Meloni lance la convention de Milan : combien de chances a-t-il vraiment de devenir premier ministre ?

C’est toujours une erreur de sous-estimer ses adversaires. En effet, au départ, Silvio Berlusconi et Matteo Salvini ne la considéraient même pas comme une adversaire. Une présence plutôt utile, avec ses Frères d’Italie, pour s’imposer aux candidats du front opposé mais destinée à rester dans les limites du périphérique qui, pour les non-initiés, est le périphérique qui entoure Rome. Giorgia Meloni, en revanche, est aujourd’hui la candidate la plus accréditée du centre-droit pour Palazzo Chigi et la conférence programmatique Fdi en cours au Mico de Milan est son « running board ». Le choix de la capitale économique pour lancer le défi ainsi que la présence de nombreuses personnalités de la droite libérale et non libérale (de Giulio Tremonti à Marcello Pera, de Carlo Nordio à Luca Ricolfi) le confirme.

Berlusconi et Salvini à la fenêtre

Berlusconi et surtout Salvini – qui n’étaient pas invités à l’événement – devront s’en accommoder. Le chevalier n’est pas vraiment dérangé. En effet, du haut de ses 85 ans, la perspective qu’après lui au centre droit se trouve une femme pour recevoir le bâton de Premier ministre ne la dérange probablement même pas. Pour Salvini, qui à l’été de Papeete avait déjà goûté à l’entrée du Premier ministre en tant que Premier ministre, le plat est décidément plus indigeste. Trois ans après les Championnats d’Europe 2019, la Ligue a plus que divisé par deux son consensus, passant de 34% à moins de 17. Une baisse constante parallèle à la croissance des Frères d’Italie, qui entre-temps a conquis la primauté au centre. -coalition droite et bat avec le Parti démocrate pour le national, voyageant au-dessus de 20%.

Le transfert des voix de la Ligue au Fdi

Nul besoin d’interroger les experts des flux électoraux pour comprendre qu’une partie importante des voix perdues par la Ligue est allée au parti de Meloni. Et puisque le fief du Carroccio reste le Nord et la Lombardie en premier lieu, ce transfert menace aussi le noyau dur du parti fondé par Umberto Bossi. Après tout, il y a un an, à la mairie qui confirmait Beppe Sala comme maire (aujourd’hui sur la scène du Mico pour un salut), Fdi manquait le dépassement d’un cheveu (10,7 contre 9,8).

Enracinement dans la bourgeoisie de droite

Le succès de Fratelli d’Italia a donc une racine qui dépasse aujourd’hui largement les confins de la droite sociale mouvementiste dans laquelle Meloni est né politiquement. Ces dernières années, l’ancien ministre de la Jeunesse a travaillé et étudié pour interpréter les besoins, les exigences d’un monde qui jusqu’à hier se tournait vers la Ligue, c’est-à-dire les petites entreprises, les travailleurs indépendants, les professions libérales, que la bourgeoisie de droite est restée déçus du salvinisme mais aussi des M5 anti-politiques.

Il ne suffit pas d’être dans l’opposition pour gagner des voix

Certes, ceux qui soulignent – comme ses (anciens ?) alliés de centre-droit – ont raison – qu’il est facile de gagner de l’opposition quand on n’a pas de responsabilités gouvernementales. C’est certainement vrai, mais jusqu’à un certain point. A tel point que la Lega a continué à perdre et la Fdi à gagner même lorsqu’elles étaient toutes deux opposées au gouvernement jaune-rouge, tandis que Forza Italia a recommencé à croître depuis qu’elle soutient Mario Draghi. Il ne suffit donc pas d’être dans l’opposition.



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