Meloni s’adresse directement à Orbán concernant l’entrave d’un militant italien en Hongrie


Débloquez gratuitement Editor’s Digest

La Première ministre italienne Giorgia Meloni a appelé mardi soir le dirigeant hongrois Viktor Orbán, au milieu d’un conflit qui s’aggrave sur le traitement réservé à une femme de Milan qui pourrait risquer jusqu’à 11 ans de prison pour son rôle présumé dans une série d’attaques violentes.

Les images d’Ilaria Salis, une enseignante de 39 ans, arrivant lundi au tribunal de Budapest avec les mains et les pieds enchaînés, ont provoqué l’indignation en Italie, où même les mafieux endurcis jugés pour de multiples meurtres sont rarement vus enchaînés. Plusieurs titres de la Une proclamaient mardi qu’elle avait été « traitée comme un animal ».

Cette affaire constitue un casse-tête politique pour Meloni, connue pour ses relations chaleureuses de longue date avec Orbán, et menace de générer des frictions entre les deux dirigeants alors qu’ils se préparent aux élections européennes de juin.

L’appel personnel du dirigeant italien à Orbán pour qu’il intervienne en faveur de Salis est intervenu après que l’ambassadeur de Hongrie en Italie ait été convoqué au ministère des Affaires étrangères à Rome plus tôt dans la journée pour un entretien.

« Un Italien enchaîné, pieds et poings liés en Hongrie », a écrit mardi Giuseppe Conte, leader du Mouvement Cinq Étoiles, parti d’opposition italien, dans un message publié sur les réseaux sociaux, avant l’appel téléphonique. « Giorgia Meloni, cela ne nous importe pas qu’Orbán soit un de vos amis chers. Nous devons agir avec la plus grande détermination et élever la voix.

Salis, qui aurait été impliqué dans un groupe antifasciste international, a été accusé de coups et blessures graves et de participation au crime organisé pour avoir prétendument aidé à orchestrer des agressions violentes à Budapest en février de l’année dernière.

Les attaques ont eu lieu à la suite d’une marche d’extrême droite dans la capitale hongroise, à la suite de laquelle des militants de gauche présumés, certains utilisant des barres de fer, ont attaqué plusieurs personnes qu’ils soupçonnaient d’être des sympathisants néonazis.

Sa famille et ses proches affirment qu’elle est détenue dans des conditions de détention inhumaines depuis son arrestation en février dernier.

Sit-in devant l’ambassade de Hongrie à Rome pour protester contre la détention d’Ilaria Salis © Matteo Nardone/Pacific Press/Shutterstock

« Ce n’est pas l’Europe », a écrit sur X Carlo Calenda, un député d’opposition italien, comparant les images de Salis devant le tribunal aux « actes honteux des dictatures sud-américaines des années 1970 ». Il a exigé que le gouvernement italien et Bruxelles protestent.

L’utilisation de chaînes n’est pas inhabituelle dans les procédures judiciaires hongroises.

Avant la comparution de Salis devant le tribunal lundi, le gouvernement de Meloni n’avait pas commenté publiquement l’affaire, et la famille de Salis a exprimé sa frustration face au manque d’intérêt de Rome. Mais après le tollé général, Antonio Tajani, le ministre italien des Affaires étrangères, a exigé que « les droits de Salis, conformément aux normes de l’UE, soient respectés tout en [she] attend son procès ».

Le ministère italien des Affaires étrangères a déclaré mardi avoir rappelé à l’ambassadeur hongrois la responsabilité de Budapest de protéger « la dignité des personnes en prison ».

Il a également demandé au gouvernement hongrois de garantir que les conditions de détention de Salis soient « conformes à la législation européenne » et d’envisager la possibilité d’alternatives à la prison, indique le communiqué. Rome a suggéré que Salis pourrait être assignée à résidence jusqu’à son procès.

Salis a rejeté les accusations portées contre elle. « Je n’ai pas commis ces crimes, je n’accepte pas les accusations », a-t-elle déclaré au tribunal, selon les médias locaux.

La police a publié l’année dernière une vidéo montrant huit assaillants utilisant des tiges de métal, des marteaux et du gaz poivré, battant et donnant des coups de pied à un homme près d’un lotissement de Budapest en février dernier. Après l’avoir pris d’assaut par derrière et l’avoir agressé, les assaillants se sont rapidement dispersés. Cinq attaques similaires ont eu lieu dans la ville en 48 heures.

Les attaques ont coïncidé avec une commémoration par l’extrême droite d’une bataille de la Seconde Guerre mondiale appelée l’Évasion, lorsque les soldats de la Wehrmacht et leurs alliés hongrois ont tenté de s’échapper en 1945 en passant par le blocus soviétique de Budapest.

Les procureurs ont déclaré l’année dernière qu’il était plausible que les suspects dans cette affaire soient arrivés en Hongrie « à cause du Breakout Day ». Deux autres personnes ont été inculpées aux côtés de Salis. La police a émis des mandats d’arrêt internationaux contre 14 autres personnes, pour la plupart des citoyens allemands.

L’avocat de la défense de Salis, György Magyar, a qualifié les accusations – avec une peine maximale de 11 ans d’emprisonnement – ​​de « totalement disproportionnées » et a déclaré qu’il les contesterait devant le tribunal.

Salis et ses coaccusés « ont adopté une position idéologique. Il s’agissait d’une forme de désobéissance civile, et non de violence du crime organisé ». dit Magyar. « Les accusations portées contre elle concernent sa présence sur deux des lieux, aux côtés de ses pairs. Mais notre accusée nie toute faute.



ttn-fr-56