Messi, Modric, Mbappé, Amrabat : on passera par eux pour la finale

Ils sont les symboles des demi-finalistes, ils reflètent l’identité de leurs équipes nationales. Le passeport du dernier acte de la Coupe du monde est entre leurs mains

par notre correspondant Fabio Licari

Messi est l’Argentine : meneur de jeu, leader et buteur, le noyau de l’atome qui ne s’est pas épuisé, une dépendance risquée cependant car Scaloni n’a pas beaucoup d’énergies alternatives. Modric est le multiplicateur de la Croatie : le soliste qui enflamme l’imagination d’un orchestre parfait mais avec peu de variations symphoniques. Mbappé est l’arme de destruction massive de la France : une combinaison de puissance, de technique et de vitesse qui déchire les défenses ou les attire, libérant de l’espace pour les coéquipiers. Amrabat est le centre de gravité permanent du Maroc : l’aiguillage qui transforme la densité de la phase défensive en embarquement du redémarrage. Ce sont les quatre symboles des demi-finalistes, ils reflètent l’identité de leurs équipes nationales. Le passeport pour la finale est entre leurs mains.

Argentine

Si Messi a le ballon, impossible de l’arrêter

Pelé a remporté trois Coupes du monde, Maradona une, Messi peut-il rester nul ? C’est la dernière chance d’une histoire merveilleuse à laquelle il manque le meilleur chapitre. Cela ressort également de la « mauvaise » attitude face aux Pays-Bas : Messi joue tout. Et il est tout pour l’Argentine. Ce serait trop dire si la pensée ne revenait pas à Maradona au Mexique 86 : là Diego aurait gagné même s’il avait joué seul. Messi n’est pas universel, mais le football a changé et il est de plus en plus difficile de gagner seul contre des équipes tactiquement organisées et athlétiquement inépuisables. Messi n’a pas le leadership de Diego, il a raté Burruchaga/Di Maria et n’a pas de Valdano fixé à côté de lui, mais il prend son équipe en main et perce avec le ballon collé à ses pieds. Il a ouvert le score contre l’Arabie Saoudite, le Mexique, l’Australie et a fait marquer Molina contre les Pays-Bas d’un coup de génie. Tout pour lui, lui pour tous. Jamais aussi à l’intérieur du match, Leo touche en moyenne près de 70 balles par match, a tiré 22 fois, a commis 8 fautes. Van Gaal a déclaré: « Vous devez leur retirer leur possession ». Cela dépend beaucoup de qui Dalic va lui mettre dessus : Brozovic peut-être ?

Croatie

Modric le milieu de terrain, un rôle passionnant

Les observateurs de Brésil-Croatie ont été surpris par Modric avant le résultat. Et pas de sa classe, ce serait évident. Non : du fait qu’il a commencé le match en tant que « faux milieu offensif », donc en tant que milieu de terrain qui escrime le premier jeu. Collé à Casemiro. Le monde à l’envers : la marque Modric Casemiro. Peut-il? Dans le football d’aujourd’hui oui. Ce qui impressionne, c’est l’évolution du Croate, né 10 pour les coups et le physique, et arriéré dans ce domaine de direction moderne qui « habille » aujourd’hui idéalement le 8, entre De Bruyne et Verratti. Avec 90 touches par match, Modric pioche toutes les stratégies de l’équipe nationale croate. Mais il ne le fait pas assis à son bureau : il suit le jeu avec un mouvement qui manque à Gavi et Pedri, il a commis plus de fautes qu’il n’en a concédées, et avec son vertical (de droite) ou circulaire (s’il y a chercher le ballon) déplace toute la Croatie qui, autrement, n’aurait pas de variations particulières sur le thème. Il faudra le meilleur Mac Allister et ce n’est pas forcément suffisant.

France

Mbappé le « joueur de rugby », des actions en rupture

L’équipe la plus offensive contre la plus protégée : France-Croatie offre déjà un thème passionnant. Deschamps attaque avec presque tout le monde, mais le symbole du but, sans surprise le meilleur buteur, c’est Mbappé. Héritier désigné de Ronaldo, à qui il est plus accessible techniquement, et de Messi. Mais par rapport aux mythes, il a déjà remporté une Coupe du monde et vise maintenant la deuxième. Aile gauche? Avant-centre ? Il a une zone bien délimitée, la gauche de l’attaque (en Russie c’était la droite), il ressemble à un rugbyman dans sa percée contre les défenses. Comparé au PSG, ici il semblait plus réfléchi, moins soucieux de viser le but sans voir les obstacles, mais toujours « vertical ». Il touche à peine les ballons dans sa moitié de terrain, seulement dans celle de l’adversaire. L’axe de gauche est complété par Théo Hernandez et Rabiot, deux autres peu intéressés par la vision latérale, toujours regardant et courant vers l’horizon. Mbappé retrouvera son ami Hakimi et la batterie d’hommes de pression qui exaltent le Maroc avec cette agression furieuse et systématique qui l’attend dans la surface. Mais se dévouer à lui, c’est laisser libres Giroud et les agents de la razzia française…

Maroc

Amrabat, le pivot qui vient d’Italie

Avec une possession moyenne de 30 %, il est clair que le Maroc n’est pas intéressé à avoir le ballon : quelques-uns suffisent, mais mortels. Regragui est le maître de la tactique dans cette Coupe du monde. Il a mis en place un 4-3-3 qui se clôture en 4-5-1, exerce une pression obsessionnelle et, une fois l’action rivale brisée, il se déchaîne furieusement vers l’avant, le tout dans une course au toucher. Le directeur d’attaque est le phénoménal Ounahi, mais le pivot de la stratégie est Amrabat, devant la défense, avec un rayon d’action moins offensif qu’à la Fiorentina, et le pouvoir de dominer tout le front horizontalement, grâce à un sens de l’action unique. emplacement. Amrabat est le cinquième défenseur et le premier milieu de terrain. C’est à lui le premier choix : soit diriger le ballon vers le couloir dans lequel il l’a conquis, soit dicter le changement devant, avec un lancer qui surprend ses adversaires mais pas ses coéquipiers, mentalement prêt à repartir dans la progression. Dans son rôle de pivot, il devrait toucher une centaine de ballons, mais il n’arrive pas à cinquante car le Maroc joue scientifiquement sur la non-possession. Le Portugal n’a jamais compris comment les défier au centre, si la France commettait la même erreur, elle pourrait faire face à un revirement mortel.



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