Merkel, la Marple allemande : une comédie télévisée avec l’ex-chancelière et un détective italien


Débloquez gratuitement l’Editor’s Digest

Près de trois ans après avoir quitté la politique, Angela Merkel apparaît vendredi à la télévision italienne sous un déguisement radicalement nouveau : celui d’une Miss Marple allemande, résolvant des meurtres accompagnée d’un carlin flatulent appelé Helmut.

La chancelière de longue date apparaît comme l’héroïne fictive de Madame Merkelune comédie qui a déjà rencontré un franc succès en Allemagne et qui sera désormais diffusée sur la chaîne publique RAI, doublée en italien.

Basée sur les romans à succès de l’écrivain allemand David Safier, la série repose sur un principe simple : une Merkel à la retraite, toujours arborant ses blazers colorés et sa coupe au carré indisciplinée, s’est retirée dans l’Uckermark, sa région natale au nord-est de Berlin, avec son mari et un garde du corps.

Mais celle qui fut autrefois la femme politique la plus puissante d’Europe s’ennuie avec le jardinage, la pâtisserie et la randonnée sans fin et finit par chercher une distraction : en enquêtant sur des crimes non résolus.

Le résultat est une sorte de Midsomer Murders en allemandavec une dose d’humour allemand maladroit.

Le ton est léger, mais on y trouve parfois des allusions à l’époque où Angela Merkel était une femme d’État de haut rang, par exemple lorsqu’elle s’assoit pour regarder une pièce de théâtre amateur locale. « Comparé à six heures d’opéra de Pékin avec Xi Jinping, tout le reste est un jeu d’enfant », dit-elle.

Les Italiens sur les réseaux sociaux ont été déconcertés par le côté osé de la série.

« Il ne manquait plus qu’une émission de télévision avec Merkel dans le rôle de détective. Qu’ont-ils fumé ? Des cubes de bouillon ? », a écrit Jeanne Perego, une journaliste indépendante italienne, sur la plateforme de médias sociaux X.

Merkel, dont l’autobiographie paraîtra en librairie cet automne, a refusé de commenter publiquement la série.

Mais ses compatriotes allemands ont été séduits, la première saison ayant réuni 3 millions de téléspectateurs. « C’est un mélange de polar et de comédie qui fonctionne à merveille », a déclaré Yvonne Wagner, porte-parole de RTL, la chaîne privée allemande à l’origine de la série.

Le spectacle est également soutenu par un casting astucieux. Merkel est interprétée par Katharina Thalbach, l’une des actrices de caractère les plus appréciées d’Allemagne. « Elle est parfaite pour le rôle », a déclaré Wagner.

Dans une interview l’année dernière, Thalbach avait déclaré qu’elle avait sauté sur l’occasion de jouer l’ancienne chancelière allemande. « Cette mutation d’Angela Merkel en détective amateur, j’ai trouvé ça tellement génial que j’ai dit : ‘Je dois le faire !’ », a-t-elle déclaré à la Neue Presse.

« J’ai le même âge qu’elle, je viens également de la RDA. [former East Germany]« J’aime aussi la physique et les fondues chinoises. Nous avons donc beaucoup de points communs », a-t-elle déclaré. Thalbach a admis qu’elle n’avait rencontré Angela Merkel qu’une seule fois, juste après qu’elle soit devenue chancelière en 2005, chez le coiffeur.

La série témoigne d’une certaine nostalgie pour Merkel, même si beaucoup lui reprochent désormais le mauvais état des infrastructures allemandes et la forte dépendance du pays au gaz russe, qui s’est transformée en un énorme handicap après que le Kremlin a envoyé ses troupes en Ukraine en 2022.

Safier a déclaré que l’idée de ses livres était née d’une conversation avec son agent de cinéma en 2019 sur ce que l’ex-chancelière ferait lorsqu’elle prendrait sa retraite. Ce soir-là, il a regardé un épisode d’une série policière Columbo « Et j’ai pensé que ce serait la bonne chose pour elle ».

Les critiques sur l’émission sont mitigées. « Un peu fade », a écrit le journal Dresdner Neue Nachrichten, ajoutant qu’il s’agissait néanmoins d’un « divertissement télévisé agréable », en grande partie grâce à Thalbach.

Le quotidien Frankfurter Allgemeine s’est montré moins indulgent. « Le premier [series] « Le premier était indescriptiblement fade, le second tout simplement terrible », écrit-il.

Reportage complémentaire de Silvia Sciorilli Borrelli





ttn-fr-56