Marrit (55 ans) se bat pour un congé de deuil légal


Le CNV interpelle désormais le cabinet d’introduire un congé de deuil légal de deux semaines, mais selon Marrit, il faut faire plus : « Il ne s’agit pas simplement de s’occuper d’un peu d’administration, d’être triste pendant quelques semaines puis de retourner au travail de manière positive. Le chagrin perturbe une famille.

Qui est Marrit van Exel?

Marrit van Exel, experte en deuil, aide les personnes en deuil à gérer le processus de deuil avec résilience. Elle est l’auteur des livres Guide de survie pour les veuves et Compétences en matière de deuil. Elle travaille également comme formatrice, conférencière et coach et est l’initiatrice de la demande d’autorisation légale en cas de perte au sein de la famille.

« Mon mari est décédé après une courte maladie de six semaines. Une semaine après ses funérailles, j’ai repris le café avec des collègues, pour ensuite retourner au travail peu de temps après. Le véritable coup dur n’est venu qu’au bout d’un certain temps, comme c’est souvent le cas dans le deuil. Le travail devenait de plus en plus difficile. Petit à petit, je suis passé du travail à temps plein au travail moins, puis au travail à domicile. Jusqu’à ce que ça ne marche plus non plus. Sept ans plus tard, j’ai perdu ma fille après une courte maladie. Je travaillais alors pour moi-même, pas pour un patron comme lorsque mon mari est mort. J’ai pu prendre le temps dont j’avais besoin pour faire mon deuil et je n’ai pas eu à le faire en consultation avec un employeur. C’était bien.

Parce que j’ai perdu mon mari et ma fille en peu de temps, j’ai réalisé à quel point il était bizarre que le congé de deuil n’existe pas. Il y a de si beaux arrangements dans d’autres situations. Par exemple, une mère bénéficie de seize semaines de congé à la naissance d’un enfant. Un certain nombre de grandes organisations proposent désormais également des congés de transition, des congés payés lors d’une opération de conversion sexuelle. Je pense que c’est formidable qu’il existe, mais comment est-il possible que quelque chose comme le congé de deuil légal n’existe pas encore ? Ce n’est pas vrai.

Pétition

Le 23 novembre 2021, j’ai donc remis ma pétition, forte de 84 455 signatures, à plusieurs membres de la commission des affaires sociales et de l’emploi. Dans cette lettre, j’ai demandé à la Chambre des Représentants un régime de congé de décès en cas de décès au sein de la famille. Deux jours plus tard, j’ai été autorisé à raconter mon histoire aux membres de la Chambre des représentants. Avec d’autres veuves, nous avons parlé de nos expériences de deuil. Les membres de la Chambre des représentants se sont également entretenus avec des experts en deuil ainsi qu’avec des organisations d’employeurs et de salariés au sujet du congé de décès. C’était bien que cela se soit produit si rapidement. Je me suis senti entendu et cela m’a donné de l’espoir. Puis c’est devenu calme. En fait, j’attends toujours. C’est dommage, j’aurais aimé voir une action plus tôt. Heureusement, j’entends dire que les partis politiques y travaillent en coulisses. Par exemple, le SGP travaille sur une loi d’initiative sur le congé de décès et a inclus le congé de décès dans son programme électoral, tout comme GroenLinks, PvdD et PvdA. C’est une victoire. Je constate aussi que le tabou autour du deuil se brise petit à petit. Les gens osent en parler, ce qui en fait un thème de plus en plus important dans la société.

Deux semaines, c’est trop court

La CNV réclame désormais un congé de deuil de deux semaines. Cela ne suffit pas s’il y a un décès au sein de la famille. Cela crée l’attente parmi les employeurs que tout le monde aura fini de faire son deuil après deux semaines. Je préférerais que le congé de décès en cas de décès au sein de la famille soit le même que le congé de naissance du conjoint. Les partenaires bénéficient d’un certain nombre de jours de congé qu’ils peuvent prendre selon leurs besoins au cours d’une année. Ils peuvent décider eux-mêmes quand ils ont besoin de jours de congé. Ce système est idéal en cas de deuil. Vous ne savez pas à l’avance quand vous aurez besoin d’un jour de congé. Cela diffère également d’une personne à l’autre. L’un d’eux dit : s’il vous plaît, laissez-moi vite me remettre au travail, les murs se referment sur moi à la maison. L’autre personne peut avoir besoin de quelques semaines pour remettre la famille sur les rails si quelqu’un a disparu.

Il est important que les employeurs comprennent que le congé de décès ne consiste pas seulement à gérer les émotions. Un employé en deuil ne doit pas seulement faire face à un sentiment de tristesse, mais il y a bien plus encore lorsqu’un membre de la famille décède. Il ne s’agit pas de s’occuper d’une certaine administration, d’être triste pendant quelques semaines puis de regarder à nouveau l’avenir avec optimisme. C’est une assiette de moins sur la table chaque jour, c’est un lit vide, c’est une famille désordonnée. Lorsqu’un conjoint décède, le parent survivant reste seul. Emmener les enfants à l’école et dans les clubs de sport, s’occuper d’eux lorsqu’ils sont malades, prendre des décisions importantes : tout retombe soudain sur un seul parent. Tout comme l’ensemble de la situation financière. Les veuves et les veufs se retrouvent souvent confrontés à des problèmes financiers, mais aussi à des burn-out. Tout cela peut être évité grâce à un bon système de congés. C’est l’heure. »



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