Mettre fin aux cycles de violence au Moyen-Orient


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Après plus de trois mois de guerre dévastatrice menée par Israël à Gaza, les États arabes élaborent un plan qui, espèrent-ils, mettra fin au conflit et jettera les bases d’une paix durable. Au cœur de l’initiative soutenue par les États-Unis se trouve l’objectif d’offrir à Israël un prix qu’il recherche depuis longtemps : la normalisation des relations avec les États arabes et musulmans, y compris le grand prix de l’Arabie saoudite. En échange, Israël devrait s’engager à prendre des mesures « irréversibles » vers la création d’un État palestinien viable.

Le principe du plan, qui devrait être dévoilé d’ici quelques semaines, est simple. Il ne peut y avoir de paix durable au Moyen-Orient que si le conflit israélo-palestinien prolongé, qui alimente l’instabilité dans la région depuis 75 ans, est résolu de manière à offrir aux Palestiniens la dignité, la liberté et la patrie qu’ils recherchent depuis longtemps. Mais le défi que représente la conclusion d’un tel accord – quelque chose qui a échappé à certains des esprits diplomatiques les plus aiguisés du monde au fil des années – est tout sauf le cas.

Pour commencer, il faut mettre un terme à l’attaque israélienne contre le Hamas à Gaza, qui a tué plus de 25 000 personnes, selon les responsables palestiniens. Le groupe militant doit également libérer les otages restants détenus dans la bande de Gaza.

Cela semble toutefois lointain. Le Hamas continue de se battre. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu exclut à plusieurs reprises un accord de cessez-le-feu avec le Hamas, même s’il garantirait la liberté des otages. Il insiste sur le fait que seule la destruction des militants peut ramener les otages et garantir la sécurité d’Israël.

Netanyahu rejette également toute discussion sur une solution à deux États, même si les États-Unis et les autres alliés d’Israël la préconisent dans le cadre d’une vision politique à plus long terme pour la région. En effet, il se vante d’avoir empêché la création d’un État palestinien au cours des 15 années où il a dominé la politique israélienne et supervisé l’annexion rampante de la Cisjordanie occupée. Dimanche, il a déclaré qu’il ne « ferait aucun compromis sur le contrôle total de la sécurité israélienne sur tout le territoire situé à l’ouest du Jourdain », une zone qui comprend la Cisjordanie et Gaza.

Netanyahu n’est pas le seul obstacle au progrès. Dans une nation traumatisée et enragée par l’horrible attaque du Hamas du 7 octobre, il est peu probable qu’un dirigeant israélien traditionnel soit prêt à prôner la création d’un État palestinien.

Il faudrait également une refonte complète de la direction palestinienne défaillante, pour en produire une ayant la légitimité de s’engager de manière crédible avec Israël et d’œuvrer pour garantir la sécurité des Palestiniens et des Israéliens. De plus, les capacités militaires du Hamas ont été gravement dégradées à Gaza, mais il continuera de s’opposer à une solution à deux États.

Malgré tous les obstacles et les pièges, il est essentiel d’orienter le discours israélien vers une résolution durable du conflit. La perspective que l’Arabie saoudite et d’autres États normalisent leurs liens avec l’État juif est l’une des rares incitations susceptibles de changer l’ambiance.

Cela nécessitera un effort diplomatique américain soutenu et déterminé, ainsi qu’un leadership responsable de la part des Israéliens et des Palestiniens – le tout avant les élections présidentielles américaines de novembre. En plus d’offrir des carottes, les gouvernements américain et européen doivent également être prêts à utiliser leur bâton pour convaincre les dirigeants israéliens qu’un État palestinien sert en fin de compte leurs propres intérêts.

Aussi difficile que cela puisse paraître, la seule manière de contrer le Hamas et l’extrémisme violent qu’il défend est de donner aux Palestiniens des raisons d’espérer en leur avenir. Israël a porté un coup dur au Hamas, mais il ne peut pas s’en débarrasser en tant que mouvement ou idéologie. Seuls les Palestiniens le peuvent. Si les dirigeants israéliens choisissent d’ignorer cette réalité, ils condamnent leur nation, ainsi que les générations futures d’Israéliens et de Palestiniens, à des cycles de violence sans fin.



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