Ministre Abodi, punir le football n’aide pas le sport

Les entreprises ont besoin de soutien. A tort de les traiter de la même manière que les fraudeurs fiscaux

“L’opinion publique ne comprendrait pas.” C’est ainsi qu’Andrea Abodi a expliqué la décision de s’opposer à l’amendement qui aurait permis aux clubs de football de payer par tranches sur cinq ans, sans sanctions, les 480 millions d’impôts reportés en raison de la pandémie. Un choix donc qui, au lieu de s’inspirer de la solution aux énormes problèmes auxquels sont confrontés les clubs après les années du Covid, semble être principalement guidé par l’humeur des citoyens. Bref, un choix qui a le goût du populisme. Après tout, quoi de plus simple que de prendre une route en descente, au point de se jeter dans les bras des gens ? Et tant pis si un ministre, y compris celui des sports, devait s’inspirer de tout autres principes : par exemple, soutenir le football de Serie A, qui dans ce monde, du sport en somme, n’est certainement pas sans importance. Monde auquel, entre autres, Abodi a participé pendant longtemps, après avoir dirigé la Ligue de Serie B et s’être présenté à la présidence de la FIGC. Le football est dans une situation d’urgence très grave, il a besoin d’une aide concrète et immédiate. Dans une interview à la Gazzetta, Paolo Scaroni, président de Milan, mais aussi manager d’expérience et de qualité a déclaré : “La Ligue ne veut plaindre personne, mais elle le devrait.”

Une expression dure mais appropriée. Le football après la pandémie, après les stades fermés ou à capacité limitée, après la fuite des sponsors, après l’effondrement effrayant des revenus, est dans une crise économique qui est même devenue aujourd’hui une crise de solitude, car personne ne semble s’en soucier. Pas même le Gouvernement et le Ministre des Sports qui devraient directement s’en occuper. Le dernier coup semble se profiler avec la décision d’inclure des acomptes provisionnels avec un défaut de 3% dans la loi de finances, plaçant ainsi les clubs dans le groupe des fraudeurs fiscaux, oubliant que le football a différé le paiement à l’aide d’un instrument accordé par le gouvernement, n’a pas échapper au fisc. Il a profité du retard pour essayer de rendre ses propres comptes moins dramatiques, en l’absence de réelles ressources allouées par les exécutifs successifs, comme cela a été fait par contre pour d’autres secteurs de notre pays. Il serait franchement absurde que l’Etat demande la restitution d’une somme qu’il a lui-même laissée différer. C’est pourquoi l’amende sonne comme une blague, qui ne s’explique que par la volonté de punir le monde du football dans son intégralité : qui s’y investit et qui le représente. Nous avons déjà dit et rappelé qu’il ne s’agit pas d’un univers vertueux : les erreurs de beaucoup, même dans la gestion économique, sont là aux yeux de tous (même celles des magistrats). Mais notre Serie A n’est pas entièrement basée sur des plus-values ​​fictives. Il n’est pas constitué uniquement ni avant tout de dispositifs financiers. Il est composé d’entrepreneurs qui déposent ou remettent de l’argent. De quoi alimenter un secteur avec d’autres chiffres qui devraient nous faire réfléchir. Cent dix mille, par exemple : ce sont les emplois garantis par notre sport le plus populaire. Un milliard : c’est ce que les clubs de Serie A versent au Trésor public, la grande majorité des revenus produits par l’ensemble du sport. Dix milliards et 300 millions : c’est l’impact indirect sur le PIB. Pourquoi tout cela n’est-il pas reconnu ? Car il fait semblant d’ignorer que le football – amateur, amateur, jeunesse – et le sport de notre pays sont soutenus par l’argent versé par la Serie A. Autant d’éléments qu’Abodi connaît très bien. Le moment est venu de le prouver.



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