de l’ONU et d’organisations internationales soutient désormais les efforts diplomatiques en faveur d’un cessez-le-feu permanent, de la libération des otages et des détenus et de la réponse aux souffrances humanitaires des habitants de Gaza. Cette alliance cherchera à faire avancer des mesures concrètes pour faire respecter le droit international, mettre fin à l’occupation et réaliser la solution à deux États avec un calendrier clair.

La création d’un État palestinien est une condition préalable à la paix, plutôt qu’un sous-produit. C’est la seule voie qui peut nous sortir de ce cycle de violence et nous diriger vers un avenir où Israéliens et Palestiniens pourront vivre en paix, dans la sécurité et le respect mutuel. Ne tardons plus.



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