Mes, que se passe-t-il maintenant ? Le prochain gouvernement et l’UE bougent


Après le non du Parlement à la ratification de la réforme du MES, le Mécanisme européen de stabilité, et après les propos du ministre de l’Économie Giancarlo Giorgetti qui, en marge du vote du Sénat sur le budget 2024, a admis que, s’il avait été à la hauteur lui, ce feu vert serait arrivé mais « il n’y avait pas d’air », on se demande : et maintenant, que se passe-t-il ?

Seul pays des 27 n’ayant pas procédé à la ratification, l’achèvement de l’Union bancaire est désormais en danger – c’est l’avertissement commun et sévère du directeur général du MES, Pierre Gramegna, et du président de l’Eurogroupe, Paschal Donohoe -, avec le parachute pour les crises bancaires prévues dans la nouvelle version du MES qui, sans le oui de l’Italie, ne pourra plus être activé au 1er janvier comme convenu par tous les dirigeants en pleine crise du Covid. Gramegna a précisé que sans la ratification de tous les pays membres, « le MES ne sera pas en mesure d’apporter un soutien commun au Fonds de résolution unique de l’union bancaire, dont bénéficieraient tous les pays de la zone euro ».

La ligne de l’UE : maintenant réparer le fossé

L’atmosphère qui règne à Bruxelles au lendemain de la rupture est donc celle de la surprise, de la déception, mais aussi de la volonté d’aller plus loin pour sortir de l’impasse. Parmi les rares fonctionnaires qui restent à présider les institutions européennes pendant les vacances de Noël et de fin d’année, l’ordre est au silence. Selon ce qui filtre depuis le siège de l’ESM à Luxembourg et qui rebondit depuis Dublin, où se trouve Donohoe, la ligne qui vise à réparer le fossé qui s’est effectivement produit prévaut. Par ailleurs, au sein d’Ecofin, les efforts déployés par Giorgetti pour achever la ratification du MES ont été compris et appréciés. De même que la prudence dont nous avons fait preuve sur le plan des finances publiques dans l’élaboration du budget 2024 a été appréciée.

La position européenne : le texte du nouveau traité reste pour l’instant inchangé

C’est déjà une Union européenne tourmenté par des visions opposées de faucons et de colombes, la ratification du traité étant restée en otage pendant de longs mois également à Berlin en raison d’un appel – ensuite rejeté – promu par les libéraux allemands en raison des craintes d’un « transfert de pouvoirs souverains » anticonstitutionnel et d’un partage des risques avec les Méditerranéens. À l’heure actuelle, une toute première position est la suivante : le texte du nouveau traité MES ça ne sera pas changé. D’abord parce que, dans le bras de fer avec l’Italie, cette stratégie serait perçue comme une forme de faiblesse de la part des autres pays européens, ensuite parce qu’elle ne constituerait pas un message positif envers ceux qui ont ratifié cette réforme, et enfin car rouvrir les négociations et procéder ensuite à vingt ratifications serait une opération complexe et longue. On espère donc que dans quelques mois le Parlement italien changera d’avis. « Je poursuivrai mon dialogue sur cette question avec les autorités italiennes dans les mois à venir », a assuré Donohoe.

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L’hypothèse : un accord entre 19 pays de la zone euro (hors Italie)

À côté à cette ligne, il y en aurait une autre, sensiblement différente : après la fermeture par l’Italie, il vaut mieux penser à un Save the States avec ceux qui y sont favorables, c’est-à-dire 19 pays (ceux de la zone euro, moins l’Italie ) . Mais cette voie implique la nécessité de restituer à l’Italie les ressources qu’elle a déjà payées. Pour l’instant, ce n’est qu’une hypothèse.



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